DIJON (21)
Hôtel Filzjean de Sainte-Colombe
(voir la page d'accueil de Dijon)
Lorsque l'on arpente de nos jours, la partie ouest de la rue Chaudronnerie, nous sommes tenter en voyant la multitude de vieilles bâtisses qui la parsèment, de s’arrêter au niveau de la maison des Cariatides et de faire demi-tour en croyant qu'il n'y a plus aucun monument au-delà. Se serait un tort, car la façade et surtout l'histoire mouvementée de l'hôtel Filzjean valent la peine de pousser nos pas un peut plus loin dans la rue. Situé coté paire, cette maison à trois niveaux s’élève peut avant la rue Vannerie. La façade principale, de style classique est surmontée d'un fronton triangulaire au milieu duquel fut ajouté un œil de bœuf. Encadrée par des chaînes de pierre en bossage, cette façade est éclairée par un ensemble de fenêtre. Différentes à chaque niveau, celles-ci sont au nombre de trois par étages. Légèrement surbaissée et relativement haute au rez-de-chaussée, elles sont en plein cintre avec des impostes et un bandeau de pierre lisse au premier étage. De forme rectangulaire au deuxième étage, elles sont presque de la dimension d'une lucarne. Cet ensemble fort simple, est agrémentée par des grilles en fer forgé et par des guirlandes de pierre sculpté au rez-de-chaussée. Identique, ces grilles sont ornées d'entrelacs et de fleurs stylisées aux pétales largement ouverts. Les deux model de sculptures sont constituées d'une grosse palmettes avec entrelacs et guirlandes de fruit exotique pour l'une et d'une palmette à multiples feuilles, ruban, guirlandes de fleurs et accroche en forme de marguerite pour l'autre.
A cette façade, fut ajoutée un petit pavillon d'angle, assez étroit s'élevant sur deux niveaux. Réemployant une fenêtre en plein cintre avec une grille en fer forgée pour le premier étage, l'architecte perça par contre le rez-de-chaussée d'une grosse porte en bois à double battant. Les combles sont éclairés par une lucarne à fronton triangulaire double s'appuyant sur des volutes a grille. Le tout est orné par de minuscules guirlandes tombantes.
Relevant en partie du style néoclassique, cet hôtel fut construit vers 1757 pour le conseiller au parlement Jean-Charles Filzjean de Sainte-Colombe. Comme bon nombre de construction de cette époque, cette demeure remplaça une maison plus ancienne, devenue vétuste et démodée. Remontant vraisemblablement au XVeme siècle, la construction d'origine, dû être louer par des chaudronniers en son temps. Parallèlement elle du appartenir au chapitre de la Sainte-Chapelle, car celui-ci possédait de nombreux bien immobilier dans les quartiers Notre-Dame et Saint-Michel. Celui-ci, moyennant le versement d'un cens, proposait de petite habitation à des artisans et des marchands de toute sorte. L'inventaire sommaire des archives départemental nous renseigne sur ces travailleurs et sur leurs métiers. Grâce à ces documents, on apprend qu'en 1419 le marchand Jehan Alixant contracta un bail à cens pour une maison situé rue Chaudronnerie en la place des Aulottes. Le plus souvent installé dans de petites habitations, ces artisans étaient regroupés au sein de parcelle encore bien visible sur le plan de Bredin réalisé en 1574. Pour la parcelle qui nous intéresse, on y voit un groupe de maison identique munie d'un étage et donnant sur la rue. A l'arrière, un grand jardin planté d'arbre est commun à l'ensemble des habitations. Sensiblement identique, le plan de Lauro réalisé en 1628, montre des maisons plus longues et un petit passage donnant accès au jardin. Quasiment identique, les maisons sont encore médiévales dans leurs formes.
Les profondes mutations que connue Dijon après l'annexion de la Bourgogne en 1477 et l'importance grandissante qu'eu des lors le parlement de Bourgogne et la chambre des comptes modifièrent durablement la physionomie du centre historique de la ville. Les habitations détenues jusqu'alors par les chapitres de Notre-Dame, de Saint-Etienne et de la Sainte-Chapelle furent achetées par les membres du parlement et par la noblesse de robe. Concernant la rue Chaudronnerie, on voit encore quelques professions manuelles s'y établir, comme celle de marchand de vin tenu par Jacquinot au début du XVIIIeme siècle, ou d'organiste et fripier tenue par Claude Rameau1 en 1716, mais c'est surtout des professions libérales qui s'y installe des la fin du XVIIeme siècle. On y trouve tout d'abord des chirurgiens comme Jean Lardillon (1676-1753) qui possède un cabinet dans la rue en 1716. Né au domicile familial, son fils Denis-Prudent Lardillon (1715-1797) sera Conseiller correcteur à la chambre des comptes de Bourgogne. Concernant le père, on sait qu'il fut capitaine de la milice bourgeoise, qu'il se maria avec Marguerite de Vandenesse et qu'il eu en apprentissage le célèbre corsaire François Thurot en 1743. On voit également, grâce au archives, qu'une maison situé coté sud "proche des halles" était habitée en 1722 par le conseiller au parlement Hugues Guyard, seigneur d'Echerronne, qu'une autre était habitée par le procureur au parlement Claude Charles en 1750. De même, on voit vivre dans cette rue le conseiller aux Requêtes et conseiller au parlement, Antoine Morizot, seigneur de Jancigny en 1716 et l'avocat et président du tribunal criminel Jean-Edme Durande2 en 1751. Assez proches les unes des autres ces familles se rassemblaient volontiers au sein d'une même rue. C'est probablement pour asseoir ça notoriété et pour s'en rapprocher, que les Filzjean de Sainte-Colombe choisir cette maison vers le milieu du XVIIIeme siècle.
Deux théories s'opposent, quant à l'origine de la famille Filzjean. La première, donne à Jean Filzjean, premier membre connu de la maison, une ascendance anglaise. Possédant des terres dans le comté du Somerset, cette lignée aurait porté le nom de Fitzjames avant ça venue en France. Etablie dans le village de Bruton dés la première moitié du XIVeme siècle, cette famille aurait quitté ces terres vers 1380, puis aurait servir le duc de Bourgogne Jean sans Peur dés 1400. Faisant un bref passage en Picardie et en Flandre, elle aurait finalement finit ça course du coté d'Avallon vers 1410. La seconde, plus credible, fait du même Jean Filzjean un fils bâtard du duc Jean sans Peur (1371-1419) et de ça maîtresse Jeanne du Peschin, dame de Giac (né vers 1360 - morte après 1419). Nom reconnu par son père, Jean Filzjean naquit vraisemblablement au tout début du XVeme siècle. Sa mère, d'origine auvergnate, avait un fils d'un premier lit, Pierre II de Giac (1377-1427) qui avait été élevé à la cour ducale. D'une grande beauté et influençant grandement la politique du duc (bon nombre d'historien l'accuse de trahison et la donne pour responsable dans l'assassinat du duc Jean Sans Peur au pont de Montereau), elle du cependant attendre la mort vers 1408, de son époux Louis de Giac, seigneur de Châteaugay, pour prendre le duc de Bourgogne comme amant. Leurs fils, naquit certainement avant cette date. Il fut seigneur de Brécy prés de Vic sous Thil et de Lucy-le-Bois. Mariée vers 1430 à Edmée Gueniot (d'une famille de médecin morvandeau), il semble avoir rédiger son testament le 21 novembre 1420. Installée à Avallon le couple eu trois enfants. Pierre Filzjean qui fut l'aîné repris la seigneurie de Brécy et se maria en 1487, avec Germaine Lardery.
De leur union sont sorties les trois branches principales de la famille. Georges, leurs fils aînés fut seigneur des Grandes Maisons, juge des terres d'Époisses et Cussy-les- Forges en 1518, lieutenant à Avallon du bailli d'Auxois en 1528, élu du Tiers Etat en 1535. Il est à l'origine des branches de Mimande et de Talmay. Pierre, le cadet est à l'origine de la branche de Sainte-Colombe que nous verrons un peut plus bas. A la suite de Georges on retrouve son fils Etienne, qui conserva les terres paternelles et fut lieutenant civil au bailliage d'Avallon en 1562. Il reçoit l'ordre de saisir l'argenterie des églises pour l'armée de Tavannes puis est destitué de sa charge au nom du pseudo-roi Charles X. Marié à trois reprises, il eu des enfants de ça deuxième femme Jeanne Arbaleste et de ça troisième Reine Menetrey. Né de ça deuxième femme, George Filzjean (mort avant 1623) fut seigneur du Saulsoy d'Island, lieutenant au bailliage d'Avallon, capitaine de cette ville en 1572, docteur en droit, échevin quatre fois entre 1582 et 1587. Il était aussi bailli du comté de Noyers en 1583. Réfugie à Montréal en 1584, pendant la Ligue, il fut l'instigateur du départ des officiers du bailliage d'Avallon vers cette ville. Elu du Tiers aux Etats de Bourgogne pour administrer la province en 1590, il est nommé conseiller du Roi en ses Conseils d'Etat, Capitaine des gardes de Monseigneur le Prince. Fidèle serviteur d'Henri IV, il tenta des 1594 de convaincre la ville d'Avallon de le reconnaître en tant que roi. Possédant lui aussi le château et les terres du Saulsoy d'Island3, son frère Etienne Filzjean fut Avocat au Parlement. Il fut le premier membre de la famille à venir s'installer à Dijon. Ses descendants occupèrent tout d'abord le poste de maître à la chambre des comptes de 1625 à 1661, puis furent seigneurs de Marliens et de Mimande. Devenue président en la Chambre des comptes de Dijon, cette branche acquit le château de Velars-sur-Ouche en 1740 et fit édifier au début du XVIIIeme siècle, l'hôtel FIlzjean de Mimande dans la rue de Godrans. Du mariage de Georges Filzjean (mort vers 1623) et de Barbe Humbert, naquit un seul et unique fils, qui fut maire de Donnemarie-en-Brie.
Blason de la famille Filsjean
D'azur au chevron d'or, accompagné de trois étoiles de même,
au chef d'or, chargé de trois croix pattées de gueules
Devise : "AD COELUM CRUX NON SIDERA DUCET"
(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")
Du troisième mariage entre Etienne et Reine Menetrey est sortie la branche des Filzjean de Talmay qui furent Seigneur de Grandmaison, de Préfond, de Presles et enfin de Talmay. Continuant d'exercer à Avallon (deux d'entre eux furent lieutenant criminel et gouverneur de la ville au début du XVIIeme siècle), cette branche des Filsjean quitta ça ville natale pour Dijon dans le premier quart du XVIIeme siècle. D'ici, ils obtinrent des postes de plus en plus prestigieux. Commençant comme Maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Dijon ils furent ensuite Avocat au Parlement (Etienne Filsjean mort en 1670), Conseiller au Parlement de Bourgogne (Etienne et Pierre II Filsjean de Talmay), Commissaire aux Requêtes du Palais, Maître des Comptes à Paris (Pierre Ier Filsjean, 1647-1716) et Vicaire Général du Diocèse de Dijon (André Filsjean, 1678-1747)
Le nom des Filsjean de Talmay est depuis la fin du XVIIeme siècle indissociable du château de Talmay situé sur la route de Gray. Acheté en 1692 par Pierre Ier Filsjean pour la somme de 58 000 livres, la demeure fut rapidement mise au goût du jour. Ajoutant des boiseries, Pierre Ier continua les travaux en surmontant le donjon d'un toit pyramidal à clocheton. A ça mort survenue en 1716, c'est tout d'abord ça veuve, puis c'est au tour de ces fils Etienne et André d’administrer le château et la baronnie jusqu'en 1751. A la mort d'Etienne, c'est son fils Pierre II Filsjean (1714-1791) qui hérite du domaine. Ajoutant tout d'abord des jardins à la Française en 1753, il confie entre 1761 et 1764 les travaux du nouveau corps de logis à l'architecte Claude-Louis d'Aviler et à l'entrepreneur Jean Antoine Caristie. Mort sans enfant, le domaine revint à son neveu né Champion de Nansouty. Le château appartient de nos jours au descendant de la famille Thénard.
C'est avec Nicolas Filsjean de Sainte-Colombe que début l'histoire des seigneurs du même nom. Marié une première fois en 1579 avec Philippine de Montholon (fille de Philippe, Lieutenant général au bailliage de Chalon), Nicolas le sera une deuxième fois en 1582 avec Anne Morin. Commençant ça carrière comme avocat du roi à Chalon ce personnage devint gouverneur de la chancellerie en 1583 et vécu en partie à Dijon pour y exercer ces fonctions. Ces ancêtres sont à la troisième génération, l’écuyer Pierre Filzjean et ça femme Anne Legoux que nous avons vue plus haut. Tout laisse à penser que c'est ça femme, Anne Morin, qui lui apporta la seigneurie de Sainte-Colombe prés de Vitteaux lors de son mariage. Possédant des lors, une moitié du domaine, ces derniers vécurent en partie à Sainte-Colombe et le reste du temps à Dijon. De leurs unions naquit trois fils et trois filles fort bien mariée (aux familles Richard et Bretagne entre autre). Mort au tout début du XVIIeme siècle, Nicolas Filsjean de Sainte-Colombe rédigea son testament en 1603.
Son fils Jacques Filsjean accéda à la charge de conseiller-maitre à la Chambre des Comptes à Dijon en 1627 ; il fut également député en la chambre des élus. Son mariage à Chalon-sur-Saône le 7 juillet 1626 avec Jeanne Galois montre que malgré son installation à Dijon, ça famille avait toujours des biens en Saône-et-Loire. En 1629, à la mort de ça mère, il reprit la moitié du fief de Sainte-Colombe (l'autre moitié continua d'appartenir à Michel du Faur de Pibrac). Peut après, le trésorier général de France, Hilaire-Bernard de Mouhy (mort en 1695) lui vend des domaines à Velars, près de Dijon. La seigneurie étant dépourvue d'un château digne de ce nom, Jacques Filsjean fit construire vers 1640, un grand corps de logis avec deux petits pavillons d'angle à proximité de l'église paroissiale. En 1643 lors d'une seconde reprise de fief, Jacques Filsjean donne dénombrement de son bien. Il est alors seul propriétaire du château et perçoit la moitié des droits seigneuriaux. Il possède également la grange, l'establerie, le pressoir, les vignes, les cours, le jardin et le colombier en pied. Devenue trop âgé, il résigna sa charge en 1660 à la faveur de son fils Claude (mort en 1697), et mourut en 1668.
Se fils n'ayant pas eu d'enfant, le poste de Maitre en la Chambre des Comptes passa à son autre fils Aime-Bernard Filsjean. Un troisième fils, Jacques Filsjean (1654-1715) rentra en religion. Decrochant tout d'abord une licence en droit, il obtint la pretrise en 1687 puis fut chanoine chambrier, député de la Chambre en 1692 et chantre en 1693. Nommé archidiacre du Dijonnais au diocèse de Langres cette même année, il y resta jusqu'en 1715. D'une grande erudition et se consacrant au pauvre il donna en mars 1715 tous ces ornement lithurgique et sacerdoteaux (chasuble, ostensoir etc) à l'hopital Saint-Laurent de Langres. Dans son testament ouvert en 1744, il legait au seminaire de l'eveché de Langres ça bibliothèque et les trois milles livres qu'elle contenait (parmis ceux-ci figurait le Bréviaire du Paraclet, dit d'Abélard.datant du XVeme siècle). Connu egalement sous les prenoms Edme et Amédée, Aimé-Bernard Filsjean fut conseiller du Roy et maître ordinaire en sa Chambre des comptes de Dijon. Peut avant la mort de son père le domaine de Plombières que celui-ci avait aquit quelque années auparavant, fut partagé entre lui, son frère Claude Filsjean et Jean-Christophe Bernard, seigneur de Vaux (cahier parchemin in-4 datant de 1665). Bien des années plus tard Edme-Bernard vendit le mobilier du château de Velogny qu'il avait herité de Claude Drouas, chanoine de Saint-Etienne de Dijon (†1705). Marié le 13 octobre 1681 avec jeanne Sayve, le couple semble avoir surtout vécu à Dijon ou il possèdait une maison paroisse Saint-Michel.
Père de quatre enfants, il transmit ça charge à son fils Jean-Christophe Filsjean de Sainte-Colombe (1683-1752). Reçu Maitre Ordinaire en la chambre des comptes en juillet 1710, se dernier reprit la totalité du fief de Sainte-Colombe à Pierrotte Radegonde du Faur de Pibrac en mai 1734. Marié avec Claire Jacquette Seurot (fille de Jean Seurot, écuyer, seigneur de Curcy),le 19 mars 1716 en la paroisse Saint-Jean, il eu de cette union trois enfants. L'ainé, Jean-Charles sur lequel on reviendra bien plus emplement naquit en 1720 à Dijon. Son frère cadet prenomé Louis-Henry vint au monde en 1727. Ordonné prêtre le 20 mars 1746, il fut chanoine honoraire puis chanoine regulier de la Sainte-Chapelle; Il termina ça carrière en tant que conseiller clerc honoraire au parlement de Bourgogne et supérieur des Carmélites. Il possèdait à Chalon-sur-Saône une maison aquise de son cousin Claude-Henry-Louis Filsjean en 1785. Revendu en janvier 1791 au platrier Jean Christophe Zolla et à ça femme Jeanne Mouton, cette demeure avait été apporter en dot par Marguerite Bacon au moment de son mariage avec Henry-Louis Filsjean (père de Claude-Henry-Louis, lui même neveu de Aimé-Bernard Filsjean de Sainte-Colombe). Il mourrut à Dijon le le 5 mars 1802.
La vie de Jean-Charles Filsjean de Sainte-Colombe (1719-1790) aurait put être sans histoire si des événements comme la "Guerre des Farines" et la Révolution Française n'était pas venue perturber ça vie de haut fonctionnaire dijonnais. Né le 14 mars 1719 au domicile familial en la paroisse Saint-Michel, ce fils de maître des comptes suivit lui-aussi des études de droit. Etudiant vraisemblablement au Collège des Godrans tenu par les pères Jésuites, il du terminer son cycle d'étude à Paris. Très jeune, il fut pourvu d'un office de conseiller laïque, sur la résignation d'Antoine Joly, marquis de Blaisy, par lettre du 21 avril 1741. Contenant une dispense d’âge, cette lettre lui permit d’être reçu conseiller-maitre en la chambre des comptes le 4 mai suivant. Ne cumulant pas les postes, comme le faisait à l'époque bon nombre de ces collègues, il attendit 1771 pour devenir conseiller laïque au Parlement de Bourgogne. Son père étant mort en 1752, il repris en main le fief de Sainte-Colombe et fit construire peut après les communs que l'on peut voir sur le coté gauche du château. C'est également dans la région qu'il rencontra ça femme Elisabeth Sallier puisque celle-ci était la fille de Guy Sallier (mort en 1794) seigneur de La Roche-en-Brenil et conseiller au Grand Conseil. C'est dans ce village du canton de Saulieu situé à une trentaine de kilomètres de Sainte-Colombe qu'ils se marièrent le 27 janvier 1755. S'installant à Dijon le couple fit reconstruire vers 1757, cet hôtel de la rue Chaudronnerie. La demeure était-elle en la possession des Filsjean avant cette date ? Le mystère demeure. Ayant une grande fortune et son mariage lui en ayant apporté une encore plus grande, il se peut qu'il est acheté les lieux, juste pour le plaisir et aussi pour le coté pratique. La rue Chaudronnerie était habitée en effet par de nombreux parlementaire et ça position était relativement centrale. Meublant confortablement ça demeure et ornant la façade dans le style classique, il vécu pour un temps fort heureux avec son épouse et son fils Henry Louis Jean né en 1755. Héritant de son cousin Henry-Louis Filsjean en août 1763 du château de Ponneau (situé sur la commune de Jully-lès-Buxy, 71) et de la seigneurie de la Coudre (village de Saint Germain du Bois, 71) tous deux au bailliage de Chalon, il fut alors à la tête d'une fortune le plaçant au premier rang des notables dijonnais.
Cet argent et ces terres amassées par un seul homme furent l'objet de la convoitise du peuple touché alors par la crise. Jugée assez durement par ces contemporains qui le disait d'une rare avarice et qui faisait de lui un personnage fort impopulaire aussi bien en ces terres de Sainte-Colombe qu'à Dijon au Parlement, Jean-Charles Filsjean fut directement mêlé aux émeutes qui eurent lieu à la suite des spéculations sur le prix du blé. Partis de Paris en avril 1775, cette "guerre des farines" comme se plaise à le dire les historiographes arriva à Dijon vers le 12 avril 1775. Déclenché par les mauvaises récoltes des étés 1773-1774 et par la hausse des prix des grains, ces révoltes se focalisèrent à Dijon sur le meunier Carré qui possédait un moulin sur la rivière d'Ouche et sur le conseiller Filsjean de Sainte-Colombe. Se livrant aux commerces des amidons ce dernier était soupçonné par la populace de trafiquer les farines avec le meunier Carré et de s’enrichir en vendant des produits frelatés. Le peuple excédé par la cherté du pain s'en prit donc tout d'abord au meunier Carré dans l’après-midi du 18 avril 1775. Passant de la rue Bourbon à la place Saint-Michel celui-ci fut poursuivit par plusieurs femme qui le forcèrent à se réfugier chez le procureur Potel dans la rue du Grand-Potet. Bloquant l'entrée de la maison ces dernières accueillir la garde de la maison de ville à coup de pierre. Obligé de se retirer ces derniers furent remplacés par le commandant militaire de la Province, M de La Tour du Pin qui au lieu de calmer la foule, l'excita en proférant des menaces et en donnant des coups de bâton. S'en fut assez pour que la foule brise les vitres et les portes de la maison du procureur et pénètre à l’intérieur en saccageant tout. Fort heureusement pour lui, le meunier Carré réussit à s'enfuir par le toit et échappa ainsi de justesse à la foule en colère. Voyant que la maison était vide, cette populace composée surtout de femme et de voyou se divisa en deux groupes. Le premier s'en alla au domicile du meunier et dévasta absolument tout. Cassant les vitres et les portes du moulin, les émeutiers pénétrèrent à l’intérieur et détruisirent les meubles et un carrosse. Déchirant les draps et les couvertures de la chambre, il laissèrent la vie sauve à la femme du meunier uniquement parse qu'elle avait accouché la veille. Arrivant au grenier il s’emparèrent de la farine et en jetèrent une grande quantité dans la rivière d'Ouche. Le reste fut partagé entre les mutins qui se dispersèrent une fois leurs méfaits commis. Le deuxième groupe se porta devant le domicile de M. Filsjean de Sainte-Colombe dans la rue de la Chaudronnerie. Mis au courant de la situation, ce-dernier se retrancha chez lui en barricadant au maximum portes et fenêtres. Pas en sécurité pour autant, M. Filsjean du se caché sous du fumier, dans un caveau situé dans l'écurie. Ayant réussit à pénétrer dans la maison par un trappon de la cave, les émeutiers commencèrent par boire de nombreuses bouteilles avant de détruire les tonneaux qui se trouvait-la. Continuant leur carnage, ils sortirent les carrosses dans la rue et les mirent en pièces. N'en ayant pas finit avec la demeure du conseiller Filsjean, cette troupe saccagea tous les étages et détruisit meubles, tableaux, vaisselles, tapisseries, papiers, glaces, linges, livres, lits etc. Ayant eu peur pour la survie de leur maître, les domestiques du conseiller Filsjean percèrent un trou depuis la maison voisine appartenant à une parente et lui permirent ainsi d'avoir la vie sauve. Les fauteurs de troubles, fatigués d'une journée d'émeute et rendu à la raison par l'évêque Claude-Marc-Antoine d'Apchon qui était intervenue à deux reprises se dispersèrent non sans promettre de brûler l'hôtel Filsjean et mettre à sac l'hôtel du Commandant Militaire.
Le sac de l'hôtel Fisljean de Sainte-Colombe le 18 Avril 1775
par le peintre et aquarelliste Jean Lefort (1875-1954)
Il est curieux de voir, qu'en de telle situation, les autorités se contentèrent d'envoyer une petite garde pour disperser les émeutiers. Le maire Guillaume Raviot, quant à lui, ne sortit même pas de chez lui, certainement par peur d’être mise à mal. Cette couardise fut largement compensée des le lendemain par l'arrivé de 230 canonniers du régiment de la Fère venue d'Auxonne. Dans les jours suivant, un régiment de cavalerie venue de Dole et un autre venu de Besançon s'installa en ville pour remettre les choses en ordre. Les émeutiers furent pour leurs par presque tous arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Des meneurs comme Philippe Guyot et André Robert furent pendu sur la place du Morimont. François Culmet, Louis Lamy et Florentin Ratet qui les accompagnaient dans leurs méfaits furent condamnés à plusieurs années de galère. Les autres, principalement des femmes (Jeanne Martenot, Dorothée Dunoyer, Reine Thuillet) furent soit mises en prison à la conciergerie du palais soit battue en place publique. On ne sait pas ce qu'il advint du meunier Carré, on sait seulement que le conseiller Filsjean partie des le lendemain avec son fils pour Paris afin de demander justice. A son retour, il s'installa quelque temps dans son château de Sainte-Colombe. Attendant là-bas que ça demeure soit remise en état, il revint au bout de quelques semaines à Dijon. A son retour, ayant été hué à la sortie du palais, il fut contraint de se démettre de sa charge de conseiller au Parlement. A en croire le "Mercure Dijonnais", une célèbre gazette de l'époque c'est surtout parce qu'il avait fait partie du Parlement Maupeou qu'il avait dû démissionner. Malgré son éviction du parlement, le conseiller Filsjean dû conserver des attaches avec le monde politique puisque bien des années plus tard, on le retrouve aux Etat de Bourgogne de 1784, au coté des membres de la Chambre de la Noblesse. Au cours des débats qui eurent lieu, ces anciens collègues du Parlement ne manquèrent certainement pas de lui rappeler son implication dans "l'Affaire des Farines". Raillé de toute part et faisant l'objet des pires calomnie, le personnage de Filsjean ne semble pas avoir été aussi malfaisant qu'on voudrait nous le faire croire.
Néanmoins, il devait y avoir un fond de vérité dans tous cela pour qu'il soit sauvagement assassiné à l’âge de 71 ans. Marquant le début de la révolution en Bourgogne, cette journée du 28 avril 1790 est encore de nos jours entourés de mystère. Les hypothèses émises par J.Durandeau et C.Oursel quelque année plus tard ne nous aide guère à comprendre ce qui poussa une foule enragée à rouer de coup un pauvre vieillard. La haine qu'inspirait le personnage et les temps troublés que traversait la France à cette époque n'explique pas tous. Pourquoi déjà, assistait-il dans le couvent des Minimes de Vitteaux, à l'assemblée primaire des villages pour la nomination du département, alors qu'il avait refusé de prêter le serment civique et qu'il avait refusé le paiement de sa contribution patriotique. Y était-il venu de force ou l'y avait-on convier ? . Tous sous-entend cependant qu'une fois entré, il voulu la présidence de l'assemblée électorale du fait de son âge. Le fauteuil et la sonnette de président lui ayant été refusé, il semble s’être emporté vivement et avoir arraché la plume et les registres du secrétaire. Une autre théorie développée par J.Durandeau, remplace l'assemblée primaire par un "Club des Campagnards". Dans cette version, l'assemblée discute des moyens de se procurer du pain. Ces moyens n'étant pas du goût de Filsjean, celui-ci s'emporte et s'exclame : " Il ne manque pas de foins, mangez-en ? C’est bon pour vous". Cette version purement imaginaire fait évidement référence à "l'Affaire des Farines" dans laquelle il avait été mêlé quinze ans plus tôt. Ces deux versions fort éloignées l'une de l'autre sont également très différentes dans leurs dénouements. La première montre Filsjean s'enfuyant de l'assemblée alors que la seconde dit qu'il en fut chasser. Ces différences de point de vue se poursuive une fois le conseiller Filsjean dehors. Si tout le monde s'accorde à dire qu'il se réfugia dans une maison voisine, le nom du propriétaire et l'emplacement de cette maison varie d'un texte à l'autre (maison Seignot, vis à vis l’hôpital pour l'un, maison Jean Chamy, voisine des Minimes pour l'autre).
Portrait de Jean-Charles Filsjean de Sainte-Colombe
Auteur anonyme, fin du XVIIIeme siècle
Château de Sainte-Colombe-en-Auxois (21)
A partir de la, tous les textes s'accordent à dire que le conseiller Filsjean fut poursuivit jusque dans cette maison. Qu'une foule nombreuse s'introduisit dans celle-ci, et que le pauvre homme reçu une multitude de coup de bâton sur le corps et la tête une fois qu'il fut découvert. Porté hors de la maison il fut frappé avec encore plus d'acharnement sur la Place du Four puis fut finalement tué à coté du Pont de l'Horloge ou une foule enragée lui jeta des pierres à la tête ainsi que divers coup de bâton dans la gorge. Mise au courant du crime dans la soirée, le lieutenant de justice et le procureur d'office se déplacèrent sur les lieux en compagnie d'un greffier et de deux chirurgiens afin de constater la mort du citoyen Filsjean. Transporté dans la chambre de geôle, le cadavre fut inhumé des le lendemain par le curé du village. L’enquête qui s'en suivie permit de retrouver plus de soixante-dix témoins qui furent interrogés dés le 11 mai. Ceux-ci donnèrent les noms de plusieurs présumés coupables qui furent interrogés à partir du 22 mai. Afin de faire avancer l’enquête, Henri-Louis-Jean Filsjean, le propre fils du défunt avança de l'argent au procureur Jean Arvier-Patriat. Peut après, les prévenus François Cuvier, Jean Dubourg, Jean Grapin, Antoine Bomette, Etienne Robin et Jean-Baptiste Rouzan étaient incarcérés. Malheureusement pour le fils du défunt, on se rendit compte que certaines irrégularités nécessitaient la reprise du procès. Après quelques nouveaux interrogatoire qui eurent lieu le 28 septembre, les prévenus furent libérés le 18 octobre. On invoqua le fait que le délit n'avait pas été prémédité et qu'il était lié de la manière la plus immédiate aux événements relatifs à la Révolution. Henri-Louis-Jean Filsjean chercha bien évidement à s'y opposé, il fut débouté. Malgré cette déconvenue, Filsjean ne s'avoua pas vaincu et continua la procédure judiciaire et paya la majeure partie du procès qui reprit dés janvier 1791. Le 26 février suivant, un nouveau tribunal se mit en place pour procéder "au règlement à l'extraordinaire de cette affaire". En mai suivant de nouvelle déposition furent reçu mais les choses traînèrent encore et le 14 septembre une amnistie générale fut accorder. Les criminels avaient ainsi bénéficiés des troubles liés à la Révolution pour s'en sortir.
Ayant depensé en vain de grosse somme pour le procès des meurtriers de son père, le citoyen Filsjean du revoir son train de vie à la baisse et du certainement renoncer à ça vie dans la capitale alors qu'il avait été Conseiller à la Cour des Aides de Paris avant la Révolution. Pire encore, le 11 août 1793, la commune de Sainte-Colombe lui intenta un procès qui lui fit perdre plusieurs parcelles de terre, de vignes et de friches. Il sauva heureusement le château avec ses dépendances et son hôtel dijonnais. Malheureusement pour lui, le peut de patrimoine qui lui restait fut dispersé après ça mort survenue en 1811. N'ayant pas d'enfant, l'hôtel fut racheté par des particuliers durant l'Empire.
Dés lors l'hôtel subit de nombreuse transformation afin de pouvoir accueillir plusieurs famille de locataire ou de propriétaire en même temps. Muette à leur sujet, les archives attendent le début des années 1840 pour publier un recensement correct permettant ainsi d'avoir le nom, la profession, l’âge et le nombre d'habitant de chaque foyer. Cette liste nous permet ainsi de savoir qu'en 1841, l'immeuble était la propriété de Marie-Thérèse Helyotte (1762-1848), veuve du Conseiller au Parlement Jean-Antoine Raviot (1747-1825). Il est amusant de noter que le frère de ce dernier, (Guillaume Raviot, maire de Dijon), resta sagement chez lui lors des émeutes qui malmenèrent le conseiller Filsjean de Sainte-Colombe en 1775. Tout aussi prudent, son frère passa la période révolutionnaire sans encombre et en profita pour acheter l'immeuble au moment de la vente des biens de la famille Filsjean de Sainte-Colombe, vers 1811. Cette acquisition permit ainsi de pourvoir son fils Pierre Benigne Raviot d'une belle propriété en plein cœur de Dijon.
Blason de la famille de Clock 4
"Trois cloches d'argent placées un et deux
surmontées de leurs flanchis d'argent
placés de même, le tout sur fond d'azur"
S'installant à son tour dans cette demeure, ce dernier semble y avoir vécu jusqu’à ça mort à la fin dés années 1850. Marié à Anne Henriette Guyard de Balon (1798-1865), ce dernier eu un fils et une fille, Albertine qui habita l'immeuble vers 1856. Vers cette époque, l'hôtel commença à être louer en partie à diverse famille afin de ne pas être laissé à l'abandon. En 1856, on y trouve le notaire Pierre François Verily, puis au départ d'Albertine Raviot vers 1860, la famille Girandet et l'abbé Perrot s'y installent. Suivent un ancien notaire et la veuve Lardillon en 1872. Continuant d’être louer pour de courte période, jusqu’à la fin du XIXeme siècle, la demeure retrouve un peut de calme vers 1891. Vers cette époque en effet, l'hôtel est acheté par Albert Caron et ça femme Emilie Bernard. Ayant une famille nombreuse (ils ont quatre enfants), il se porte également acquéreur du numéro 46 mitoyen. Arrive ensuite le baron Clément de Clock (1841-1915), un agent d'assurance qui achète les lieux vers 1896. Originaire de Falaise dans le Calvados et veuf depuis peut (ça femme Marie Berthe Guyot de Verseilles est morte en 1891), il habite lui-aussi les deux immeubles avec ces huit enfants. Au début du XXeme siècle, l'immeuble change de nouveau de propriétaire et appartient à Jean Chaudouet (né en 1851). Originaire de Tournus et parent de l'architecte Arthur Chaudouet qui édifia la caisse d'Epargne et le lycée Carnot, ce dernier eu deux fille, Marie (né en 1868) et Jeanne (né en 1866) qui habitèrent l'immeuble jusqu’à la fin des années 1930. Durant toute cette période l'immeuble continua d’être louer à diverses personnes comme le médecin Reverchon en 1906, l'avoué à la cour Paul Jourdy de 1911 à 1931, l'officier d'infanterie André Cournot en 1911, le professeur Jacot en 1921, le patron d'industrie Gustave Jacquotte de 1926 à 1936 et l'inspecteur de l'enregistrement Pinston en 1936. Enfin, de nos jours l'immeuble est occupé par un cabinet dentaire
1: Il est le frère du célèbre compositeur Jean-Philippe Rameau, né à Dijon en 1683 à Dijon et mort à Paris en 1764 et le père de Jean-François, organiste lui-aussi.
2: La maison qu'occupe Jean-Edme Durande , est porbablement la maison Lardillon puisqu'il epouse Marie-Margueritte Lardillon, petite-fille du chirurgien Jean Lardillon
3: Château acheté en 1581 aux de Ferrières, Ils rendent foi et hommage , en 1599, à Olivier, Sire de Chatellux
4: Merci à Monsieur Georges de CLOCK qui à bien voulu me transmettre les informations concernant les armes de ça famille.