DIJON (21)
Cellier du Petit Clairvaux
(voir la page d'accueil de Dijon)
HISTORIQUE
Situé au Nord du quartier historique ce bâtiment prend place le long de la ruelle de Suzon. Installé en dehors de la ville et accolé aux anciens remparts, ce cellier vint se placer entre la porte aux Anes et la porte Boichefol. Faisant à l'origine partie d'un ensemble plus vaste comprenant un logis abbatial, une chapelle, un petit cellier et deux grandes cours, il était bordé à l'Ouest par les eaux du Suzon. Ce lieu propice à l'établissement d'une petite communauté religieuse fut rapidement choisit par les abbés successeur de Saint-Bernard de Clairvaux (1090-1153). Originaire de Fontaine-les-Dijon et partie fonder un monastère au cœur du département de l'Aube, celui-ci, grâce à son rayonnement spirituel réussit au court de son abbatiat à fonder pas moins de 68 abbayes disséminées aux quatre coins de l'hexagone. Ces successeurs continuèrent son œuvre et vinrent tout naturellement s'installer à Dijon vers 1190. La chronologie des abbés de Clairvaux laisse supposer que Garnier de Rochefort (mort vers 1216) fit l’acquisition des terrains nécessaire à l’établissement d'une abbaye dans la capitale bourguignonne. Cette hypothèse est confirmé par une charte de 1190 qui indique que Manassès, évêque de Langres, notifie la donation faite à Clairvaux, entre les mains de Nocher, doyen de Dijon, par Eudes, fils de "Wilencus" le changeur, de tous ses biens à Dijon, entre la rue de la Porte de Buchefol et la rivière de Suzon, et entre les remparts et la maison du prévôt Evrard. Il notifie l'approbation donnée à cet acte par Pierre de Poille, chevalier, et la donation par le même de ses droits sur un manse adjacent. Le don par des particuliers de plusieurs vigne et de près dans la banlieue de Dijon augmenta ce patrimoine et permit la construction d'un "hôtel" pour loger les abbés. Cet hôtel à en croire Hugues, duc de Bourgogne fut pourvue pour son entretien, d'une rente de dix setiers de froment à Rouvres et de dix muids de vin à Beaune. S'y ajoutèrent ensuite 20 "journaux de vigne" acheté aux templiers de Mormant. Toutes ces acquisitions ne furent sans doute pas suffisante, puisque Gui, nouvel abbé de Clairvaux demanda entre 1193 et 1195 une participation financière à l'ensemble des abbés de l'ordre pour construire l'enclos de Dijon. Devant le mécontentement et le refus de ces derniers, Guy de Clairvaux céda et du attendre le début du XIIIeme siècle pour voir le projet aboutir.
Acte de donation fait à l'abbaye de Clairvaux, datant de 1190
Recueil des chartes et bulles de Clairvaux, n° 287
Archives Départementales de l'Aube
La construction de notre cellier remonte donc selon toute vraisemblance au premier quart du XIIIeme siècle. Edifiée dans un style de transition entre le roman et le gothique, il est comparable au cellier de Morimont, à la cave Saint-Jean situé sous l'hôtel Perreney de Baleure et au cellier de Saint-Benigne. Décidé par Guy de Clairvaux et par son successeur Conrad Ier d'Urach (mort en 1227), la construction de l'ensemble ne due pas excéder un quart de siècle puisque la chapelle fut consacrée en 1223. Organisé autour de la cour Saint-Bernard et de la cour abbatiale, les bâtiments avaient des fonctions diverses. Le grand cellier, d'abord construit pour abriter le dortoir et le réfectoire servit par la suite de magasins à récoltes, de pressoir et de grenier pour l'étage. La chapelle malheureusement détruite devait être accolée au dortoir pour faciliter la prière des moines. Le logis abbatial, bien entretenue malgré des transformations ultérieures, devait loger les abbés lors de leurs déplacements. Il conserve une superbe charpente du tout début du XIIIeme siècle. Enfin un petit cellier souterrain du XIIIeme siècle, devait lui aussi servir d’entrepôt aux différentes récoltes. Ce dernier était probablement surmonter d'un bâtiment dont absolument rien ne subsiste. Le peut d'information concernant les bâtiments disparus nous amène à nous poser la question suivante. Quel était la fonction première de cet enclos monastique ? . Plus qu'un simple lieu de prière pour les moines, c'était à la fois une exploitation agricole, un lieu de stockage et une résidence pour les abbés lors de leurs venues à Dijon.
Faisant tous les ans le voyage vers l'abbaye-mère de Citeaux lors de la tenue du chapitre général de l'ordre, l'abbé de Clairvaux faisait en ces lieux une dernière halte et en profitait pour régler les problèmes de l'abbaye. Il était aidé en cela par un frère convers qui gérait tout au long de l'année les biens de la maison et le bon fonctionnement de l'exploitation agricole. On sait grâce à une étude sur l'état intérieur des abbayes cisterciennes publiées en 1858 par Henry d'Arbois de Jubainville que le maître de maison pour l'année 1208 était un convers nommé Eudes. Le recueil des chartes et bulles de Clairvaux*, pour l'année 1210 nous apprend en outre que "Forniz" de Bèze, d'accord avec "Alesia", femme de son fils Perrin, a donné à la maison de Clairvaux de Dijon, à l'usage des abbés qui y passent, une rente d'un sac de sel sur sa maison du Vieux marché. Alard le pelletier a donné, dans le même but, une rente de deux cents œufs sur sa maison du Vieux marché au bétail, d'accord avec sa femme, Danniette, et leur fils, Fauconet. Fauconet le tavernier, d'accord avec sa femme Plusbelle, a donné une pareille rente de deux cents œufs sur sa maison de la rue Bochefol. Toutes ces rentes servaient à nourrir les abbés lors de leurs déplacements. Il incombait en effet à la maison hôte de nourrir et loger les abbés lors de leurs voyages. Ces frais qui se révélait être assez important pour de petite communauté comme celle de Dijon était heureusement en grande partie payée par les habitants du quartier qui se montrait fort généreux.
Plan du rez-de-chaussée du cellier
Dessin de Sandrine Robelin, 1998
D'aprés le plan fourni par la ville de Dijon
Malgré les richesses accumulées par cet établissement, les frères qui y vivaient, étaient tenues à une certaine pauvreté et devaient entre autre célébrer les offices. Cela fut possible en 1223, sitôt après que la chapelle fut consacrée. Ils reçurent à cette occasion l'autorisation de célébrer la messe sur un autel portatif placé dans la chapelle, à condition qu'on n'y conférera aucun sacrement et qu'on n'y reçoive aucune offrande. Cette permission fut donnée par Pierre Barbotte, abbé de Saint-Étienne (de 1204 à 1240), sur la demande de Conrad évêque de Porto, cardinal légat du pape (mort en 1227) et sous réserve de l'approbation de Robert II, abbé de Clairvaux (de 1221 à 1223). Une fois la chapelle consacrée et les bâtiments achevés, les dons continuèrent à affluer. En 1234, Eudes, doyen de la chrétienté, et le maire Evrard dit Le Riche, notifient la vente faite à Clairvaux, par Amete d'Ancey et Simon dit Lornes, de trois maisons de bois et d'une maison de pierre, sises à Dijon, rue Boychefou, près de la maison de l'abbaye, moyennant 160 livres de monnaie estevenoise. Ces dons, déjà important dans la première moitié du XIIIeme siècle continuèrent d'affluer par la suite. On en retrouve la trace des 1251, lorsque le curé de Mellecey, sous la tutelle d'Etienne, abbé de Clairveaux et du cardinal de Saint-Laurent, paye tous les dimanches de Rameau, pendant toute la vie du cardinal, la somme de cent livres de Vienne à la maison de Clairvaux à Dijon. Tout au long du XIIIeme siècle, les donations en argent, en terres et en vignes continuèrent à enrichir la maison du Petit-Clairvaux de Dijon. Il fallut des lors procéder à un recensement des richesses accumulé depuis les origines du Petit-Clairvaux. Réalisé en 1302, sous l'abbatiat de Jean III de Sancy, ces compilations de titres de propriété (appelé également "pancartes" ou "vidimus") dénombre pas moins d'une cinquantaine de parcelle répartis sur l'ensemble de la commune et dans les environs.
Evoluant avec son temps, le Petit-Clairvaux, su s'adapter aux transformations économiques de la ville. Ne vivant pas uniquement des récoltes, de la vigne et de la générosité des Dijonnais, elle su se diversifier et fit très tôt commerce de la laine. Achetant un poids à peser la laine et proposant son cellier pour stocker les marchandises, elle fut rapidement un centre important du commerce lainier. Elle est à ce titre mentionnée dans une affaire commerciale mené par le notaire Demoinge Cultelier en 1351. Celui-ci retient en effet 24 pierres de laines "loyale et marchande" auprès d'un premier fournisseur et livrable à la fête de Pâques pour le prix de 14 sous la pierre. D'un autre fournisseur, il demande 24 nouvelles pierres de même qualité, vendu 16 sous la pierre et livrée en la maison de Clairvaux à Dijon. Cette volonté de se diversifier se poursuit par la suite avec l'amodiation en 1383, du clos de Clairvaux par Etienne de Foissy, abbé de Clairvaux, maître en décret. Il faut voir dans cette "amodiation", la location d'une parcelle de terre par un paysan moyennant une compensation financière. Cette pratique très répandue à l'époque était une source de revenue supplémentaire pour une abbaye comme celle du Petit-Clairvaux. Possédant de nombreuses terres, elle ne pouvait pas gérer l'ensemble de celles-ci toutes seul et faisait continuellement appel aux nombreux agriculteurs de la région pour les travaux des champs. Une autre source de revenue consistait en la vente de terrain à la commune. On voit les moines du Petit-Clairvaux avoir recourt à cette pratique en 1393 lorsque la ville souhaita remplacer l'ancien moulin du Castrum. Déviant les eaux du Suzon et modifiant une partie des remparts, la ville acheta une petite parcelle de terrain aux moines afin de construire un moulin devant le "vieux-Clairvaux". S'étant également fait construire un four de maison dans le pourpis de leur hôtel à Dijon, les religieux de Clairvaux amodièrent celui-ci à partir de 1399 et trouvèrent par ce moyen une nouvelle source de revenue.
Plan du premier étage du cellier
Dessin de Sandrine Robelin, 1998
D'aprés le plan fourni par la ville de Dijon
La diversification des activités, source évidente de revenue pour les moines du Petit-Clairvaux, ne faisait pas oublier à ceux-ci quelle était la vocation première de l’établissement. En effet, s'occupant depuis toujours de leurs vignes et utilisant les celliers pour le stockage des tonneaux et du vin, ils continuaient pour se faire, à entretenir des relations étroites avec les viticulteurs de la région. Collaborant aussi avec les transporteurs de barriques, les moines du petit-clairvaux furent mentionnés à ce sujet dans une sombre affaire survenue en 1412. Grâce à un Acte dressé dans le « berle » de la porte Guillaume (acte conservé dans les "Mémoires de l'Académie des Sciences" de l'année 1866) on y apprend que le gardien du monastère de Clairvaux prétendit que son couvent était exempt de l'impôt de 12 deniers pour livre du vin vendu à Dijon. Le fermier de l'impôt avait arrêté une voiture chargée de trois queues de vin. Le moine fut obligé de lui remettre en gage une tasse d'argent, pour le cas où la prétention du couvent serait écartée. Ces "affaires" assez rare en ce début du XVeme siècle auront tendances à se reproduire et a faire perdre toute ça crédibilité à cet établissement prestigieux. Pour l'heure, l'abbaye du petit-Clairvaux jouit encore d'une solide réputation. C'est cette réputation qui incita en 1426, Anette femme du vigneron Demoingeot le Ranvoiset à ce délaisser de tous ces biens. En contrepartie, elle demande juste à être ensevelie dans la chapelle du Petit-Clairvaux et à être nourrit et loger dans les voûtes du cellier. Elle ajoute que son accompagnement spirituel se fera également dans les lieux. Dans une longue lettre, ou sont énuméré tous ces biens et ces volontés, elle évoque aussi la présence dans le cellier d'un certain Raoul de Gonières qui devait y vivre vers 1425. Etait-il un religieux de Clairvaux, un invité de marque ou un simple locataire comme on en retrouvera plus tard ? On ne le saura jamais. La présence dans la partie haute du cellier de "locataire" indique à l’évidence que les moines en ce milieu du XVeme siècle rencontrait quelque difficulté financière. Cette gène si s'en était bien une, fut de courte durée puisque des travaux de restauration furent entrepris peut de temps après. En effet le logis abbatial, probablement devenue vétuste, fut modifié et de nouvelles fenêtres à meneaux furent installées vers 1460-1480. Ces travaux, même modeste montre que les abbés de l'ordre continuaient à venir à Dijon et qu'ils s'occupaient du bon fonctionnement de l'exploitation agricole. Ces déplacements, annuelles jusqu'alors, eurent tendances à s’amplifier lors du procès que l'abbaye de Clairvaux intentât contre le maire Estienne Berbisey et les échevins en 1483. Commencé sous l'abbé Pierre II de Virey (vers 1425-1506) ce procès qui dura plusieurs années avait pour enjeu une parcelle de terre situé entre la rivière de Suzon et les murs du petit-Clairvaux.
En gris-bleu l'enclos du Petit Clairvaux
D'aprés le "Vray Portraict de la Ville de Dijon"
Par Edouard Bredin, 1574
Archives Municipales de Dijon
Symptomatique des problèmes judiciaire et religieux que rencontrait la maison de Clairvaux en cette fin de siècle**, ce procès fut le signe annonciateur de la longue déchéance d'un ordre pourtant prestigieux. Des lors, le cellier et l'ensemble des bâtiments ne furent que très rarement associée aux moines de Clairvaux. En partie accaparée par la mairie dés le début du XVIeme siècle, le Petit-Clairvaux dû avoir son utilité lors du siège qu'entreprirent les Suisses en Septembre 1513. La proximité immédiate avec la tour de la Tremouille refaite par le comte du même nom en 1513 et ça position stratégique aux pieds des remparts incita certainement le maire Bénigne de Cirey a y installer du matériel de guerre voir même à y placé une petite garnison. Servant à des fins militaires, les locaux furent des lors laissés sans entretient et les moines simples propriétaire des lieux se contentèrent du logis. Représenté sur le plan Bredin dessiné en 1574, le Petit-Clairvaux apparaît avec tous ces éléments : chapelle, logis abbatiale, grand et petit cellier. S'il est vrai que tous les bâtiments y sont représentés, rien ne nous permet en revanche de savoir dans quel état se trouvait l'abbaye compte tenue du manque de précision du document. Servant de magasins à poudres comme l'indique Gabriel Breunot dans son journal pour l'année 1594, le Petit Clairvaux devait être l'un des points de ravitaillement du château. Un ballet incessant de charrette chargé de tonneau faisait donc la liaison entre ces deux monuments. Ce cas de figure se reproduit par la suite lorsque le général d'empire Matthias Gallas fut mis en déroute lors du siège de Saint-Jean-de-Losne en 1636. Profitant de la débâcle de ce dernier, les autorités municipale prirent plus de cent cinquante tonneaux de poudres et les déposèrent dans la partie basse du cellier. Conservé pendant plusieurs années ces tonneaux faillir être mise à feu lors de la venue du roi Louis XIV en mars 1650. Fomenté par des mains malveillantes, cet attentat tourna court grâce à une crue du Suzon. Ces eaux remplissaient en effet une partie du cellier et empêchaient les mèches de s'allumer correctement. La poudre trop humide ne brûla point et se ne fut que de la fumée blanche qui s’échappa du bâtiment. Il est fort à parier que si la poudre avait été sèche c'est une bonne partie de la ville que se serait embrasée. Ces événements liés à ce que l'on à appelé la Fronde sont à mettre en relation avec la venue au Petit-Clairvaux du comte de Tavannes, Jacques de Saulx. Celui-ci y reçu en 1650 les partisans du prince de Condé venue excité la Bourgogne contre le roi. Même si aucun document permet de liée les deux événements, il est fort a parier que l'attentat manqué et la réunion des partisans de Condé dans un même lieu ne soit pas fortuite.
Parallèlement à cette utilisation "militaire" des lieux, le Petit-Clairvaux servit en partie de logis dés le début du XVIeme siècle. Installé dans l'une des dépendances de l'abbaye cette maison connue sous le nom de "Logis Saint-Bernard" existait depuis 1534 (d’après le livre "les Hôtelleries Dijonnaise" par Clément Janin). Habité par Jacques Rigollot en 1573 et par Pierre Mielle en 1630, ce logis est acheté peut après par Oudin Duthut, huissier en la Chambre des Comptes. Celui-ci comme l'indique les archives "paye une fraction de cens sur une maison située à Dijon, devant l'hôtel de Clairvaux, où pendait pour enseigne l'image de saint Bernard". Acheté par les religieuses de la Visitation le 23 avril 1632, ce logis fut en partie restauré en 1635. Loué à Martin Briois en 1645 il fut définitivement vendu en 1705. Conservé d'une façon trop courte par l'ordre de la Visitation, le Petit-Clairvaux n’eut pas le temps d’être restauré et fut laisser sans entretien. Si l'on en croit les écrits du moine cistercien Suisse Joseph Meglinger partie assister au Chapitre général de Cîteaux et s’étant arrêter à Dijon le 4 mai 1667, celui-ci trouva même le Petit-Clairvaux dans un état fort médiocre. Il le mentionna d’ailleurs dans son livre "Descriptio itineris cisterciensis quod ad comitia generalia eiusdem sacri " rédigé en latin pour son amis Jean-Jacques Mechler. Cet abandon de certaine partie de l'abbaye se focalisa d'abord sur le vieux moulin du Suzon qui devint rapidement une ruine. Encore utilisé par le sieur Millot en 1739, ce moulin n'avait plus qu'une partie de ça roue lorsque l’ingénieur Antoine le représenta dans ça "Navigation de Bourgogne" parut en 1774. Ces dégradations concernant jusqu'alors des parties peu importantes de l'abbaye commencèrent à toucher le cœur de celle-ci au milieu du XVIIIeme siècle. On boucha alors au niveau du cellier, des baies placées du coté de la ruelle de Suzon et l'on remania l'arc de la porte. Ces transformations mineures furent probablement entreprises en 1746 lorsque les bâtiments du Petit-Clairvaux furent loués pour le logement des prisonniers autrichiens pendant la guerre de Succession d'Espagne, puis pendant la guerre de Succession d'Autriche pour des prisonniers Hollandais et Ecossais. L'installation de cette "prison" eu des conséquences néfastes pour les quelques religieux qui vivaient encore ici et qui virent la diminution de la valeur des baux voisins.
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Le Petit Clairvaux, d'aprés le
"Nouveau plan de la ville et des environs de Dijon" par Jean de Beaurain en 1767 Archives de la Ville de Dijon |
Le Petit Clairvaux, d'aprés le
"Plan géométral de la ville de Dijon" levé en 1759 par le sieur Mikel Bibliothèque municipale de Dijon |
Parallèlement à ces destructions, quelques travaux de rénovation furent entreprit. Pour ce faire, on reconstruisit certain bâtiment et l'architecte le Jolivet procéda à des travaux dans le cellier. Un procès-verbal daté du 12 Décembre 1749 nous apprend qu'un marché fut passé avec les entrepreneurs Marchand et Payette afin de poser des cloisons, d’aménager et de peindre l’intérieur des "écuries et du corps de garde de Clairvaux". Tenue par le sieur Bachelet cet ensemble prendra en 1755 le nom de "Magasin des Armes et Habits pour les Milices de Bourgogne". En mai 1774, un nouveau procès-verbal fait lors de la visite du secrétaire des Etats Blancey, du commissaire des guerres Frasans et de l'architecte Le Jolivet nous apprend que ce magasin était la propriété de l’Hôpital Général de Dijon et que la Province n'était tenue qu'aux réparations locatives. Ce procès-verbal était accompagné d'un plan du cellier réalisé par Le Jolivet lors d'une précédente visite effectuée le 14 Novembre 1755. Ce plan faisait suite à celui que réalisa Henry de Clairmais en 1741 pour représenter les bâtiments du Petit-Clairvaux. Il fut suivit en 1762 d'un plan du cellier que les archives municipales conserve précieusement. Peut après l'architecte Lemoine procéda au redressement de la rue de Clairvaux (en 1778). Salutaire pour la circulation des Dijonnais, ces travaux furent en revanche fort dommageable pour le cellier qui perdit deux travées à cette occasion. C'est dans ce contexte troublé que ce vénérable bâtiment et ces annexes aborda les troubles révolutionnaires et la cohorte de destruction qui l'accompagnait généralement. Servant de caserne à des vétérans durant l'année 1789, le cellier et les bâtiments qui l'entouraient furent vendu comme bien nationaux le 8 août 1792 pour la somme de 38,300 livres. Les quelques moines qui restaient furent alors dépossédés de leurs biens et durent quitter les lieux pour ne plus jamais y revenir.
Mécontent du sort qui leurs étaient réservées, ces abbés avant de partir, mutilèrent profondément la chapelle qui dû être détruite dans les premières années du XIXeme siècle. A cela s'ajouta en 1804, la destruction de l'enclos qui entourait les bâtiments monastiques. Réalisé lors du percement de la rue James Demontry, ces travaux finirent par brisé l'unité qui existait entre les différents bâtiments d'origine. Occupé par divers négociant en vin jusqu'en 1855, le cellier servit à partir de cette date de salle de réunion et de bureau aux membres du conseil général (ceux-ci ne supportaient plus de devoir partager l’hôtel Bouhier de Lantenay avec les gens de la préfecture). Devant cohabiter avec les marchands de vin qui continuait à travailler dans le cellier et avec l'auberge du Grand Saint-Michel installé dans les dépendances en 1872, le conseil général finit au bout d'une trentaine d'année par en avoir assez et souhaita s'installer en d'autre lieu. Optant en 1891 pour des terrains situés sur les dépendances du Petit-Clairvaux et sur les jardins de la préfecture, le conseil général fit appel à cette occasion à l'architecte Arthur Chaudouet (1847-1904) pour construire les nouveaux locaux. Commencé en 1899 après approbation du contrat par le conseil général, les travaux qui coûtèrent la somme de 290 000 francs prirent fin en 1902. Pour réaliser ces travaux, les entrepreneurs durent en 1900 détruire une travée du cellier Saint-Bernard qui existait encore, puis en 1909 c'est l'ensemble du cellier qui disparue sous les coups de pioches. Ces démolitions fort dommageables nous privent désormais d'un point de comparaison entre les deux celliers. Heureusement, des plans et un descriptif détaillée fournis par M de Truchis dans le volume XV des "Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d'Or" nous donne une idée de celui-ci.
Bâtiments du Conseil General de la Cote-d'or
Plan du rez-de-chaussée dressé par Arthur Chaudouet le 20 Juillet 1901
Archives départementales de la Côte-d'Or, fonds de l'architecte Roger Martin Barade, 32 J 460.
La destruction de cette cave semi-enterrée et de ça voûte d'ogive fut accompagnée d'autre transformation. En 1911 les menuiseries de l'ancienne porte de l'enclos encore existantes, furent remplacées par des grilles moderne. L'année suivante, il fallut beaucoup d'acharnement pour que le petit-clairvaux soit classé au monument historique et pour que le grand cellier ne soit pas lui-même détruit. Des lors les choses s'arrangèrent, les bâtiments devinrent propriété de la ville en 1914 puis le cellier fut classé individuellement en 1915. Deux ans plus tard se fut au tour de l'ancien logis d’être classé puis en 1921, la charpente d'origine fut inscrite sur la liste des monuments historique. Cette campagne de protections fut accompagnée d'un ensemble de restaurations qui s’étala jusqu'en 1961. On procéda entre autre à la construction d'un escalier intérieur de communication entre la salle basse et la salle haute. Par la suite diverse projet virent le jour. En 1942 par exemple, on imagina installer un musée des vins de Bourgogne dans le cellier. A partir de 1955, l’ordre des grands Ducs d'Occident y installa sont siège et y pratiqua des intronisations. Vers 1960, un nouveau projet de caveaux de dégustations vit le jour. Demeuré lettre morte ce projet fut enterré et la municipalité opta pour une location des deux salles à des fins festive et culturel. Restauré une nouvelle fois en 2005 par la SNCTP (Société Nouvelle de Construction et de Travaux Publics), le cellier vit ces voûtes réhabilitées et renforcées par du béton armées. De nos jours les lieux servent essentiellement pour des mariages, des expositions, des remises de prix, des banquets et des galas.
* Chartes conservée à Troyes au Archives Départemental de l'Aube
** Elle était alors en conflit ouvert avec l'ordre de Citeaux et avec son abbé, Jean de Cirey
Plans et relevés du cellier disparu
Dessin d'Emile Poignant
"D'aprés les celliers de l'ancien hôtel de Clairvaux"
Par Henri Chabeuf, année 1901-1905
Disparue depuis plus d'un siècle, le petit cellier de Clairvaux prenait place sous les bâtiments de l'actuel Conseil Général. Assez semblable au grand cellier, cette cave semi-enterrée était accessible au moyen d'un escalier à neuf marches, comme le rappel Henri Chabeuf dans l'un des "Mémoires de la Commission des Antiquités". D'abord amputé d'une travée, il finit par être totalement détruit en 1909. Formé à l'origine d'un ensemble de six travées légèrement inégale, il était composé d'un groupe de trois nefs à arcs brisés. D'une longueur d'environ 25 mètres hors œuvre pour une largeur dépassant les 13,5 mètres, il était bien plus petit que le grand cellier qui avoisinait les 40 mètres de long. Avec une hauteur totale sous voûte d'un peut plus de quatre mètres, ce cellier était la aussi plus petit que son grand frère. Reposant sur un ensemble de pilier, la voûte se terminait par des faisceaux de nervures munies d’arêtes carrées mais dépourvues de clef de voûte. D'une hauteur d'environ deux mètres, les piliers s'appuyaient au niveau du sol, sur de simple tablette aplatie et biseautée. D'abord composé d'une moulure à huit pans octogonal, ces colonnes à mi-hauteur adoptaient une forme cylindrique sans qu'aucune trace de séparation n'intervienne. A la fois sommaire et élégant, les chapiteaux étaient remplacés par des anneaux toriques. Prolongeant le fut, ceux-ci était légèrement évasés au niveau de la jonction avec le talloir. La même sobriété toute Cistercienne se retrouvait au niveau des retombées de voûte qui se terminait par des culs-de-lampe à cônes prismatiques. Aucun décor végétal ou animal ne venait troubler la méditation des moines. Toute la richesse du monument était concentrée dans la solidité et la finesse architecturale. Utilisé à des fins purement agricoles, il permettait le stockage des sacs de grains et du foin. Représenté sommairement sur le plan d'Edouard Bredin de 1574, il devait être surmonté, comme c'est souvent le cas dans les abbayes cisterciennes, d'une grange ou d'un "cellier haut" en pierre. Détruite à une date indéterminée cette construction devait probablement elle aussi avoir six travées de long.
DESCRIPTIF EXTERIEUR
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