DIJON (21)
Maison au 16 rue Verrerie
(voir la page d'accueil de Dijon)


Situé dans l'une des rues les plus touristiques de la ville, cette maison à pans de bois repose sur un rez-de-chaussée en pierre. Composé des numéros 16 et 18 de la rue, ce rez-de-chaussée est percé d'un ensemble de trois baies en anse paniers qui donne sur une boutique. Au centre, la porte avec son arc en accolade est surmontée par trois culs-de-lampe en pierre sculptée. Possédant encore ces décorations, celui du milieu est orné d'un vase godronné rempli de fleurs. Sur les deux autres, sont sculptés une feuille de chêne et ce qui ressemble à une grappe de raisin. Aujourd'hui disparu, les statuettes qui les surmontaient, devait probablement représenter la Vierge et l'ange de l'Annonciation. Très en vogue au XVeme siècle, ces petits groupes sculptées ornaient souvent les maisons proches des églises. C'est le cas ici avec Notre-Dame, dont le chevet est visible au bout de la rue. Au-dessus, les deux étages en encorbellement repose sur de grosse console en pierre faisant saillie sur le mur. Les premier et second étages entièrement en pans de bois sont éclairés par un ensemble de fenêtres à double et triples ouvertures. L'ensemble se voit orné par quelque croix de Saint-André qui allège le poids du bâtiment. Au-dessus trône une lucarne à pans coupés, bien petite pour éclairer un aussi vaste grenier. Dans la cave existait autrefois un souterrain qui traversait la rue verrerie. Aujourd'hui bouché par un mur en pierre, il était composé de fut de colonne, de pierres taillées et d'amortissements d'origine fort ancienne.

S'étirant sur plus de quatre siècles l'historique de cette maison débute vers 1580. Cependant, cette demeure relevant plus du style gothique que de la Renaissance, on peut donc légitimement la dater du siècle précèdent. Déjà très peuplé à cette époque, la rue accueillait alors de nombreux artisans et des verriers travaillant pour les églises de la ville, pour le palais et pour l'entourage ducal. On peut donc penser que l'un d'entre eux habitait cette maison et disposait d'une boutique au rez-de-chaussée.
Remontant au milieu du XIIIeme siècle, les premières verrières de la ville sont malheureusement restées anonymes. Au nombre de cinq, elles ornent toujours le transept Nord de l'église Notre-Dame. Au siècle suivant, l'amélioration des techniques de fabrication coïncida avec la fin du règne de la première maison de Bourgogne et avec la constitution des premières archives en l’hôtel ducal. De se faite, on connaît le nom de quelques artistes actifs jusque vers le milieu du XIVeme siècle. La liste donnée ci-dessous montre que ceux-ci était surtout connu par leurs prénoms et quelque fois par leurs villes d'origine :


Noms
Dates
Frodinus le verrier
Haymon le verrier
Jacques le verrier
Estienne Besançon
Estienne de Châlons
Girard le verrier
actif vers 1323
cité en 1323
cité en 1326
connu de 1326 à 1348
cité en 1345
cité en 1357

A la fin de ce même siècle, les règnes de Philippe Ier de Rouvres et surtout de Philippe II le Hardi entre 1362 et 1404 permirent à de nombreux peintres-verriers de s'établir à Dijon ou une multitude de chantiers les attendaient. Ils avaient également fort à faire dans les châteaux disséminés un peut partout dans la région. Originaire de contrées lointaines comme Bar-sur-Aube, Cambrai, Paris voir Maastricht au Pays-Bas, ces artistes travaillèrent surtout à la chartreuse de Champmol et à l'hôtel Ducal. On les retrouve aussi dans les châteaux de Talant, Germolles, Montbard et Rouvres. La liste ci-dessous, permet lorsque cela est possible, de connaître leurs villes d'origines et les chantiers sur lesquelles ils travaillèrent.

Nom
Ville d'origine
Chantiers
Coustain (actif de 1340 à 1356)
Simon Estienne (vers 1340)
Jean Cuissetet (actif de 1369 à 1416)
Jacques le Verrey (actif de 1373 à 1389)

Jehan de Beaume (vers 1375)
Hugues le Voirier (cité en 1382)
Jehan de Thioyz (cité de 1387 à 1389)
Gossuyn (cité en 1387)

Robert le Cuvelier (connu de 1389 à 1400)
Jacques de Thiais (mort en 1389)
Jehannin Cercel (cité en 1391)
Girard de la Chapelle (aprés 1393)



Bar sur Aube

Paris

Maastricht
Bois-le-Duc

Cambrai



(Chapelle de Jugny, chateau de Montbard)
(Chapelle de Jugny)

(Chartreuse de Champmol, hôtel Ducal, chateaux de Rouvres, Talant et Germolles)

(Chartreuse de Champmol)
(Chartreuse de Champmol)
(Chartreuse de Champmol, hôtel Ducal, chateau de Germolles)

(Chartreuse de Champmol)




Blason de la Corporation des Peintres-Verriers
"D'azur à une fleur de lys d'or accompagnée de trois
ecussons d'argent, deux en chef et un en pointe"
(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")

Sous le règne des trois ducs suivant, le nombre de peintre-verriers continua à augmenter. Concentré surtout en la ville de Dijon, ceux-ci travaillèrent à nouveau à la chartreuse de Champmol et à l'hôtel Ducal. Ils furent également appeler à travailler à la Sainte-Chapelle et à la Chambre des Comptes. Recrutée directement par les ducs et profitant de leurs mécénats artistiques, ces peintres-verriers venaient de pays souvent fort éloigner comme l'est de la France, les Flandres, le Nord de l'Italie et même l'actuel Hollande. Bénéficiant de revenu confortable et profitant de la générosité des Bourguignons, ils se firent construire des maisons sur la paroisse Notre-Dame et firent souvent venir d'autres artistes rester au pays. Devenue importante cette petite communauté se mua en une puissante corporation. Par souci de clarté et pour mettre fin à des abus de toute sorte, les statuts de celle-ci furent enregistrées le 6 octobre 1466 en présence des jurés Thiébault Laleure, Anthoine Dubois, Jehan de Neuville, Adam Dumont, Jehan Changenet et Guillaume Spicre. Comportant de nombreux articles, ces statuts prévoyaient entre autre, que le verrier devait réaliser un chef d’œuvre pour devenir maître. Une fois se poste obtenu, il devait verser une importante cotisation à ça jurande et pouvait prendre un apprenti pour l'aider dans son travail. Auparavant, les peintres-verriers pour pouvoir travailler, se contentaient d'un accord oral ou écrit avec les commanditaires de l’œuvre. Tout aussi rapide, mais moins encadrée, ce simple accord à l'amiable permit à de nombreux artistes de se distinguer. En effet, dés 1415, un artiste comme Jehan Rossignol (alias Rossignot ou Rocinot, mort en 1423) est nommé verrier de l’hôtel ducal par Jean Sans Peur. Employé à des travaux de plomberie au château de Rouvres en 1416, il exécute plusieurs verrières à la chartreuse de Champmol en 1421. Alors très actif, Philippe le Hardi lui demande la même année de refaire une verrière située dans l'oratoire de la duchesse à Dijon. A ça mort, de nombreux monuments de la ville n'étant pas encore munis de verrière, le duc Philippe fit venir plusieurs peintre-verriers pour y remédier.

Il fit alors appel à Jeannot et Perrenet de Toul en 1424 puis à Perrin Romain en 1425. Vraisemblablement originaire du Jura ce dernier venait de passer un an à travailler à Poligny en l'hôtel du conseiller Jehan Chousat. Travaillant exclusivement pour les verrières de la Sainte-Chapelle les frères Jeannot et Perrenet de Toul son connu à Dijon jusqu'en 1429. Faisant face à une nouvelle crise de la profession, le duc de Bourgogne fit alors venir de Delft le peintre verrier Thierry Esperlan et se l'attacha jusqu’à ça mort en 1454. Arrivé à Dijon vers 1419, ce dernier travailla à Champmol dés 1421 ou il réalisa une verrière représentant Jean Sans Peur. Demandant souvent des dégrèvements d’impôt pour lui et ça femme, il ne semble pourtant pas avoir manquer d'argent. En effet, compte tenu du nombre de travaux qu'il effectua tout au long de ça carrière et du gage de 60 sous que lui versa Philippe III le Bon pour son poste de verrier à l'hôtel ducale à partir de 1428, on peut se demander si toutes ces suppliques n'était pas un peut exagérer. Présent sur le chantier de Champmol en 1431 et en 1434, il travailla à l'hôtel ducal de 1429 à 1452 et à la chambre des Comptes en 1432. Effectuant quelques travaux au château d'Argilly cette même année, il obtint aussi le contrat d'entretien des verrières de la Sainte-Chapelle de 1432 à ça mort en 1454. Dans un souci de s'attacher des artistes de grande renommé, le duc de Bourgogne fit alors appel à Anthoine Dubois et à Guillaume Spicre, un peintre-verrier hollandais, pour remplacer Thierry Esperlan. Trop importante pour être mentionner ici la vie de Guillaume Spicre et de son fils le peintre Pierre Spicre, dépasse largement le cadre du métier de verrier. On lui préférera celle d'Anthoine Dubois. Mentionné de 1454 à ça mort en 1475, ce dernier est connu pour avoir réaliser le vitrail du Jugement Dernier en la Sainte-Chapelle en 1466 et la verrière du Crucifix en la chapelle des prisons en 1474. Il était également présent lors de la rédaction des statuts de la corporation des peintre-verriers en 1466. Comme on a pu le voir, ces artistes jouissaient tous d'une certaine réputation. Ils nous feraient presque oublier les petits maîtres verriers et les simples artisan qui à n'en pas douter abondait dans la rue Verrerie et dans le quartier Notre-Dame. Afin de ne pas les laisser dans l'oubli, en voici une courte liste :


Noms
Dates
Regnault Cousinet
Jehan Goguet
Anceaul
Colin de Heteru
Jean Blondel
Guiot Boissette
cité de 1416 à 1424
vers 1443
vers 1459
cité en 1466
cité de 1477 à 1479
actif en 1479


Blason de la Corporation des Vitriers
"D'azur à trois losanges d'argent, deux en chef
et un en pointe et une fleur de lys d'or en coeur"

A la mort du dernier duc de Bourgogne en 1477, la situation des maitres-verrier de la ville, comme celle des autres artistes dijonnais aurait put paraître en danger. Les problèmes de succession et les revendications françaises sur la Bourgogne semblaient en effet guère encourageantes pour le monde des arts. Il n'en fut rien et les commandes continuèrent d'affluer de toute part. S’imprégnant alors de la Renaissance qui commençait à se diffuser un peut partout en France, les peintres-verriers dijonnais, dans un souci de s'adapter à cette nouvelle mode, élargir leurs palettes de couleurs, augmentèrent les dimensions de leurs verrières, introduisirent des paysages architecturés à leurs scènes et vers la fin de cette période utilisèrent des grisailles à fond dorées. Principaux chef de fille de cette nouvelle tendances, les peintres-verriers Pierre Changenet (mort vers 1507), Thiébaud La Leurre (mort vers 1517), Jean Ier Dorrain (mort avant 1528), Jean Petit (mort avant 1528), Denis Chaussin (mort en 1531), Jacques Ier Gautheron (connu jusqu'en 1552), Pierre Fleury (mort en 1557), Etienne Ranquet (connu jusqu'en 1576) et Edouard Bredin (mort vers 1598), œuvrèrent dans les principaux monument de la ville. On retrouve les traces de leurs travailles sur les différents établissements religieux de la ville (église Notre-Dame, église Saint-Michel, église Saint-Etienne, église de la Madeleine, chartreuse de Champmol, Sainte-Chapelle, cathédrale Saint-Benigne) sur divers bâtiments publics (hôtel de ville, hôtel Ducal, prisons, logis du Roi, collège Martin, chambre des comptes) et chose nouvelle pour des hôtels particuliers (maison du Miroir, hôtel Chambellan) et des châteaux situées en dehors de la ville (Rouvres, Argilly, Pagny). Ayant fort à faire avec toutes ces commandes, ces peintres-verriers furent aidés par plusieurs petit maître dont vous trouverez la liste un peut plus bas. Ayant passé de mode au début du XVIIeme siècle, le vitrail et le métier qu'il représente fut alors reléguer en second plan, loin derrière la peinture. Les carnets des commandes cessèrent alors d’être remplie, et les verriers durent fonder en 1677 une nouvelle confrérie des Vitriers placée sous le patronage de Saint-Luc pour survivre. N’étant plus que sept verriers à cette date, le parlement s'empressa d'enregistrer leurs requêtes (elle était en suspend depuis bientôt six ans) et leurs donna de nouveaux statuts. L'état de leurs finances ne s'étant pas arrangé pour autant, la corporation se trouva au bord de la banqueroute en 1723. Demandant de nouveau statuts plus souples (accordé en 1730), la confrérie retrouva un certain équilibre et reçu finalement jusqu’à dix-sept nouveaux maîtres vitriers en 1768.

Noms
Dates
Jehan Colinet (de Chimay)
Guillaume Gallois
Pierre Jeudi
Mathieu Jobin
Jean Blondeault dit "Tondeur"
Pierre Bouhot
Louis Girard
vers 1494
vers 1494
juré en 1495
cité en 1503
actif de 1500 à 1531
vers 1531
cité de 1554 à 1564


Blason de la famille Bourrelier
"D'azur, à la fasce d'or,
accompagnée de trois trèfles d'argent"

La raréfaction de la demande en vitraux, que connu la profession à la fin du XVIeme siècle, eu des conséquences souvent désastreuses pour les petits verriers qui durent dans le meilleur des cas s'adapter à la demande ou se recycler. Les moins chanceux furent quant à eux contraint de se mettre en faillite et abandonnèrent une partie ou la totalité de leurs biens. Profitant de cette situation, des spéculateurs de toute sorte achetèrent boutique et maison pour une bouchée de pain. Assez fréquente, ces transactions immobilières durent probablement toucher la rue Verrerie qui comptait alors de nombreux artisans. De cette situation profita peut-être Jean Bourlier 1 (mort après 1589) lorsqu'il racheta cette maison vers 1580. Déjà propriétaire d'une maison sur la paroisse Saint-Michel, il acheta celle-ci uniquement pour la louer et qu'elle lui rapporte de l'argent. Il ajoutait ainsi à son traitement de receveur général des finances 2 une rentrer d'argent nécessaire à l'entretien de ça femme Guillemette Joly 3 et de ces enfants. Bien pourvues, ceux-ci firent de belles carrières et de beaux mariages. L’aîné, Benigne 4 (mort après 1600) devint maître ordinaire en chambre des comptes en 1571. Marié avec Hélène Maillard, il eut des démêler avec la justice lors de l'affaire La Verne. Emprisonné au château de Dijon en 1594, il fut contraint de quitter la ville l'année suivant et se réfugia à Saint-Jean-de-Losne. Vivant dans la maison paternel, située paroisse Saint-Michel, il laissa à ça sœur Nicole la jouissance de la maison située rue Verrerie. N'habitant probablement pas cette demeure, celle-ci l'apporta en dot à Pierre Fourneret, seigneur d'Athée, lorsqu'elle se maria avec lui en 1588. Descendant d'une famille établie dans la Bresse depuis 1454, Pierre Fourneret occupa le poste de receveur général du taillon de 1587 à 1603 puis fut nommé vicomte-mayeur en 1618. Mort l'année suivante, il laissa ça charge et ces domaines (y compris la maison de la rue Verrerie) à son fils Pierre qui exerça ces fonctions de 1609 à ça mort en 1639. A son tour celui-ci laissa ces domaines à son fils Pierre IV Fourneret qui devint seigneur de Masse et receveur général des Etats de Bourgogne. Marié en 1622 avec Jeanne Joly, il avait eu de celle-ci plusieurs enfants dont Pierre V Fourneret qui fut avocat au Parlement de Bourgogne 5 et Antoine qui hérita de cette maison. Pourvu le 19 juin 1654 de l'office de contrôleur en la chancellerie, ce dernier résigna ça charge en août 1674. Il est curieux de constaté, concernant l'achat de cet office, qu'il vendit le 18 septembre 1654 la maison de la rue Verrerie au marchand Nicolas Fauchier pour 4150 livres. Il faut donc croire que l'achat de cet office avait du grever son budget d'une façon importante pour qu'il se débarrasse de cette vieille demeure seulement trois mois après l'obtention de son poste de contrôleur.


Blason de la famille Fourneret
"D'azur, à une croix d'argent, bordée de sable,
accompagnée de trois grappes de raisin d'or,
posées deux en chef et une en pointe"

Avec l'arriver du marchand Nicolas Fauchier, cette maison renoua avec son passé artisanal et fut certainement transformée pour accueillir ça boutique et son atelier. Si l'on ignore tout de son activité, on sait en revanche qu'il habita ici avec ça femme et ces enfants. Vivant très mal de son activité, il contracta plusieurs dette et fut contraint d’hypothéquer ça maison. Sa situation ne s'étant pas arranger, il eut recourt à une créancière qui lui prêta souvent de l'argent. A cette situation financière déjà désastreuse s'accompagna bientôt une santé chancelante qui l’empêcha de travailler. Peut après, le manque d'hygiène et le chauffage insuffisant eurent raison de lui et il mourut durant l'été 1679. Obligé de quitter les lieux, ça veuve quitta Dijon avec ces enfants et quelques meubles. Peut après la maison passa à Catherine Malpoy (mort après 1707), créancière principale du défunt Nicolas Fauchier. Ayant engagé une instance devant le notaire Joly elle obtint la maison le 27 septembre 1679 pour la somme de 4 500 livres. Préférant vivre en son fief de Beire-le-Chatel, Catherine renouvela le procédé employé auparavant par les Fourneret et loua cette petite demeure à des artisans locaux. Issu de la noblesse de robe, elle était la fille d'Etienne Malpoy avocat au parlement. Ca mère née Marguerite Joly était la sœur du notaire Joly 6 qui s'occupa du dossier de la maison. Ne s’arrêtant pas la, ces interconnections familiale montre que ça tante née Jeanne Joly, était marié avec le même Pierre Fourneret que nous avons vue plus haut. Ainsi cette demeure qui en l'apparence passait de mains en mains, conservait en fait certain lien au travers des familles Fourneret, Joly et Malpoy. Poursuivant cette politique matrimonial, Etienne Malpoy choisit pour ça fille un mari issu de la petite noblesse locale et lui fit épouser Georges Malfin 7 le 20 août 1662 en l'église Notre-Dame. Partageant leurs temps entre leur domaine de Beire et la maison familiale de la rue de la Chouette 8, ils se résolurent finalement à vendre cette bâtisse en septembre 1697.


Blason de la famille Malpoy
"D'azur, à un chevron d'or,
accompagné en chef de deux étoiles de même
et en pointe d'une tige de pois aussy d'or"

Acheté 4400 livres par le sculpteur Jean Bodie (ou Baudricq), la demeure subit alors quelque rafraichissement necessaire à l'implantation d'un atelier. Installé à ces débuts dans la boutique de son père le menuisier Julien Bodie, il ne semble plus y vivre lorsqu'il se marie avec Marie Degoix, une fille de marchand en 1687. Malgrés les 24 livres de taille qu'il paye en 1697, il ne réussi jamais à se faire connaitre et resta dans l'ombre des Attiret, Masson et autre Dubois. Resté anonyme ça production devait alimenter la fabrique de Notre-Dame et les divers ordres religieux qui fleurissaient alors en ville. Actif jusqu'au début du XVIIIeme siècle, on ne conserve de lui qu'un trumeau en bois sculpté, deux anges en platres, un fleuron et une couronne ducale d'ou emerge une mitre d'evêque. Bien maigres pour appréhender l'oeuvre d'un artiste, ces fraguements furent retrouvées dans le grenier de la maison vers 1900.
Ces informations, trés lacunaire, nous empeche de connaitre d'avantage la vie et l'oeuvre de Julien Bodie. Il en va pas de même du menuisier Gabriel Camuset qui lui succeda dans cette maison à partir des années 1750-1760. Ca vie fort bien documenté le fait naitre en 1701 dans une famille d'artiste. Sans liens de parentés apparentes avec Pierre-Joseph et Jean Camuset (menuisiers à Maynal dans le Jura), il est plus certainement le fils ou le petit-fils du maitre-menuisier Dijonnais J.Camuset
9. Son oeuvre en grande parti perdue, se concentrait au château de Montmuzard pour lequel il travailla en 1765. On y voyait alors, du temps de la splendeur de Claude-Philibert Fyot de la Marche, de magnifique salons et des salles de reception ornées de boiseries, de meubles et de sculptures réalisé par les plus grands artistes de l'époque. La fortune de Camuset, constituée en grande partie grace au mecenat artistique des grands parlementaires Dijonnais, lui permie d'acheter plusieurs maisons en ville ainsi que des terres et une maison de campagne.


L'inventaire de ces biens montre qu'il avait une maison à Varange (21), quatre maisons dans Dijon (rue Musette, rue du Verbois et deux dans la rue Verrerie), des terres au finage de Rouars (loué à Claudine Guillemain) et des terres dans la seigneurie de Marlien. Outre ce patrimoine immobilier, il était également en possession de bétail et passa 11 baux à cheptel pour la seule année 1760. L'ensemble de ces biens et les revenues qui s'y ajoutaient le classe parmi les artisans aisés de la cité. Cette fortune est bien visible lorsque l'on regarde les registres de taille pour la période comprise entre 1750 et 1790. On s'aperçoit en effet qu'il paye déjà plus de 30 livres en 1760 et que son imposition s'élève à 42 livres en 1784, année de ça mort. Suivant la voie d'un Berbisey ou d'un Bouhier, il consacra ça vie durant, une partie de ça fortune à des œuvres caritatives. Touché très tôt par la misère du peuple, il rédigea des 1751 un contrat de rente pour les pauvres de la paroisse Saint-Pierre sur laquelle il devait habiter à cette époque. Ca générosité ne s’arrêtant pas la, il fit don en 1776 de ces quatre maisons dijonnaises à l’hôpital général de la Charité et du Saint-Esprit. D'une valeur de 15 450 livres, ce don permit la fondation de dix lits réservés aux veuves d'artisans et aux pauvres menuisiers et tourneurs. Au total, la valeur du legs accordée à l’hôpital dépassa les 45 000 livres. A ces dons en espèces s'ajoutait une charité d'esprit qui le mit dans un certain embarras lorsqu'il employa en 1774, le menuisier René Pattier dans ça boutique de la rue Verrerie. Sans lettre de maîtrise et sans argent, celui-ci travaillait comme apprentis chez Camuset. S'attirant les foudres de ça corporation, Camuset fut sommet de s'en débarrasser et dû saisir les outils du pauvre homme. Pas rancunière pour autant, la corporation décida la fondation d'une messe anniversaire peut après ça mort, en remerciement des bienfaits qu'il avait apporté à la ville.


Resté en la possession de l’hôpital une dizaine d'année, la maison de la rue Verrerie fut durant cette période louée à des particuliers moyennant un bail à cens. Souvent dans l'incapacité de payer leurs loyers, ces locataires obligeaient l’hôpital à des poursuites souvent longue et coûteuse. C'est le cas du marchand alsacien Hass, locataire de cette maison en 1780 qui doit la coquette somme de 424 livres à son bailleur. A ces difficultés s'ajoutaient les travaux de réparations du patrimoine immobilier. Tout aussi onéreux, ceux-ci grevaient considérablement le budget de l’hôpital. Bien que rentable ce patrimoine était donc trop lourd à gérer. L’hôpital décida alors la vente de celui-ci et se débarrassa de trente six immeubles entre 1745 et 1785. C'est ce qui advint de cette maison, cédé pour 9150 livres à Lazare Coutier en 1785. Assez importante à payer pour un marchand fripier comme Coutier, cette somme avait plus que doublé en un siècle. On peut se demander d’ailleurs comment un simple marchand comme lui fit pour investir une telle somme d'argent. Ayant eu un fils né durant la période révolutionnaire, il fit en sorte que celui-ci hérite de la maison et de tous ces biens à ça mort. Prénommé Charles ce fils se maria avec Marie Josselin. Résidant à Verpillières-sur-Ource dans l'Aube ou il faisait parti du conseil d'arrondissement, ceux-ci finirent par se débarrasser de la maison en 1847 en la vendant pour 12 500 francs à François Favotte qui la louait déjà depuis quelques années. Investie depuis quelque temps par les fripiers, ce pâté de maison avait vu vers la même époque les dénommés Morel et Burgiard s'y installer. N'habitant qu'une partie de la maison et louant la boutique à l’ébéniste Nicolas Trissler et au marchand de nouveauté Maurice Estien ; Favotte, qui semble vivre de ces rentes, partage l'étage avec les veuves Gros et Remond en 1861. Gardant un œil sur la demeure jusqu'à ça fin, Favotte la loua tout au long de ça vie et s'éteignit dans celle-ci en 1887.


S'y succède en tant que locataire, l'épicier grenetier Duroch (1816-1889) et le marchand de meuble Bonvalet pour l'année 1866. En 1869 on y retrouve à nouveau Duroch accompagné de l'ouvrier tailleur Pitois. Quelque année plus tard le même Duroch 10 semble être devenue marchand de meuble, il partage alors la boutique avec le fripier Gaitet. Jointe au numéro 18, la boutique est en 1876 partagé par le doreur Palland, le matelassier Baudrey, le marchand de vin Meyer (originaire de Besançon) et le marchand de vinaigre originaire de Vitry le François, Adolphe Polack (1840-1893). Une partie de la maison semble alors être la propriété de Jean-Baptiste Chauvin. Durant la période comprise entre 1880 et 1886, l'étage est loué à l’avoué au tribunal Charles Damet 11 et à ça famille. Au rez-de-chaussée travail tout d'abord des ouvrières puis en 1886 s'y installe le chapelier Bassière et l'employé des postes Pidancet. Le 18, toujours jumelée au numéro précèdent appartient à Marie Dufouère. Elle y loge le représentant de commerce Briand et le ferblantier Verreaux. A la mort de François Favotte en 1887, ça veuve née Jeanne Mijonner tente de joindre les deux bouts en louant presque la totalité de la maison à deux sœurs marchande de meuble, Elisabeth et Jeanne Heliot. Elle loue également une petite boutique à l'épicière Anne Billotte. Après le décès de la veuve Favotte en 1891, les sœurs Heliot continuèrent leurs activités et finirent l'année suivante par acheter aux enchères la totalité de la demeure. Agrandissant leur magasin de meuble, elles y ajoutèrent au tournant du XXeme siècle une brocante. Connaissant dés hauts et dés bas en cette époque troublée, elles durent s'associer avec Ernestine Javouchey vers 1921 pour s'en sortir.

Au salaire qu'apportait la vente de meuble s'ajouta dés 1896, les loyers perçus pour la location d'une partie de la boutique. Le recensement pour l'année 1896 nous apprend qu'elles cohabitaient alors avec la lingère Lucie Alexandre et l'épicière Billotte déjà rencontrée plus haut. En 1906 c'est le tailleur de pierre Jules Muneret 12 et le peintre Ernest Bernard 13 qui prirent leurs places. Ils furent remplacés vers 1911 par le charpentier Porcheret et le ferblantier Hépeau. Toujours installé dans les lieux en 1921, ce dernier était à cette époque le seul locataire à partager la demeure avec les sœurs Heliot. Deux ans plus tard, celles-ci ayant disparues, la maison fut une nouvelle fois mise en vente. Elle trouva un nouvel acquéreur en la personne de Catherine Hutinel 14 et de son fils Julien (1876-1959). Partageant dans un premier temps leur demeure avec le zingueur Hépeau (rencontrer plus haut), ils louèrent par la suite une partie de la maison pour survivre. S'y côtoient alors l'imprimeur Cochet, le clerc de notaire Villereau, le droguiste Rounat, le bijoutier Lebeau et l'horloger Pansiot. Conservant la maison jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, Julien Hutinel ne connu pas la mobilisation du fait de son âge, mais du faire face à l'occupation allemande et à la Feldkommandantur 669 installé de 1942 à 1944, dans le tout proche hôtel Saint-Seine. Après ça mort en 1959, la demeure qui en avait bien de besoin subit une restauration méticuleuse. Une fois les travaux terminés divers marchands et artisans s'y installèrent. De nos jours, elle est habitée par un antiquaire et connaît donc depuis plus de trois siècles une activité liée aux meubles et à la restauration de ceux-ci.



1: Originaire de Saulx, son plus lointain ancetre se nommait Jean Bourrelier. Il était controleur des ouvrages du château en 1420. Son frère cadet Guillaume (mort vers 1466), fut maitre des requettes du duc Philippe le Bon et procureur general au parlement de Bourgogne en 1434. Il est inhumé en la cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône.
2: Egalement conseiller secretaire du roi, il obtint se poste en 1573 et resigna ça charge en 1579.
3: D'aprés Eugene Fyot (Dijon, son passé évoqué par ses rues), il semble egalement s'etre marié avec Jeanne Pérard.
4: Le cadet, prenommé Claude fut correteur à la chambre des comptes de 1572 à 1578. Sa soeur Marguerite epousa en première noce Eustache Lesecq, Seigneur de la Monnoye puis Jean Fleutelot, conseiller-maitre à la chambre des Comptes.
5: Il était également commis au controle de la marine en Bourgogne.
6: Barthelemy Joly (1609- ) Avocat Général en la Chambre des Comptes ou son frère jean Joly, Maître à la Chambre des Comptes.
7: Essentiellement implanté dans l'Yonne, les Malfin compte dans leurs rangs un avocat au parlement, deux clerc au greffe de la cour, un procureur en la chambre des comptes et un concierge en cette même chambre.
8: Il s'agit de l'ancienne maison Durupt acquis par son père quelques années auparavant. Catherine en fut a son tour proprietaire de 1688 à 1707.
9: Celui-ci signe en 1718 une délibération corporative sur le droit d'apprentissage du metier de menuisier.

10: Menuisier de père en fils, celui-ci etait le fils d'Isidore Duroch, mort à Melun en 1838
11: Egalement propriétaire du no35 de la rue Verrerie.
12: D'origine Espagnol, il est au chômage au moment du recencement
13:Travail pour la socièté Parcherot
14: Mariée avec le forgeron Felix Simon Hutinel, elle avait pour nom de jeune fille Louise Catherine Adrienne Blanchot.