DIJON (21)
Maison au "6 rue de la Prefecture"
(dépendance de l'ancien Hopital Notre-Dame)
(voir la page d'accueil de Dijon)


Installé au début de l'ancienne rue Chaudronnerie (aujourd'hui rue de la Préfecture), cette maison de la fin du XVeme siècle, faisait partie des dépendances construite pour loger les malades et les religieux de l'ancien Hôpital Notre-Dame. Remontant à la fin du XIIeme siècle et situé à proximité de l'ancienne église Notre-Dame du Marché, cet hôpital dépendait primitivement du chapitre de Saint-Etienne. Constitué d'une chapelle placée sous le vocable de Saint-Martin et de bâtiments annexes pour accueillir et soigner les pèlerins, cet hôpital était également connu dans les temps anciens sous le nom de "petit monastère Notre-Dame". Occupant un espace compris entre la rue de la Chouette, la rue de la Préfecture et l'ancienne place Charbonnerie, il était diriger par un recteur et par quatre religieux nommé par l'abbaye Saint-Etienne. Grâce au livres de Claude Fyot de la Marche sur "L'histoire de l'église abbatiale et collégiale de Saint Estienne de Dijon" on sait que l’hôpital Notre-Dame fut mentionné pour la première fois en 1254 lorsque Adeline Pouget (née Petit de Besançon) légua une maison située prés du monastère Notre-Dame aux abbés et chanoines de Saint-Etienne. Déjà agrandit une première fois, les terres de l’hôpital se dotent en 1259 d'une vigne en "Longe Noue" donné au recteur par Agnès fille d'Ermengarde de Trie. En 1265, c'est au tour de Guillaume du Bourg de donner des fonds pour la restauration de la chapelle. Il en profite également pour stipuler dans son testament que trois messes soit dites en sont honneurs dans ladite chapelle.


Blason de l'Abbaye et du Chapitre de l'Eglise Saint-Etienne
"De gueules à une palme d'or posée en pal,
accompagnée de 3 cailloux d'argent, 2 en chef et 1 en pointe."
(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")

Rapidement la chapelle et l’hôpital devinrent trop petit pour accueillir les pèlerins et les malades qui affluaient en ville. Ne pouvant pas agrandir, les autorités municipales orientèrent les foules vers la nouvelle église Notre-Dame et vers l'hôpital de la Charité construit à l’extérieur des remparts. Continuant à fonctionner jusqu’au milieu du XVIeme siècle, l’hôpital fut des lors mentionné qu'en de rare occasion (quelques lettres, bulle Papale, sentences et arrêt du Parlement rédigé entre 1445 et 1486). Tombant peut à peut dans l'oublie, la chapelle fut délaissée totalement lorsque le recteur et les prêtres allèrent s'installer dans l'église Notre-Dame à la fin du XVeme siècle. Disposant encore de 16 lits en 1526, l’hôpital continua probablement à fonctionner jusqu’au milieu du XVIeme siècle. Tombant des lors en ruine, il parait en bien mauvais état sur le plan réalisé par Bredin en 1574. Son recteur, le frère Pierre Breschard reçu l'ordre l'année suivante de rétablir et d'entretenir l’hôpital mais les moyens mis à ça disposition était insuffisants. Malgré la visite de l’évêque de Chalon, Jacques de Nuchèze en 1633 qui trouve la chapelle et les bâtiments en ruine, rien ne fut fait. Celles effectué par l'abbé Claude Fyot en 1664, 1682 et 1687 n'y firent rien non plus. Les biens de l’hôpital Notre-Dame furent alors définitivement réunis à ceux de l'hopital-général en 1696 et les bâtiments durent être rasés entièrement avant la fin du XVIIIeme siècle. Avant cela on pouvait encore lire sur l'arc d'une porte situé au 20 de la rue de la Préfecture l'inscription suivante :
"C'EST ICI L'HOSPITAL DE NOSTRE-DAME"

Voici pour plus d'information une liste exhaustive des recteurs de l'hopital Notre-Dame:
- Robert de Chaignay, procureur et chanoine (vers 1373-1382)
- Girard et Etienne Puey de Spoy (entre 1391 et 1433)
- Vincent d'Aiserey, pretre et chanoine de Saint-Estienne de Dijon (vers 1407)
- Jacques de Lugny, chanoine de Saint-Estienne de Dijon (vers 1450)
- Jean Bardelot, chanoine secrétain de l'abbaye de Saint-Étienne (vers 1464)
- Richard Chambellan, abbé de Saint-Etienne (mort en 1475)
- Simon Margeret, prieur de Mirebeau (mort en 1485)
- Pierre de Breschard (vers 1573)
- Philippe de Bommercy (vers 1596)
- Nicolas Tabourot, prieur de Til-Châtel (mort en 1688)


Blason de la Communauté
des Maitres Serruriers de la ville de Dijon
(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")

Probablement construite sous le mandat de Richard Chambellan ou celui de Simon Margeret, cette maison de la fin du XVeme siècle porte sous la statue de la Vierge, les restes d'un blason appartenant sûrement au chapitre de l'église Saint-Etienne de Dijon. Certainement vendu avant même que les biens de l’hôpital soit rattaché à ceux de l'hôpital-général à la fin du XVIIeme siècle, cette maison fini entre les mains d'artisans qui l'occupèrent jusqu’à la fin du XVIIIeme siècle. Les troubles révolutionnaires ayant fait disparaître la Vierge à l'enfant d'origine, elle perdit toute connotation religieuse et parvint au XIXeme siècle sans trop d'encombres. Habité presque tout au long de ce siècle par différentes familles de serruriers, la maison servit indifféremment de boutique, d'atelier et d'habitation à cette profession si présente dans la rue. On y voit aussi à une période antérieur la famille Couturier (cordonnier de père en fils) et Jacques Clavel (1799-1879) un mouleur sur bois qui y habite lors du recensement de 1841. Habité par le serrurier Pierre Trevoux en 1846, elle passe entre les mains de Jean-Baptiste Chambrette en 1851. Issu d'une famille de serrurier installé à Dijon des le XVIIIeme siècle, Jean-Baptiste due partagé la maison avec deux sculpteurs, un cordonnier et un autre serrurier nommé Pierre Leveque dont nous retrouverons la descendance un peut plus loin. Devenue seul propriétaire des lieux en 1856, Pierre Leveque partage la maison avec son fils Edmond qui s'exerce au métier de cordonnier. Partagé entre cinq familles en 1861, la maison est habitée à cette époque par le charpentier Pierre Cavarel, les cordonniers Alexandre Berger et Jean-Baptiste Colombey, les menuisiers Gaspard Metos et Jean-Baptiste Farcy (fils de charpentier né en 1825).


Blason de la famille Euler
"de gueules, à la biche rampante d'argent"

Transmise à ça fille Octavie Farcy, la maison est partagée à cette époque en trois parties. Outre le couple Farcy/Durand qui se marie en 1865 et qui travail la pierre et la dentelle on y voit le menuisier Lecaër et le serrurier Augustin Leveque (parent probable de Pierre et Edmond Leveque). Après la guerre Franco-Prussienne le recensement indique que la maison était toujours habitée par Augustin Leveque et ça femme ainsi que par le cordonnier Nancéien Antoine Basse. Abandonné par les serruriers durant le dernier quart du XIXeme siècle, la maison voit se succéder durant cette période de nombreuses veuves. La veuve Drevon née Courcelles tout d'abord, puis Anne-Catherine Pingeon et enfin les sœurs Pauline et Louise Drevon vers 1891. Un peut plus tôt la maison abrita même un groupe de cinq institutrices qui durent rapidement déménager puisqu'elles n'apparaissent que sur le registre de l'année 1886. Au tournant du XXeme siècle la maison renoue avec le métier de serruriers et accueil Charles Euler (née en 1866) et ça femme Marie Bossus. Conservant la demeure durant le premier quart du XXeme siècle, il ajoute sur la façade une nouvelle statue de la Vierge à l'Enfant puis transmet la maison à son fils Henri (née en 1899) au moment de ça mort. Devenue à son tour serrurier celui-ci se marie avec Marie-Louis Pinet et eu deux filles. Acheté par le boucher René Faivre juste avant la seconde guerre mondiale, la maison est de nos jours occupée par une auto-école.



D'allure encore médiévale cette maison en pierre est percée d'un ensemble de fenêtre et de porte qui éclaire le rez-de-chaussée. Munie d'une grande baie en anse de panier qui servit peut-être à des fins commerciales, la façade est également pourvue d'une fenêtre double terminée par des arcs en accolade. La porte située à droite est surmontée d'une petite ouverture rectangulaire et d'une niche dans laquelle fut placée une Vierge à l'Enfant au début du XXeme siècle. Copié sur un original du XVeme siècle ce groupe aux traits délicat se présente sous la forme d'une Vierge portant une couronne et d'un enfant au vêtement légèrement relevé, couronné lui aussi. Posée sur un globe étoilé l'enfant semble arrêter le geste de ça mère. Vêtu d'un manteau au long pli descend jusqu'au pied, la Vierge s’apprête à dévoiler le sexe de l'enfant. Datant du XVeme siècle, la niche se termine par un petit pinacle à feuillages flamboyant. A l'autre extrémité, les trois blasons aux armoiries effacées s'inscrivent dans un entrelacs de feuillages délicatement ciselés.