DIJON (21)
Hôtel au "3 rue Proudhon"
(voir la page d'accueil de Dijon)


Il convient, avant d’évoquer l'histoire de cette maison et de cette rue, de rappeler quel personnage fut Proudhon. Né le 1 février 1758 à Chasnans dans le Doubs, Jean-Baptiste-Victor Proudhon était l'avant-dernier rejeton d'une famille de sept enfants. Placé à l'école de Nods jusqu’à l’âge de quinze ans, il perdit son père alors qu'il n'en avait que dix-huit. Continuant malgré tous, ces études au collège de Besançon, il passa ensuite par le séminaire ou il étudia la Théologie. Il termina son cycle d’étude à l'université et devint docteur en droit le 7 août 1789. D'abord professeur à l’école centrale de Besançon, il s'essaya ensuite à la politique et échoua dans ce domaine. Revenant à son métier de juriste il participa à l'élaboration du Code Civile sous l'Empire. Marié en 1799 avec Marie Camille Julie Doney, il fut nommé en 1806 professeurs et directeur de l'école de Droit de Dijon. S'installant avec femme et enfants au no 23 de la rue il perdit son épouse en 1829 et mourut le 20 novembre 1838. Son cousin, le philosophe et sociologue Pierre Joseph Proudhon (1809-1865) né lui aussi dans le Doubs est souvent confondu avec notre personnage. Farouchement opposé aux idées de Jean-Baptiste-Victor, il se revendiquait comme anarchiste et socialiste. Opposé à toute forme de propriété, il fut même pendant un temps l'ami de Karl Marx.


Fermons maintenant cette parenthèse pour revenir aux origines de la rue. Ne portant le nom du juriste Proudhon que depuis les années 1840, cette rue fut au départ celle du Marché au Blé, puis s'appela "rue du Vieux-Marché" vers 1656. Connu des le début du XIIIeme siècle par diverses chartes conservées aux archives départemental, le "Vicus Mercati Bladi" ou Marché au Bled en vieux français était comme on s'en doute un lieu de vente et d'achat du blé. Transféré aux halles de Champeaux en 1426, se marché quitta alors le quartier en laissant son nom à la rue. Situé aux pieds de l’église Saint-Nicolas, dont seul subsiste la tour romane, cette rue attira très tôt les membres du clergé. La première mention date de 1238. Elle évoque l'achat fait par Aubry de Dijon, d'une maison ayant appartenue à Baudoin Laquette. Trois ans plus tard ce même Aubry devenue doyen de la chapelle aux Riches fit l’acquisition dans la même rue d'une maison ayant appartenue au chapitre de la chapelle des Ducs. En 1252, on découvre qu'un clerc nommé Guillaume Dubourg acheta un étale au Vieux-Marché. Une dizaine d'année plus tard, les frères Lambert échangèrent une maison dans la rue du Vieux-Marché, contre une autre située rue Bouchefol. Cet échange permit la fondation d'une messe d'anniversaire pour Constantin de Fontaine, prêtre à l'église de la Chapelle ducale. Entre 1270 et 1280, deux nouvelles transactions furent effectuées sous le contrôle du chapitre de Saint-Etienne. La première concerne la vente d'une maison faite par Mathieu le Vertueux à Robert, chantre de la chapelle du Duc. La seconde évoque le bail à cens passé par le boulanger Richard Chaune avec les abbés de Saint-Etienne. Au cours des siècles suivant, les transactions immobilières réalisées par le chapitre de Saint-Etienne dans cette rue continuèrent. Robert Vyon de Gevrey passa tout d'abord un bail à cens auprès d'eux en 1364, puis ce fut au tour de Perrenot Morel en 1399 et enfin le cordonnier Daniel de la Montagne fit de même en 1422.

D'autre nom apparaisse également, comme la veuve du sergent royal Jean Mutin qui est mentionné dans une sentence décrétale en 1504. Les archives mentionne aussi le noble Jean de Mauprey qui paye un cens au chapitre de la cathédrale Saint-Etienne en 1519 pour une maison située "au-dessus de la rue au long de la voie commune tirant à la rue au Comte". Bien implanté dans la rue, le chapitre de Saint-Etienne du faire face à la concurrence du chapitre de la Sainte-Chapelle qui y acquit de nombreux bien foncier à partir du XVIeme siècle. L'inventaire sommaire du Clergé séculier nous apprend que ceux-ci possédaient dans la rue une bonne douzaine de maisons. Ils louent entre autre une maison au menuisier Guillaume Mignot qui paye un cens pour la moitié d'une maison en 1513 puis pour la maison complète en 1548. Le chapitre était également propriétaire d'une maison occupé par Claude Jehannin, substitut du procureur général au Parlement en 1668. Quelques années plus tard, une reconnaissance de cens est effectuée par Odette de Requeleyne veuve du conseiller maître à la chambre des Comptes Rousseau pour une maison aboutissant de levant sur la rue du Vieux-Marché. En 1715, une autre maison est habitée par la fabrique de l'église Saint-Nicolas. En 1717, on y voit vivre coté impair, une certaine Pierrette Liébaut veuve du marchand François Jacquinot. Parallèlement aux deux ordres précédemment mentionnés, apparaissent de façon sporadique les Bernardines du Tart qui se portèrent acquereuse d'un ensemble de terres partant du marché au blé et allant jusqu’à la rue Chaudronnerie. Favorisant les leurs, elles installèrent l'abbé de Saint-Etienne, Hugues d'Acey (mort en 1316), dans la rue du Vieil-Marché. Par la suite, celui-ci céda cette maison afin d'ajouter une dote à la fondation de l'anniversaire de son investiture à la tête de l'abbaye Saint-Etienne (en mars 1289). Au siècle suivant, une rente de 20 sols pour une maison "in capite vici mercati bladi" est faite aux religieux par le clerc Perrenet Sailly (en janvier 1365). La lecture des archives civiles publiées dans l'inventaire sommaire de la Côte-d’Or nous livre une nouvelle histoire de ce genre. Mêlant à nouveau le clergé et les habitants du quartier, ce fait historique nous apprend que Jean de Noidant et Jean de Saulx firent l’acquisition, au nom des paroissiens de l'église Saint-Nicolas, de deux maisons sises rue du Marché au blé vers l'année 1418. Peut après, ils firent construire à cet emplacement une chapelle pour servir de secours au Faubourg Saint-Nicolas.



Vers la même période, cette rue vit apparaître ça première auberge. Situé au 14 de l'actuelle rue Proudhon, cette hôtellerie connue sous le nom du "Chat d'argent" était tenue en 1411 par la veuve de Jehan de la Risve qui y accueillait les marchands et les voyageurs. Ayant survécu durant plusieurs siècle cette auberge changea d'enseigne en 1502 et s'appela désormais " A la Fleur de Lys d'Argent". Cette Fleur de Lys donnait également son nom à un passage appelé aussi "Treige" qui établissait une communication entre la rue du marché au blé et les halles de Champeaux. Par la suite, elle eu pour hôte M Carteret en 1604, François et Pierre Mongin de 1638 à 1645, Elie Guyot en 1690, M. Jouvenot en 1705 et Pierre Marion, en 1707
Très vivante, cette rue attira également la noblesse qui gravitait, dans l'entourage ducal. Parmi ceux-ci, on peut tout d'abord citer Parisot de Cirey, conseiller au Parlement vers l'année 1475, qui habite une maison du marché au blé vers cette même époque. On suppose que cette maison avait été construite quelques décennies auparavant par son père Nicolas de Cirey. Quoiqu'il en soit, ceux-ci malgré leur fortune, continuaient à payer le cens au Bernardine du Tart. Plus tard, son fils Benigne Cirey acheta au chaudronnier Brechillet la maison contiguë et agrandit ainsi son patrimoine. Cette acquisition se fit moyennant la somme de 60 francs et un cens annuel de 18 gros redevable encore une fois aux religieuses du Tart. Passé par mariage à Jean Tisserand (mort en 1531), cette maison fut par la suite incorporée à un ensemble de terres et d'immeuble qui finirent par constitué un "meix" allant du marché au blé à la rue Vannerie. Comprenant la maison qui nous intéresse, cet ensemble de propriété fut constitué par l'arrière-petit-fils de Jean Tisserand. Prénommé lui aussi Jean ce personnage fut plusieurs fois vicomte-mayeur et avocat au parlement. Il mourut en 1635 et laissa ces biens à ça descendance.

Les multiples pistes abordées jusqu’à présent ont permit d'identifier clairement trois grands groupes de propriétaires pour cette rue. Faisant tous partie du clergé séculier, ceux-ci louaient ces maisons à des particuliers appartenant au monde des artisans (boulanger, cordonnier, hôtelier, menuisier etc.) et à la noblesse parlementaire. C'est assurément vers cette dernière qu'il faut se tourner pour savoir qui fit construire cet hôtel à la toute fin du XVIIeme siècle. De style classique, cette demeure date en effet de 1692 comme le montre l'inscription placée sur l'arc de la fenêtre centrale, à la base des combles. Contemporain de l'hôtel de La Mare et de l'hôtel de Bretagne qui date tous deux de 1691, cet immeuble se compose d'un bâtiment principal édifié dans le style alors en vogue sous Louis XIV et d'une aile construite peut après. Edifiée en lieux et place d'une construction plus ancienne, que l'on entrevoie sur les plans de Bredin et Lauro, cet hôtel occupait probablement l'angle des rues du Vieux-Marché et au Comte, avant qu'une construction plus moderne vienne s'installer au bout de la rue. Bien visible sur le plan réalisé par Le Pautre en 1696, cette espace vacant apparaît encore sur le plan de Baurain en 1767, mais à disparu du cadastre Napoleonien (vers 1810). Malgré les imprécisions de ces plans, on peut raisonnablement penser que cet immeuble fermait la rue, jusqu'au début du XIXeme siècle. La position toute en longueur de l'aile gauche et son style épuré devait s'aligner parfaitement avec le début de la rue au Comte. Si l'on tient ces informations pour exacte on peut alors faire l'historique du lieu et remonter jusqu'à la fin du XVeme siècle grâce à l'inventaire sommaire du clergé séculier qui suis la chronologie de cette maison. Mentionné pour la première fois en 1485 et appartenant alors au cordonnier André de Paris, cette maison fut d'abord loué puis vendu au chapitre de Saint-Etienne en 1487. Passant un bail à cens avec Simone, veuve du maçon Guillaume Michel en 1492, ceux-ci semble se séparer rapidement de la maison puisqu'elle appartint au noble Richard Macheco vers 1497. Mort en 1503, celui-ci laissa ça maison à ça veuve Aglantine Legoux de la Berchère qui la revendit au boulanger Viennet Motot en 1510. Vendu par ce dernier aux vignerons Nicolas et Parisot Poyen en 1518, cette maison prit alors le nom d’hôtel Poyen. Se trouvant au niveau de la barrière de la Charmotte, cette demeure fut ensuite louée aux vignerons Nicolas et Etienne Deschaux en 1543, et passa à Jacquette Poyen et Jacques Urbille, son mari en 1556. Disparaissant du dossier pendant plus d'un siècle, cette maison refit surface en 1718 lorsque l'hôtelier Pierre Geliot donna une reconnaissance de cens au chapitre de Saint-Etienne. Un cens fut ensuite versé par l'huissier Pierre Breton en 1720, puis par le procureur au bailliage Claude Clement en 1729. Finalement les héritiers de Claude Clement vendirent cet immeuble au procureur Minard en 1755.


Blason des Quillardet
"D'argent a trois trèfles de sable"

(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")

Malgré ça clarté, cet historique ne dit rien sur la fin du XVIIeme siècle, qui comme on le sait, fut la période de construction de l'hôtel. Supposant que cette maison fut construite par un parlementaire à la fortune récente, il suffit de regarder dans les archives civiles et du clergé, qui vient s'installer dans la rue à la fin du XVIIeme siècle ou au début du siècle suivant. On apprend grâce aux livres des cens versés au chapitre de Saint-Etienne qu'un hôtel situé au Nord de la rue était habité par Pierre Quillardet en 1703. S'étant élevée récemment dans les rangs de la noblesse, cette famille semble débuter avec André, marchand à Dijon en 1607. L'un de ces descendants, prénommé Jean fut maître apothicaire et médecin par derrière le cimetière Notre-Dame. Achetant la maison dite de l'Arbre de Jessé en janvier 1667, il y vécut avec ça femme Marie Fleure jusqu’à ce qu'il vende une partie des lieux en 1684. Vendu en 1732 au pâtissier Godard cette maison finit par être détruite en 1744 afin que la province y construise la chapelle du Palais des Etats. Entre temps, la famille Quillardet qui c'était agrandit avait trouvé refuge dans la rue du Vieux-Marché. Sont fils aîné, Pierre Quillardet (mort en 1691) reprit certainement la boutique de son père et se maria avec Mme Boitouset avant de devenir docteur en médecine. Un autre de ces fils prénommé Pierre lui aussi, deviendra conseiller du Roy, trésorier, receveur et payeur des gages du Parlement en 1706. Les annales de Bourgogne mentionne également, l'avocat au parlement Nicolas Quillardet qui mourut en 1820 au 17 rue du Vieux-Marché. On peut également citer, Jacques Quillardet chanoine de la chapelle aux riches et mépartiste à Notre-Dame de Dijon vers 1696, Jean Quillardet, avocat au parlement et correcteur à la chambre des comptes en 1730 et Benigne Quillardet qui fut écuyer et seigneur d'Avot en 1789.

La piste Quillardet n'étant qu'une voie parmi tant d'autre, on peut alors également évoquer le bail à cens payé par la veuve du serrurier Jacotot en 1703 pour une maison neuve située dans la rue du Vieux-marché. Peut fiable compte tenu de la profession de son mari, cette piste est abandonnée au profit de l'avocat Raviot qui occupe deux corps de logis entre la rue du Vieux-marché et la rue Vannerie. Originaire de Chatillon-sur-Seine, la famille Raviot progressa rapidement dans la hiérarchie sociale. S'étant fait remarquer dans le commerce, elle débuta avec les cordonniers Etienne et Jacques Raviot vers 1525-1560 puis s'orienta vers la pharmacie en la personne de Bernard Raviot (vers 1628-1635). Installé à Dijon dès la fin du XVIeme siècle, la famille Raviot gravit les échelons rapidement. Apparaît tout d'abord Nicolas Raviot qui fut commis au greffe des présentations du Parlement de Bourgogne en 1596. A ça suit, on trouve toute une série d'avocat, de procureur et de greffier au parlement. Puis dans la seconde moitié du XVIIeme siècle arrive Benigne Raviot (mort en 1704). Nommé tout d'abord Secrétaire du Roi, il fut également audiencier à la Chancellerie en 1672 et épousa vers 1666 Anne fille de Guillaume Berruchot. Par la suite, son fils Guillaume Raviot (1667- vers 1735) devint avocat au parlement et conseiller des Etats de la Province de Bourgogne. On lui doit plusieurs ouvrages de droit et de poésie latine. Il aurait habité dans la rue du Vieux-marché. Prénommé à son tour Benigne, son fils fut écuyer et mourut en 1783. Plus important personnage de la famille, son fils Guillaume Raviot (1739-1784) fut conseiller au Parlement de 1763 à 1770 puis vicomte-mayeur de cette date à 1783 et enfin receveur général des finances de Bourgogne durant l'année de ça mort survenue en 1784.


Portrait-frontispice de Guillaume Raviot (1667-1735)
Grand-père du vicomte-mayeur
Gravé par Antoine en 1735, d'après Revel
Bibliotheque National de France, Paris

Grâce à de récente documentation, on sait désormais que les pistes Raviot et Quillardet son des impasses. Les textes stipule en effet que c'est l’écuyer et trésorier des guerres Jacques Marillier d'Auxilly (1698-1762) qui échange cette maison avec l’aumônier Charles Derepas* en 1748. Ca fille, Anne Marillier, épouse Rousselot vend la maison en 1801 à l'avoué Pierre Louis Adelon. Décédé en 1815 celui-ci laisse ça maison à son fils Jean Adelon, un avocat à la mairie de Dijon. Terriblement endetté, ce personnage ne laisse pas d'autre choix à ces héritiers que de vendre la demeure à ça mort survenue en 1832. Elle est adjugée à Antoine Boiteux (que nous verrons plus tard) en 1834 pour la somme de 22 000 F.
Placé à cheval entre deux rues, cette demeure devait accueillir une famille nombreuse. Occupant, comme on l'a vue plus haut, deux corps de logis, celle-ci fit soit construire des bâtiments neuf, soit s'installa dans une maison édifiée récemment. Le positionnement à cheval entre deux rues, semble, si l'on se réfère aux plans cadastraux correspondre à notre demeure. Constitué de deux bâtiments, cette habitation à en effet un logis principal sur rue et une aile en retour d’équerre s'étirant par l'arrière sur la rue Vannerie.
S'élevant sur trois niveaux, le logis principal est constitué d'un rez-de-chaussée, d'un double étage noble et d'un étage sous comble. Construite en belle pierre de taille (probablement de la pierre d'Asnières), la façade s'organise autour d'une partie centrale en léger ressaut. De part et d'autre, prennent place une série d'ouverture. On nombre de quatre par étages, ces fenêtres sont protégées par de hautes grilles en fer forgé au niveau du rez-de-chaussée. De dimension similaire au premier étage, elle permette ainsi de gagner en lumière. Raccourcit d'un bon tiers au deuxième étage, elles sont de nos jours munit de volet en bois. Le dernier étage sous combles ne possède quant à lui que deux lucarnes. Protégé par des grilles, elles sont coiffées par des frontons triangulaires reposant sur de fine volute rentrante. Il est à remarquer au passage que l’intérieur du fronton de droite porte le millésime 1692 en son centre.


La partie centrale de la façade en léger ressaut, se compose d'une porte rocaille au rez-de-chaussée, d'une fenêtre fortement ornée et d'une lucarne aboutissant au niveau des combles. Certainement réalisé dans la seconde moitié du XVIIIeme siècle, la porte est surmontée par une corniche saillante. S’apparentant par son ornementation à celles édifiées pour l'hôtel Pressigny et l'hôtel Gonthier d'Auvillars, cette porte voit ça décoration concentrée surtout dans la partie supérieure. Deux clefs pendantes moulurées à fin volute et feuilles encore en bourgeon soutiennent la partie maîtresse de la composition. Au-dessus donc, prenne place deux grosses volutes dont les prolongements forme un cadre au cartouche central. De part et d'autre se déployé un ensemble de feuilles sinueuses venant mordre sur les bordures. Cette dernière est constituée de palmettes ou de plume, elle entoure le cartouche centrale et ressemble en quelque sorte a un nid. L’intérieur semblable à un ciel nuageux s'inspire de motif emprunté au baroque italien.
S’insérant dans un fin ressaut pyramidale, la fenêtre de l'étage noble porte en son sommet un ensemble décoratif occupant un bon tiers de la surface. Utilisant des classiques comme la coquille Saint-Jacques et le masque à tête de femme héritier du style Sambin, l'artiste ajouta ici quelque touche de fantaisie comme les écailles et le cartouche végétale qui encadre le visage de femme ou les épis de blés et les feuilles de choux qui décor la coquille. Le tout est pris dans un fronton triangulaire brisé reposant sur des impostes à palmettes. Au-dessus, la fenêtre du deuxième étage porte en son sommet l’ébauche d'un arc en plein cintre avec un cartouche à volute dans lequel est inscrite à nouveau la date "1692".


* Originaire de Sombernon, né en 1687 et mort en 1757, Charles Derepas était desservant de l'oratoire du château de Sombernon et proche de la Duchesse de Luyne. Avant lui son père Nicolas Derepas (1655-1723) avait été Clerc puis contrôleur des fortifications de Bourgogne et Bresse en 1697 et enfin garde du petit scel à la Cour de la Monnaie à Dijon la même année


Jeton en cuivre du maire
Guillaume Raviot, Paris. 1772
"D'azur au levrier d'argent"
dans un cartouche surmonté d'une couronne ducale
supporté par deux levriers
avec l'inscription "REGI ET PATRIÆ FIDELIS"

S'élevant seulement sur deux niveaux, la façade en retour d’équerre présente coté rue, un ensemble de fenêtre haute de type persienne. Au nombre de trois par étage, elles sont pourvues d'un minuscule balcon à l'étage noble. Au niveau des combles, les lucarnes sont surmontées par des arcs semi-circulaires reposant sur des volutes. L'arrière du bâtiment, donnant sur la rue d'Assas est fermée par une cour. On y retrouve les deux même niveaux d'habitations et les lucarnes éclairants les combles. Restauré ou agrandit après 1750, cette partie du bâtiment devait être probablement louée à divers artisans tout au long du XVIIIeme et XIXeme siècle. Parmi ceux-ci figurait certainement des menuisiers qui avait pour habitude de vivre dans la rue du Vieux-Marché à cette époque. Le plus célèbre d'entre eux était Pierre Tailler qui vivait au 21 de la rue entre 1778 et 1789. Epargné par la révolution, cette maison franchit le XIXeme siècle sans encombre. Portant les numéros 502 et 503 de la rue du Vieux-Marché sous le règne de Napoléon (Cadastre de 1810), cette maison prit le numéro 3 de la rue Proudhon sous le règne de Louis-Philippe (en 1839). Vers la même époque fut établi le premier recensement de la population qui nous permet ainsi de donner la liste des occupants jusqu’à la période contemporaine. Apparaît en premier lieu Antoine Boiteux et ça femme Adèle Olivier qui occupe l'immeuble de 1841 à 1846 environ. A cette date, l'hôtel semble également habité par l'architecte Auguste Sirodot (1809-1861). Très demandé dans toute la région, Auguste Sirodot travailla à la restauration et à la construction de nombreux édifices civils et religieux. Déménageant au 12 de la même rue, il engendra un fils, Alfred Sirodot (mort en 1900) qui fut l'architecte de la Synagogue de Dijon (édifiée entre 1873 et 1879).

Suite à ce déménagement, la maison fut habitée par le fils d'Antoine Boiteux et par le contrôleur Jules Thomas qui y vivait encore en 1856. Ce dernier partagea à cette époque la maison avec Claude Philibert Desaille (1799-1859) qui fut Capitaine au VIIème régiment de chasseurs à cheval. Changeant fréquemment de propriétaire et de locataire à partir de 1860, la maison fut des lors occupé par le marchand de vin Robergeot, le sculpteur sur bois Jacques Leclerc(né en 1837) et le tailleur Pierre Verdun. En 1866 elle est habitée par le médecin Prudent Coquelu (1819-1893) et par un militaire a la retraite : Mathurin Brette. Encore occupé par ce dernier en 1872, l'immeuble est à partir de 1876 habité par le médecin Charles Moviot. On voit ensuite y vivre le géomètre Claude Legros en 1881 puis le représentant de commerce Claude Dorey et le clerc Jospeh Felin en 1886. Par la suite c'est le comptable Jules Vallée qui y habite, puis après 1891 l'officier Emile Perrin s'y installe. Habité par une multitude de famille jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, l'hôtel est ensuite la propriété de la famille Michault jusqu'au début de la seconde guerre mondiale. La crise que connue la France à cette époque, l'obligea certainement à loué certaines pièces, puisqu'elle partagea les lieux avec les familles Rapiteau et Baudard durant les années 1930. Restaurée dans les années 1950, l'immeuble fut inscrit au monument historique en 1991. L’hôtel abrite de nos jours une chambre d'hôte.