DIJON (21)
Pavillon Benigne Serre
(voir la page consacré à l'hôtel Chartraire de Montigny)
(voir la page consacré à l'hôtel du Commandant Militaire)
(voir la page d'accueil de Dijon)
Faisant de nos jours partis d'un ensemble comprenant l'hôtel du Commandant Militaire et l'hôtel Chartraire de Montigny, ce petit pavillon vit le jour au alentour de 1541. Edifié pour le président à la chambre des comptes Bénigne Serre (1485-1552) sur une partie du terrain acheté par ça sœur en 1534, ce petit bâtiment occupe la partie orientale de l'hôtel qui s'étendait à l'origine de la rue Vannerie à la rue du Lycée. Issu de la petite bourgeoisie marchande et fils du grainetier au grenier à sel de Dijon, André Serre, Bénigne fit une rapide progression sociale et accompagna François Ier en Italie lors de la campagne de 1517. Il découvrit là-bas les beautés de la Renaissance Italienne et fit construire à son retour un magnifique hôtel particulier dont ne subsiste malheureusement que ce pavillon. Comptant parmi les tout premier témoignage de la Renaissance Italienne à Dijon ce monument à portique passa à son fils Bénigne qui du le conserver jusqu'à ça mort survenue dans la deuxième moitié du XVIeme siècle.
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Benigne Serre et ces fils
Vers 1525
Polyptique de l'église d'Esbarres
Musée d'Art Sacrée, Dijon
Au décès de ce dernier, l'hôtel fut vraisemblablement racheté par Philippe de Villers (1545-1622) puisqu’il est avéré que celui-ci fut l'hôte de François de Sales et de la baronne de Chantal. La rencontre de ces derniers dans le pavillon Bénigne Serre en 1604 fut à l'origine de la création de l'ordre de la Visitation. Ayant fait une brillante carrière d'avocat au parlement, Philippe finit comme doyen et fut considérer par ces contemporains comme un très grand lettré. Recevant dans ça demeure une bonne partie de l'élite locale et de l'aristocratie, il transmit ce goût du savoir à son fils Pierre de Villers qui mourut à son tour doyen au parlement en 1650. Marié en 1603 avec Jeanne Chisseret ce dernier légua l'ensemble des bâtiments à son fils Philippe II de Villers. Obtenant la charge de conseiller au parlement en 1630, ce dernier souhaita acquérir de nouveau bien et acheta l'hôtel du Commandant Militaire en 1666. Transmettant la charge et l'ensemble des bâtiments à son fils Lazare de Villers, il s’éteignit vers 1670. Devenue propriétaire d'un important domaine immobilier Lazare mourut à son tour en 1685 en ne laissant qu'une fille Jeanne de Villers (x1727) à qui il transmit l'hôtel de la rue Vannerie et le pavillon. Passé aux mains de son époux, Henri-François de Fourcy (x1713), le pavillon devint indissociable de l'hôtel du Commandant Militaire. Vendu à Jean III Baillet en 1699, l'ensemble fut loué quelque décennie plus tard aux Commandants Militaire de la ville de Dijon. Au nombre de deux, ceux-ci se contentèrent d'occuper les lieux sans y faire aucun travaux. Tout cela changea radicalement lorsque les terrains furent achetés par la famille Chartraire de Montigny qui y entrepris des modifications importantes et coûteuses. Leur soif de prestige épargna fort heureusement le petit pavillon qui resta dans l'état jusqu’à la fin du XIXeme siècle. Acheté en 1792 par la famille Ranfer de Bretenières, ceux-ci occupèrent l'hôtel et le pavillon jusqu’à la fin du XIXeme siècle.
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L'abbé Christian de Bretenières
Photographie Sépia
Fin du XIXeme siècle
Christian de Bretenières dernier représentant de la famille profita de la fortune paternelle pour racheter en 1882, l'ancien hôtel Chartraire de Montigny. Rassemblant l'ensemble des bâtiments il y installa son école Saint-François-de-Sale et devint l'abbé de celle-ci. Effectuant de nombreux travaux il fit transformer l'ancien pavillon Bénigne Serre en une chapelle de style néo-Renaissance construite par Charles Suisse entre 1890 et 1892. Habillant les flancs et le chevet d'une structure d'inspiration Renaissance, il diminua la profondeur du portique en y installant une façade en bois munie de vitraux. A l’intérieur, il dota la chapelle d'une voûte en carène de bateau renversé et fit réaliser un ensemble de vitraux. Occupant ces lieux jusqu'en 1969, l'école déménagea et laissa la place au ministère de la culture qui y installa la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) en 1976. L'ensemble fut ensuite restauré entre 1980 et 2002.
Dernier témoin de l'hôtel qu'avait fait construire Bénigne Serre vers 1541, le petit pavillon Renaissance qui s'élève dans l'arrière cour de l'hôtel du Commandant Militaire précède de nos jours une chapelle néo-Renaissance construite par Charles Suisse en 1890. Formant le narthex de cette chapelle, ce petit portique se compose de trois arcades cintrées et surbaissées. Le tout est soutenu par des pieds-droits à pilastres cannelés. Afin de compléter ce programme décoratif, les écoinçons furent pourvus de médaillons représentant des sujets mythologiques tel que Arion chevauchant un dauphin, Pégase en plein vol ou la lutte d'Hercule et d'Antée. Ces médaillons, assez semblable à ceux réalisé pour la façade de l'église Saint-Michel et pour la chapelle Poillot à Autun, furent certainement réalisés par un sculpteur ayant participé au chantier de Saint-Michel. Les points de comparaison avec cette église ne s’arrêtent pas la, puisque Bénigne Serre utilisa lui aussi la superposition des ordres doriques et ioniques pour son petit portique. Passionné par les maîtres de la Renaissance et par l'antiquité, il du certainement avoir sous les yeux des gravures de Jean Duvet, de Marc-Antoine Raimondi et de Galeazzo Moderno pour l'aider à choisir les sujets mythologiques qui décorerait son portique. Au langage savant qu'utilisa Bénigne Serre, pour concevoir la le portique de son pavillon, le sculpteur ajouta des petits monogrammes enchâssés au niveau des arcades. A l'aspect décoratif produit par ces initiales et par les boutons de rose il faut ajouter la volonté pour le propriétaire de se faire connaître et de passer à la postérité. Abandonnant ce programme iconographique complexe, le maître d’œuvre choisit pour le premier étage de simples fenêtres à meneaux croisés et des pilastres cannelés à chapiteaux ioniques. Ce besoin de supprimer la plupart des éléments sculptés, à un niveau ou l’œil ne perçoit plus correctement tous les détails, est caractéristique de cette époque charnière qui voyait ce diffuser les nouvelles théories sur l'architecture de Sebastiano Serlio (1475-1554).
Renouant avec la sculpture au niveau de la lucarne, le tailleur de pierre plaça sur celle-ci un blason aux armes de France. A celui-ci il accola deux salamandres fort endommagées, des pilastres à chapiteaux corinthiens, des pots à feu et un fronton triangulaire. L’emploie des fleurs de lys à cet endroit est assez énigmatique. S'agit-il de la part de Bénigne Serre, d'un geste d’allégeance à la couronne de France récemment installé en Bourgogne ou est-ce un travail de restauration conçu par un artiste ne connaissant pas les armoiries de la famille Serre (à savoir : "d'azur à la bande d'or chargée de trois annelets de gueule"). Lorsque l'on regarde la devise "BiEN REGNERES" placé à la base de la lucarne on ne peut s’empêcher de penser que les armoiries royales non pas leurs places ici. En effet cette devise n'est autre que l'anagramme de Bénigne Serre. De nombreuse interrogation subsiste également au sujet de la toiture et de la tourelle d'escalier. Sont-elles d'époque Renaissance on remontent-elle à une période plus ancienne. En effet l'emploie de tuiles polychromes vernissées formant des motifs en zigzag de couleur ocre, rouge et noir aurait parut mieux adapté sur un bâtiment de style flamboyant. La même constatation peut-être faite pour la tourelle d'escalier de plan octogonal placée dans l'angle droit. Ces petites ouvertures, ça toiture à forte pente et son épi de faîtière en plomb orné d'un drapeau fleurdelisé aurait semblé plus en adéquation avec un monument du milieu du XVeme siècle. Ce mélange des styles est encore accentuer par les deux pot au feu Renaissance qui orne le sommet des pignons. Une analyse dendrochronologique des poutres de la toiture permettrait de savoir une bonne fois pour toute si le portique de Bénigne Serre est venue s'adapter sur un bâtiment plus ancien.
D'autre part, les travaux de restauration (même s’ils ont sauvé le pavillon d'une ruine certaine), on certainement contribué à effacer des éléments qui aurait pu nous permettre de connaître les différentes étapes de construction du bâtiment. Réalisé par Charles Suisse vers 1890, cet habillage néo-Renaissance recouvrit surtout les flancs et la façade arrière qui devint le chevet de la chapelle Saint-François de Sale. Epargnant le portique, l'architecte se contenta à cet endroit, d'y placer une cloison de bois munie de vitraux bicolores. Dans le renfoncement du mur gauche, il installa également des fonts baptismaux Renaissance décorés de pilastres et d'un blason. Dans la partie basse, on y lit encore gravé dans la pierre un texte latin à la mémoire de Christian de Bretenière (1840-1914). Au niveau de la tour, il ajouta un minuscule avant-corps surmonté par une petite balustrade de pierre. Disposant d'une marche de manœuvre plus importante pour le reste du monument, Charles Suisse commença tout d'abord par percée les flancs d'un ensemble de fenêtres géminées à oculus. Adoptant une disposition identique pour le chevet situé rue du Lycée il solidifia le tout au moyen de petit mur-boutant et décora l'ensemble d'une balustrade orné de pot-au-feu. S'inspirant du travail d'Hugues Sambin pour la porte d'entrée, il dota celle-ci d'un fronton semi-circulaire brisé au centre duquel trône un oculus bouché. En dessous on retrouve des masques grimaçant, un linge tendu portant une tête de lion, des feuilles d'acanthe et des guirlandes.
Continuant à collaborer avec Charles Suisse pour les travaux intérieur, Christian de Bretenière opta ici pour un plan en forme de petite église-halle couverte d'une voûte en bois. Comparable en beauté à celle du palais de Justice, cette voûte en châtaignier adopte la forme d'une carène de bateau renversé. Soutenue par de très longue poutre transversale, elle est décorée au niveau du chœur par une clef pendante et par des pendentifs réunis par des arcs. Assez proche du sol, cette voûte en serait plus éloignée si l'on n’avait pas installé voici quelques années un faux plancher permettant de gagner en chaleur et en place. L'espace intérieur s'en trouve ainsi multiplié par deux. Cette impression de proximité est encore accentuée par la présence à quelque centimètre du sol d'un ensemble verrières réalisées dans le 2eme quart du XXeme siècle par Pauline Peugniez et son mari Jean Hebert-Stevens (1888-1943). Utilisant une palette de couleur assez claire, ils conçurent à l'origine un ensemble de seize verrières dont subsiste de nos jours un peut plus de la moitié. Ayant pour thème les saints et les martyrs Bourguignon, ces grandes figures en pieds n'avaient d'autre but que de magnifier les vies de Christian et de son frère Just de Bretenière mort en martyre en Corée. On y voyait à coté de ceux-ci, les portraits de saint Symphorien, saint Bénigne, saint François de Sales, saint Bernard, sainte Jeanne d'Arc, sainte Reine, sainte Clotilde, sainte Jeanne de Chantal, saint Thyrse, saint Andoche, saint Grégoire, saint Seine et enfin saint Vorles. Le tout était accompagné par un ensemble de colonne lisse à chapiteaux corinthiens.