DIJON (21)
Maison au 59 rue Vannerie
(voir la page d'accueil de Dijon)


Ici, pas de luxe tapageur, ni de façade richement ornée, juste une petite maison à pans de bois de la fin du XVIeme siècle. On est loin en effet des belles demeures que se firent construire dans la rue, les familles Serre (vers 1541) et Le Compasseur (vers 1575). On est beaucoup plus proche en revanche de l'ensemble conservé de la rue Verrerie ou de l’îlot de vieille bâtisse encore visible dans la rue de l'Amiral-Roussin. Seul maison de ce type encore en état dans la rue Vannerie, cette honorable demeure nous ramène aux origines de la rue et au métier de vannier qui lui donna son nom. Connue à l'origine sous le nom de rue des Channets ou Channnex, cette rue était fréquentée par les vanniers dés le début du XVeme siècle. Patronner par Saint-Antoine, cette corporation travaillait beaucoup pour les vendangeurs, les boulangers, les charbonniers et les bouchers (ceux-ci avaient d'ailleurs le même saint patron). Travaillant l'osier récolté dans la campagne et vendu sur la place Saint-Michel et au coin des cinq rues, le vannier fabriquait toutes sortes de corbeille, de hottes et de panier. Il était également amené à faire des chaises et des cages. On lui confiait aussi la réalisation d'objet moins courant comme les vans, les benetons, les charpaignes et les boutillons. S'installant dans les caves des bouchers au XVIIeme siècle, les vanniers devinrent moins nombreux au XVIIIeme siècle (ils ne sont que 11 en 1713 et le même nombre en 1780) puis devinrent insignifiant au siècle suivant. Une première interdiction faite en 1694, les avaient déjà contraints à acheter leurs osiers uniquement sur la place Saint-Michel et au coin des cinq rues. Leurs corporations fut ensuite réunie en 1731 à celle des sapiniers. Enfin la suppression du système des confréries durant la révolution sonna le glas de cette activité. Ce métier modeste et relativement facile à exercer comptait parmi ces membres des figures comme Huguenin le vannier (vers 1420), Perrenot Odin (vers 1469), Gyot le Vannier (vers 1537), Nicolas Desbarres, Parysot Billotet, Nicolas Jobart, Claude Regnault (vers 1564), Jean et Gilles Popelard (vers 1570) et Jehan Brenost (actif entre 1564 et 1621).

Habitant avec certitude dans cette rue, des artisans comme Nicolas Desbarres, Jean Popelard et Jehan Brenost ne devaient certainement pas être bien riche puisqu'ils payaient un cens au chapitre de la cathédrale Saint-Etienne qui possédait alors de nombreuse maison sur la paroisse Saint-Michel. Le plan de la ville que réalisa Bredin en 1574, montre en effet que la partie basse de la rue Vannerie est composée d'une succession de petite maison, correspondant parfaitement à celles des artisans peut fortunés. Peut sure, le plan de Bredin représente à l'emplacement de notre maison, une seule et unique grande bâtisse s'étendant de la rue du Lycée à la rue Jeannin. Il y a en faite prés d'une dizaine de maisons pour aller d'un bout à l'autre. Plus fiable, le plan conçu par Lauro en 1628 montre à cet endroit un bien plus grand nombre de bâtisse. Le manque de crédibilité des plans de cette époque ne peut malheureusement pas être compenser par les écrits d'Eugène Fyot qui se contente de dire que la demeure était habitée en 1577 par le contrôleur Protot et par l'apothicaire Antoine Gauthier qui devait être le propriétaire. Mentionné dés 1556 dans un registre d'imposition, Antoine Gauthier est peut être un descendant des libraires Adam et Jean Gauthier qui étaient actif en ville vers 1495-1513. Encore soumis à l’impôt en 1560, il occupe aussi le poste de picquier à la milice bourgeoise vers 1567. Cité en tant qu'expert à la chambre des pauvres en 1573, il semble vivre dans cette maison vers la fin de cette décennie. Payé 182 livres pour du vieux vin achetés pour être offert au Sieur Brulard en 1582, son nom est mentionné une dernière fois en 1595 dans le Journal de Gabriel Breunot. Son fils Jean repris l'affaire paternelle et débuta ça carrière vers 1583. Fournissant divers remède lors de la peste qui sévit en 1595-1597, il continua cette activité durant encore prés d'un quart de siècle et mourut en 1622.


Blason de la Corporation des
Vanniers et Sapiniers

"D'argent à un saint Antoine de sable"
(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")

Quasiment inexistante en comparaison avec celle de l'apothicaire Gauthier, la biographie du contrôleur Protot commence et s’arrête l'année ou il habita cette maison. De plus, on ignore s'il travaillait pour le grenier à sel, le bureau des finances ou même les fortifications de la ville ? . Son nom assez commun pouvait s'orthographier très différemment d'un registre à l'autre. Il pouvait fort bien s’écrire Protheau, Proteau ou même Protiaut. On est alors en droit de se demander s'il n'est pas parent avec un Perrin Proteau mentionner en 1444 à Chalon-sur-Saone. Peut être l'est-il aussi avec un certain Benoit Protheau de Fontaines que l'on rencontre prés de Chalon vers 1556. Il est peut être aussi de la famille de Gilbert et Jean Proteau qui furent collecteur des tailles à Villargeoix dans le Morvan vers 1614. Finalement on peut se demander si ce Protot cité par Eugene Fyot dans son ouvrage de référence a réellement existé vue que les seul Protot rencontrer à cette période se trouve dans la région de Seurre. Même si l'on ne peut remettre en cause la crédibilité d'Eugène Fyot, on doit admettre ici que ces recherches s'éloignent fortement de la chronologie fournie dans l'inventaire sommaire du Clergé séculier. En effet lorsque l'on regarde les registres du chapitre de la cathédrale Saint-Etienne, on obtient des noms de propriétaire bien différents pour cette habitation. La situant sur le coté Est de la rue Vannerie et contiguë à celle situé en face de la rue Chaudronnerie 1, ces archives font remonter l'historique de cette bâtisse jusqu'en 1453.

A cette époque y habitait le boulanger Etienne Caillier et ça femme. Reprenant l'affaire paternelle, son fils, ou son petit-fils Ouffroy Caillier devint l'un des boulangers les plus important de la ville et participa à la rédaction des statuts de ça corporation en 1489. Habitant cette maison, il payait un cens de 4 francs, 4 gros au chapitre de Saint-Etienne pour la seule année 1504. Passant de main en main, la maison revint par la suite au vannier Jean Popelard (vers 1570), puis à son fils GIlles dans les années suivantes. Elle ne peut donc pas avoir appartenu, en 1577 à l'apothicaire Antoine Gauthier. Quelque année plus tard, le chapitre de la cathédrale Saint-Etienne loua cette demeure au pâtissier Nicolas de La Monnoye 2. Disposant également d'une boutique au 72 rue du Bourg, ce dernier semble s’être installé ici vers 1645 avec ça femme Catherine Baron et son fils âgé de 4 ans. Jouissant d'une fortune personnelle assez importante, il fit de plus un beau mariage en choisissant la fille du pâtissier Bernard Baron 3. Les revenues important que lui assurèrent son commerce, lui permirent ainsi de donner une bonne éducation à son fils. Né dans la boutique de la rue du Bourg le 15 juin 1641, Bernard de la Monnoye présenta dès son plus jeune âge des dispositions pour les études, la littérature et la poésie. Envoyé au collège des Godrans tenue par les Jésuites pour parfaire cette éducation, il s'y distingua en composant des épigrammes en langue latines et françaises. Dijon ne possédant pas d'université à cette époque, il s'en alla donc à Orléans apprendre le droit, la littérature et les langues jusqu’à l'obtention de son diplôme en 1662. Une fois celui-ci obtenue, il revint à Dijon et fut reçu avocat au parlement en novembre de la même année. Ne s’intéressant nullement à son nouveau métier, il s'en détacha très rapidement pour se consacrer à la poésie et à la littérature. Composant dés 1663 une éloge latine pour le mariage d'un ami avocat à Orléans, il du se rendre malgré tout à Paris en 1666 pour assister un procureur sur une affaire.

A son retour, désireux d'en finir une bonne fois pour toute avec son métier d'avocat, il prétexta une maladie pour se dévouer uniquement à la poésie. Il montra alors l'étendu de ces talents et reçu en 1671 le premier prix de poésie de l’Académie française pour son "Duel Aboli" écrit en l'honneur du roi Louis XIV. Son père n'étant pas très satisfait de son mode de vie, il le força en 1672 à acheter une charge de conseiller correcteur à la chambre des comptes pour la somme de 20 000 livres. L'aidant probablement dans l'achat de celle-ci, son père le mettait ainsi à l’abri du besoin en lui procurant un emploie stable et bien rémunéré. Il le garda d’ailleurs jusqu'en 1696 en continuant d’écrire ces poèmes. Se sentant un peut seul, la Monnoye accepta alors de se marier et porta son dévolu sur Claudine Henriot (né en 1652). Après une courte période de fiançailles il l'épousa en juin 1675 avec le consentement de son beau-père qui était officier en la chancellerie du Palais et receveur général des finances de la province. Ayant bénéficié de la dot de celle-ci, il s'installèrent probablement dans une nouvelle maison du centre de Dijon et donnèrent naissance à quatre enfants. L’aîné Pierre devint avocat au parlement à Paris, les autres se consacrèrent à la religion. Ces deux filles prirent le voile et s'installèrent au Bernardine et aux Ursuline de Dijon. Son dernier fils rejoint les cordeliers de Bar-sur-Aube. Déjà combler de bonheur par ça femme et ces enfants, La Monnoye le fut également dans ça carrière littéraire et reçu quatre fois encore le premier prix de poésie de l’Académie française pour "La Gloire des Armes et des Lettres sous Louis XIV" en 1675 ; "L'éducation de Monseigneur le Dauphin" en 1677 ; "Les grandes choses faites par le roi en faveur de la religion" en 1683 et "La gloire acquise par le roi en se condamnant en sa propre cause" en 1685. Continuant d’écrire pour ces amis et pour les événements marquant de l'histoire de France, il reprit vers 1688, l'idée de son ami Aimé Piron de composé des "Noëls Bourguignon" en patois local. Fort à la mode à cette époque ces Noëls était des chants populaires plein de d'humour et d'esprit que l'on entonnait pendant la période de l'avant.

I
Bernard de La Monnoye
Portrait par Devosge, gravé par Duhamel en 1770
Bibliothèque municipale de Dijon

Il en publia tout d'abord treize en 1699, puis revint à la charge avec seize nouveaux "Noël" l'année suivant. Arrivant jusqu’à Paris, ces "Noël" furent très populaire à l'époque et reste encore de nos jours l’œuvre principale de La Monnoye. S'installant dit-on dans la rue Roulotte et du Tillot pour les composés, il revint peut après dans ça maison d'enfance et vécu rue du Bourg jusqu'en 1705. Cédant aux instances de ces amis parisiens, il quitta définitivement Dijon et s'installa tout d'abord chez l'oncle de ça femme à Noyon en 1706. N'y restant qu'une année, il finit par s’établir dans la capitale à partir de 1707. Vendant une partie de ces biens dijonnais, il fit venir ça bibliothèque et s'installa rue du Cherche-Midi avec ça femme et son fils aîné. Elu membre de l’Académie française en 1713, il continua d’écrire et édita avec de nombreuse correction le "Ménagiana" de Gilles Menage (1715). Entrant alors dans un âge avancé, il fut touché de plein fouet par la banqueroute de Law et perdis presque tout en 1720. Afin de s'en sortir, il du céder ça bibliothèque à son voisin Jean-Baptiste Glucq, qui lui en laissa l'usage jusqu'à la fin de ces jours. Dans un élan de générosité, il reçut également, une pension de six cents francs du duc de Villeroi et une autre de même valeur par ces amis libraires qui le remerciaient ainsi pour ces remarques sur les livres d'Adrien Baillet. Les traces laissées par cette catastrophe financière s'étaient à peine estomper, qu'il eut la douleur de perdre ça femme en 1726. Arriver au seuil de ça vie, il continua malgré tout à écrire et mourut à Paris le 15 octobre 1728. Inhumé dans l'église Saint-Sulpice de Paris, il demeure encore de nos jours l'une des grandes figures littéraire bourguignonne du XVIIeme et XVIIIeme siècle. On lui doit entre autre la chanson sur le marquis de la Palisse et une multitude d'air qui n'aurait pas déplu à Georges Brassens.

En voyant les déménagements incessants que fit la Monnoye dés son plus jeune âge, on est pas surpris d'apprendre que cette maison était habitée en 1676 par la veuve Marie de Fontebonne. Précédemment marier au conseiller-maitre à la chambres des comptes Philippe de Coulanges, celle-ci était une proche de la Marquise de Sevigné et reçu de ces mains une rente de 100 livres tournois. Par la suite, la bâtisse passa à Guillaume Perruchot, chanoine de l'église collégiale de Beaune vers 1715. Elle finit à la fin du XVIIIeme siècle dans les mains du Procureur au Parlement Claude Louis Gageot qui l'habitait vers 1770. Marié en 1760 sur la paroisse Saint-Michel avec Elisabeth Soucelier, il semble être le fils du procureur Jacques Gageot et le frère de Claude, commandant du régiment de Bourbon et chevalier de Saint-Louis en 1788.
De cette époque date probablement les quelques retouches effectuées dans la cour intérieure. Visant à moderniser l'escalier de service, celles-ci se concentrèrent sur la rampe à barreaux tournés qui fut remplacé par une rampe en fer forgée. Le reste de l'escalier en bois et la gargouille à tête de lion qui orne la cour furent quant à eux conservés. Celle-ci devait certainement porter la poulie d'un puits Renaissance aujourd'hui disparu. On peut supposer également que l'escalier datait de la même époque puisque l'on a retrouvé dans le mur, les amorces de divers paliers servant à former une galerie. Rester en l'état elle aussi, la façade donnant sur rue se compose d'une partie basse en pierre et de deux étages à pans de bois. Percée de deux baies en anse de panier, le rez-de-chaussée s'ouvre par une petite porte latérale au-dessus de laquelle trône un bel œil-de-bœuf aux angles ornés de fleurs en bouton. Placé en léger ressaut, les étages à pans de bois sont éclairés par plusieurs fenêtres de dimension variable. L'une d'elle porte même les traces d'un arc en accolade. Formant un damier au premier étage et des croix de Saint-André pour les combles, la structure à colombage est caractéristique des petites maisons d'artisan de la fin du moyen-âge et du début de la Renaissance. Le pignon relativement aigu, laisse apparaître une charpente extérieure indépendante, qui soutien les rampants du toit. La relative étroitesse de cette façade est compensée par les divers bâtiments qui parsèment les deux arrières cour de la maison. S'étendant assez profondément, celle-ci est en fait composée de trois bâtisses distinctes, placées en enfilades et réunie par deux petite cours. Bien utile pour loger plusieurs famille d'artisan en même temps, cette disposition se retrouve déjà dans le cadastre Napoléonien dés années 1810. La parcelle qui porte alors le numéro 642 est assez étroite et s'étend assez profondément.




Comme on a pu le voir plus haut, cette maison fut donc occuper essentiellement par des commerçants et des artisans. Si l'on excepte les quelques familles de notables qui l'habitèrent à la fin du XVIIeme et au XVIIIeme siècle, on a surtout affaire à de petite gens qui avait leurs boutiques et leurs maisons au même endroit. Mise en place des le XVIeme siècle, cette configuration resta inchangée au XIXeme siècle et perdura jusqu'au début de la seconde guerre mondiale. Extrêmement précis sur cette période, le recensement des habitants de la ville, nous apprend que la maison était habitée en 1841 par le fabricant de billard et cafetier Claude Thévenard, le militaire en retraite Etienne Legrand (parent de ce dernier) et deux journalières. Encore en vie en 1846, Claude Thévenard partage alors son domicile avec le tailleur Leveaux, le menuisier Briet et le mouleur sur bois Bricard. Loué par le cafetier Meurgey et son fils convoyeur vers 1850, la demeure est alors la propriété de Pierre Remoissenet. Délaissant pour un temps les aubergistes, la maison est habitée vers 1856 par le cordonnier Gagnard et la blanchisseuse Derepas. Ceux-ci loge alors dans les arrière-cours, l'institutrice Claire Tardif, le ministre du culte Juif Marx (originaire d'Alsace) et les familles des peintres en bâtiment Guerre et Mayaux. Habitant encore la maison en 1866, celui-ci cohabite alors avec les serruriers Chollot et Donnard, l'employer d'octroi Boulet, et l'employer des chemins de fer Pierre Dhien. Toujours habité par le serrurier Donnard en 1872, la maison est alors partagée entre le tonnelier Simonnet et les couturières et modistes Bruey, Fosset et Bouchard. Madame Girardot qui est propriétaire à cette époque semble être parente avec le cafetier Thevenard, rencontré un peut plus haut. Le renouvellement rapide des locataires visible dés le début du XIXeme siècle, se poursuit à la fin de celui-ci. On y rencontre alors surtout des blanchisseuses (Arnault et Fevret en 1881, Mery et Bourgogne en 1891) et des cafetiers (une descendante de la famille Thévenard en 1891 et Desiré Jailland en 1896).

Les bâtiments annexes sont partagés entre le maçon Maudot (1881), la couturière Magnien (1886), le charbonnier Briandet (1886), le menuisier Buron et le contrôleur de Tramway Lonier (1896). Le relieur Jean-Baptiste Bijonard qui tient ici son commerce en 1886 semble céder celui-ci à Jeanne Guérard vers 1890. Avec l'arrivé du modernisme au début du XXeme siècle, de nouveaux métiers voit le jour comme celui de mécanicien ajusteur occupé par Louis Bizard de 1906 à 1926. Tenant probablement un petit atelier dans une arrière cour de cette maison, ce dernier partage les lieux avec le cafetier Thevenot et la couturière Martin en 1906. Au début de la décennie suivante, arrive les premiers émigrés italiens (Tiercoli et Daro). Venu chercher du travail en France et faisant toutes sortes de petit métier, ils partagent de minuscules appartements avec le terrassier Jeantet et René Huet, un jeune chimiste préparateur à l'Institut œnologique et agronomique de Dijon. Déménageant tous rapidement, ils laissèrent leurs places au lendemain de la première guerre mondiale, au cafetier originaire de Thann, Eugène von der Emdé, à l'employé au PLM Gevrey, au tapissier Gilbert et à la famille Martin déjà rencontrée en 1906. Présente jusqu'en 1936, cette famille gagna ça vie en faisant les métiers d’électricien, de manœuvre et de couturière. Egalement présent jusqu'en 1926 le cafetier Eugène von der Emdé partage son fond de commerce avec le tanneur Chapuzat, le couvreur Erisey, les menuisiers Pichon et Girard et l’ébéniste Boissard. Devenue ajusteur en 1931 puis fraiseur en 1936, Paul Erisey du certainement quitter les lieux rapidement puisqu'il se trouvait au chômage à cette époque. La crise que rencontrait le pays à cette époque ayant laissée de nombreuse personne sans emploie, il n'est donc pas surprenant de voir les peintres en bâtiment Baget et Guenin être au chômage et vivoter dans cette maison vers 1936. Seul alors, le manœuvrier Jandrelie s'en sort à peut prés et dispose d'un emploie. Cette crise commencée juste après le crash boursier de Wall-Street en 1929, devait déjà se faire ressentir en 1931. Toujours fortement peuplé, la maison hébergeait alors le maçon Maréchal, l’électricien Leger, la gérante Moulay, le tailleur de pierre Vicko et son fils plombier. Continuant d’être surpeuplé jusqu'au début de la seconde guerre mondiale, la maison perdit certainement à cette époque bon nombre de ces occupants sur les champs de batailles. Retrouvant son calme au lendemain de la guerre et pendant les trente glorieuses, la maison continua d’être habiter par des petits artisans. Elle est de nos jours occupée par une agence de voyage.

1 : Il s'agit donc probablement du 59 rue Chaudronnerie, puisque les registres pour cette rue parte du Nord et vont vers la place Saint-Michel. De plus, vue que l'autre maison mitoyenne, est située à l'angle des rues Vannerie et du Lycée, il parait peut pensable que cette precision n'est pas été versé au dossier des titres de la maison.
2 : Probablement parent avec le boucher Jean de La Monnoye qui mourut en 1667 sur la paroisse Notre-Dame.
3 : Possédant une patisserie et une auberge appelé "les trois Dauphins" ce dernier semble avoir ceder ça boutique à son gendre, l'année même du mariage de ça fille en 1640. Cette boutique fut reprise dès 1642 par André Godard.