DIJON (21)
Maison au 3 rue de la Chaudronnerie
(voir la page d'accueil de Dijon)

Bien peut d'information nous sont parvenue sur cette demeure du début de la rue Chaudronnerie. Si l'on excepte la date "1556" figurant dans un cartouche placé en haut de la façade, on ignore à peu prés tout de cette maison. Cependant l'analyse stylistique qui situe cette façade au début de la seconde Renaissance, nous éclaire sur l'auteur et par la même sur le commanditaire de cette bâtisse. Très proche de l'ornementation conçue pour le 14 de la rue Chaudronnerie et réalisé seulement 2 ans après, cette façade, par ça décoration, constitue le lien entre les styles pratiqué par Jean Damotte vers 1540 et celui que réalisera Sambin dans la décennie suivante.
Contemporaine de l'hôtel Berbis, de la maison Malyon ou de la maison Chisseret, cette demeure fut certainement édifiée pour un chaudronnier. Celui-ci, moins connu qu'un Pouffier n'a laissé aucune trace de son passage. Ayant construit à neuf, à l'emplacement probable d'une maison à pans de bois, il opta pour une bâtisse en pierre et s'orienta tout naturellement vers le nouveau style architectural. La crainte d'un incendie ayant poussé peu à peu ces artisans du feu à ce délaisser des structures en bois pourtant fort répandu dans le quartier depuis plus de deux siècles (groupe de maison de la rue Verrerie, maison des Trois Pignons etc.), notre chaudronnier construisit une façade en dure, sur deux niveaux.


Intéressante surtout pour ça partie haute, cette maison se compose d'un étage inférieur à grande vitre moderne, d'un étage noble disposant de trois fenêtres refaites et agrandit au XIXeme siècle et d'un étage de comble datant de la seconde Renaissance. Le niveau intermédiaire, bien que sans grand intérêt, ne manque pas de charme avec ces grilles en fer forgé et ces minuscules balcons en pierre. Même si la partie haute de cette façade ne souffre pas la comparaison avec les bossages de la Maison Malyon et les pans de bois de la maison des trois pignons, elle à tout de même fière allure avec ces lucarnes et ça niche Renaissance abritant une statue de Sainte-Marguerite en bois. Remplaçant une statue de Jésus au Sacré-Cœur qui avait été placé la en 1910, et succédant à une Vierge à l'Enfant d'origine, cette statue est mise en valeur par son cadre Renaissance. Représenté en prière avec les mains jointe, elle est parée d'un long manteau au pli retombant sur le devant. Insérée dans une niche à coquille, elle est entourée par deux pilastres ornés de branche d'olivier sinueuse et terminée par de petits chapiteaux à palmettes. L'ensemble repose sur une petite corbeille à feuille d’érable et se termine par un linteau mordant la corniche à godron.
Installé de part et d'autre de la statue, on retrouve les deux cartouches portant le millésime "1556". Au niveau des combles, les deux lucarnes sont terminées par des frontons-pignons à rampants concaves. Au centre du fronton gauche prend place un petit médaillon orné d'un symbole assez étrange. Figurant le chiffre 4 suivit d'une sorte de +, ce symbole que l'on appel souvent quatre de commerce est assez fréquent chez les commerçants du moyen-age et de la Renaissance. Visible également sur la clef de voûte de l'hôtel Godran et sur un cul-de-lampe de l'hôtel Morel-Sauvegrain, ce "chiffre" était probablement la signature du marchand ayant fait construire la façade. La partie basse manquante, aurait peut-être permit d'identifier le chaudronnier ou le potier d’étain qui réalisa les travaux. Quoiqu'il en soit, ces lucarnes avec leurs ailerons à volutes sont les témoins vivant du style architectural qui se développait alors. Orné de pilastres à chapiteaux corinthiens, ces lucarnes sont décorées de tige de chêne ondulante.



Conservé dans ça partie haute malgré les guerres de religion, la révolution et les différentes crises que connu Dijon au cours des siècles, cette maison parvint au milieu du XIXeme siècle sans trop d'encombre. Servant de tout temps à des marchands, elle fut la propriété du fabricant de fauteuils Jacques Guillemin vers 1845. Partageant ça maison avec Thomas Bresson, un militaire en retraite, ils occupèrent la maison jusque vers 1860 puis ce fut au tour du fils Bresson d'y habiter. Marié à Cecile Audiffred et exerçant le métier d'avoué à la cour d'appel, ce dernier ne semble pas être resté longtemps dans la maison. En effet on s’aperçoit que pour la période allant de 1866 à 1872 y vivent les rentiers Levêque et Malbranche ainsi que plusieurs familles de journaliers comme les Alexandre, les Perrot et les Legrand. Revenant en 1876 à Jacques Guillemin qui au passage c'est spécialisé dans la vente de meuble, la maison changea de nouveau de propriétaire en 1881. Habité à cette date par le coiffeur François Crochet, elle fut quelques années plus tard acheté par le fripier Firmin Chaudonet qui y vécu jusque vers 1900. Changeant une nouvelle fois de propriétaire, la maison fut à partir de 1906 occupé par le marchand de vin Pierre Son et ça femme Julie Vadot. Originaire de Saffres (21) et probablement déjà assez âgé au moment ou il vint s'installer à Dijon, il mourut vers 1910 et laissa ça femme et ça fille s’occuper seul du commerce. Ouvrant un café qui fonctionna jusqu'à la fin des années 20, celles-ci louèrent une partie de la maison pour gagner plus d'argent. Devenue la propriété de Claude Denizot* vers 1930, la demeure fut probablement rafraîchit à cette époque puisque plusieurs maçon Italien et Tchèque y logèrent. Changeant encore de main vers 1935, la maison se transforma en restaurant et fut tenue par Charles Pernette, ça femme et leur cuisinier René Jannin. Inscrite sur la liste des monuments historique en 1947, la maison est de nos jours occupée par les locaux de l'OPAC.

* Travail pour la compagnie de chemin de fer PLM