DIJON (21)
Hôtel Jehan des Barres
(voir la page d'accueil de Dijon)


Comme son nom l'indique, cet hôtel fut la propriété de la famille des Barres, et c'est donc Jehan qui le fit construire vers 1560 dans le style Renaissance. Originaire d'Oissery en Seine-et-Marne, cette maison fait remonter ces origines au milieu du XIeme siècle. Ces membres les plus important furent Guillaume Ier des Barres (1130-1182), un chevalier et chef de cavalerie, qui s'illustra en Terre Sainte et qui rapporta une épine de la sainte couronne et son fils Guillaume II des Barres (1160-1234) qui sauva la vie du roi Philippe Auguste à la bataille de Bouvine en 1214. Son petit-fils Jean des Barres dit d'Oissery prit par à la dernière croisade menée par saint Louis et fut fait prisonnier à la bataille de la Massoure, en 1250. Divisé en plusieurs branches, le nom apparut en Bourgogne vers 1191, dans une charte ou Agnès comtesse de Nevers, confirme la donation faite par Hugues des Barres au chapitre d'Auxerre.


Probablement issu du premier mariage de Guillaume Ier des Barres, et descendant à la sixième ou septième génération de celui-ci, on retrouve un certain Jean Regnault des Barres d'Orsan qui vécut au milieu du XIVeme siècle. Son fils Regnault des Barres fut châtelain de Brazey entre 1386 et 1396 et fut receveur des droits du port de Saint-Jean-de-Losne. Celui-ci ayant eu deux fils, la châtellenie de Brazey revint à l’aîné, Perrault qui fut à son tour receveur (à partir de 1422), ainsi que grenetier au grenier à sel et lieutenant du bailli de Dijon en 1424. Marié à Hugotte d'Archambac, il eu plusieurs enfants et s’éteignit en 1439. Son frère prénommé Thibaut, fut garde de la monnaie d'Auxonne en 1428 et fut à l'origine d'une autre branche. Prénommé lui aussi Thibault, son fils fut capitaine gouverneur de la ville d'Auxonne et marchand à Dijon. Mort dans le dernier quart du XVeme siècle, il laissa 2 fils et semble être le premier à s'installer à Dijon dans la rue de la préfecture. L’aîné s'installa à Salins en Franche-Comté et le cadet prénommé Philippe fut à l'origine des seigneurs de Massingey et d'Ampilly. Ayant à son tour plusieurs enfants, il fut le père d'une nombreuse descendance qui s'illustra à la chambre des comtes, au parlement et à la mairie jusqu'au début du XVIIIeme siècle. Obtenant les terres de Ruffey et de Cussigny, ces membres firent de très belles alliances et l'un d'entre eux fit construire un hôtel particulier dans la rue Chabot-Charny, qui resta dans la famille pendant plusieurs génération.


Blason de la famille des Barres :
"d'azur dans une face d'or engreffée par le bas,
surchargée d'une étoile de gueule
et accompagnée de trois croissants d'argent"

(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")


C'est vers cette même période, situé dans la seconde moitié du XVIeme siècle qu’apparaît une autre branche de la famille des Barres. Descendant probablement de l'un des enfants de Perrault, cette ramification obtint les terres et la seigneurie d'Espiry et s'installa rue de la Chaudronnerie. Ayant pratiqué eux aussi le commerce, cette branche est connue à partir de Benigne des Barres, qui fut écuyer et auteur de rimes. Marié avec Barthélemine Girault, il eut un fils Jehan des Barres (mort vers 1600) qui fut le commanditaire de cette maison Renaissance daté d'environ 1560. Marié à Bernarde Bouvot et occupant la fonction d'avocat au parlement en 1576, il eut trois filles et un fils. Marié toutes les trois, ces dernières semble avoir fait de belle alliance puisque l’aîné épousa André Boudrier, contrôleur en la chancellerie, celle du milieu se maria avec Jean de Cirey, conseiller du roi et auditeur à la chambre des comptes de Dijon, la dernière s'allia avec Pierre Le Gouz, maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Bourgogne. Enfin Anselme des Barres, son unique fils, fut maître extraordinaire en la chambre des comptes de Dijon et semble avoir épousé Henriette Cassotte en 1592.

La proximité immédiate avec la maison des Cariatides située au 28 rue de la Chaudronnerie et l'absence de documentation concernant une éventuelle descendance à cette branche de la famille des Barres incite à penser que l'hôtel fut acquit par les mêmes marchands qui avait repris la maison des cariatides après la mort de Robert Pouffier en 1617. Quoiqu'il en soit, ont peut supposer que la maison passa dans les mains de plusieurs famille de marchand et qu'elle fut plutôt bien entretenue puisqu'elle nous est arrivée quasiment intacte. Même le percement en 1788 de la rue Lamonnoye afin de facilité la circulation dans le quartier n'y fit rien. Une lithographie datée de 1830 et signé du miniaturiste Th de Jolimont nous montre cependant que la porte, les fenêtres et la lucarne étaient surmontées d'un décor aujourd'hui disparu. L'installation d'une fontaine en 1823 et l'élargissement de la rue en 1864, embellir malgré tous la rue puisqu'elle permirent la création d'une petite placette qui est occupé de nos jours par un restaurant et par le siège de l'ICOVIL, (Institut pour une meilleure connaissance de l'histoire urbaine et des villes).



Si la rue Lamonnoye n'avait pas été crée, voici plus de deux siècles, on ne saurait pas en passant devant le 26 rue de la Chaudronnerie, que cet hôtel cache en son sein, une superbe galerie à pans de bois et deux très belles tours d'escalier Renaissance. En effet la façade qui s'offre à nous, rue Chaudronnerie, ne présente que peut d’intérêt. S'élevant sur quatre niveaux et percée par des rangées de quatre fenêtres, elle est d'une grande austérité. Heureusement, en contournant le monument par la rue Lamonnoye et en s’arrêtant sur la placette, on découvre un beau témoignage d'architecture daté d'environ 1560. Utilisant aussi bien le pan de bois que la pierre, l'auteur de ce monument à voulu semble-t-il imiter des constructions comme l'ancienne cour de l’hôtel Bernardon ou la galerie de l'hôtel Thomas Berbisey. Situé à gauche de la cour, les deux tourelles d'escalier adopte des formes différentes. De plan pentagonal, la première est surmontée d'un toit pentu et s'élève sur quatre niveaux. Percée d'un ensemble de petite fenêtre, elle est munie d'un grand escalier à pivot et marche engagée desservant l'ensemble du bâtiment. Légèrement cachée par la galerie, on découvre au rez-de-chaussée de cette tour, une belle porte Renaissance encadrée par des pilastres moulurés. Au-dessus, le double linteau plat qui les surmontent semble comme posé sur les chapiteaux d'ordre ionique et sur la petite agrafe de la porte. Séparée de cette tourelle par une petite portion de façade surmontée d'une lucarne à fronton triangulaire, la deuxième tour d'escalier de plan carré possède un étage de moins que ça voisine. Surmontée, elle aussi d'un toit pentu, elle est éclairée par quatre petites fenêtres et décorée d'une petite trompe placée au-dessus de l'une de ces baies.


Reposant sur deux colonnes cylindriques en pierre et sur des chapiteaux sculptés, la galerie à pans de bois est élevée sur deux niveaux. Protégée par une toiture à pans droits s'appuyant sur des piliers en bois et sur des jambes de force, formant des consoles, l'étage est équipé d'une balustrade orné d'un ensemble de croix de Saint-André. Assez sommaire la décoration se concentre surtout sur la poutre maîtresse. On y voit des motifs dentés, des cartouches entrelacées, de petites roses et des symboles faisant penser à l'infini. Toute cette décoration bien qu'assez simple, ne manque pas d’intérêt. Elle devait s’intégrer parfaitement avec la riche ornementation détruite au XIXeme siècle et visible sur la lithographie de Th de Jolimont. Le porte poulie à tête de lion mutilé et corps de sirène qui orne le mur gauche de la placette est lui aussi un bel élément décoratif. Reposant sur une coquille, il devait orner un puits aujourd'hui disparu. Un peut plus loin dans la rue, on découvre les traces d'un autre puits. Surmonté d'une tête de lion sculpté il e conservé ça niche et une petite coquille.