DIJON (21)
Maison Vernier
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Plutôt bien conservée, compte tenu de son ancienneté et des usures du temps, cette maison à pans de bois se situe depuis toujours sur la place du palais des Ducs. Elevée dans la seconde partie du XVeme siècle pour un riche artisan, elle servait alors de boutique, d'atelier et de résidence. Placé dans le prolongement du chevet de Notre-Dame, elle portait autrefois le nom d'hôtel du Rabot, en référence à la rue du même nom, mentionnée depuis 1434. Ce Rabot, symbole du métier de menuisier, fortement implanté sur la paroisse Notre-Dame au XVeme et XVIeme siècle était aussi celui du duc Jean sans Peur. Vivant juste en face, dans le palais ducal, ce dernier avait également prit pour devise "Je le tiens ! , Le bâton sera plané". Ce message à peine voilé s'adressait à son cousin le duc Louis d'Orléans qui avait prit comme emblème un bâton noueux et comme devise "Je l'ennuie !". En lutte depuis la mort de Philippe le Hardi en 1404, les deux hommes tentaient par tous les moyens de s'accaparer le pouvoir et la couronne des rois de France

Comme nous l'avons vue plus haut, cette maison-atelier fut construit pour l'un des nombreux menuisiers qui travaillaient au palais et dans les diverses églises de la ville. S'il est encore impossible de nos jours de savoir avec certitude qui fit construire cette bâtisse, on peut toutefois donner une courte liste de menuisier installé sur la paroisse Notre-Dame au cour d'une période allant de 1487 à 1554. Parmi ces noms figurent des maîtres et des jurés tel que Valley Boucher, Guillaume Fevre, Richard Guillaume, Antoine Mothot et Bonaventure Tholonion. Il est possible que ce soit l'un d'eux qui accueillie le prince Charles de la Tremoille en 1513, lors de ça venu en ville. En effet l'inventaire des archives communales, nous apprend qu'il logea ici début Mai et que son père Louis II de la Trémoille reconduit dans ça charge de gouverneur du duché fut logé dans la maison de Beauchamp (plus connu sous le nom d'hôtel Rolin). Après leurs départs, et une fois le siège des armées Suisse levées en Septembre 1513, la maison repris ces activitées habituelles. Continuant d’être habité par des menuisiers jusqu’à la fin du XVIeme siècle, elle passa par la suite dans de nombreuses mains d'artisans anonymes.

Il faut attendre le milieu du XVIIIeme siècle pour qu'apparaisse à nouveau le nom d'un propriétaire. Occupé des lors par le coutelier Pierre Picard et par ça femme Marguerite Rouard, la maison devait être louer par ces derniers jusqu'au moment de la révolution. Devenue bien national, celle-ci fut vendue pour 6300 livres au sieur Picard qui mit quatre ans pour rembourser son empreint. En âge de prendre leurs retraites, c'est leur fils unique Benigne Picard (1786-1839) qui devint à son tour coutelier. Lui adjoignant le métier de bandagiste au début du XIXeme siècle, ce dernier adapta ça maison au besoin de cette profession et remplaça le rez-de-chaussée sous encorbellement par une devanture moderne. Devenu père à son tour, il laissa la maison à ces fils Edmée (1810-1890) et Jean-Baptiste (1811-1879). Exerçant le métier de coutelier bandagiste à son tour, le cadet fut l'inventeur d'une pince horticole à double lame très utilisée en viticulture. S'associant vers la fin de ça vie avec E.Vernier, il se spécialisa dans les métiers de bandagiste et d’orthopédiste. N'ayant eu qu'une fille, Amélie Marthe (1852-1894), la maison et la boutique passa tout naturellement à M. Vernier qui en devint le seul propriétaire. Se spécialisant dans la fabrication de matériel médical (forceps de Barnes, spéculum de Récamier, instrument de Nonius...), il travailla pour les hôpitaux Dijonnais et Parisiens. Procédant à de nouveau travaux de restauration de la façade, il découvrit derrière la devanture en bois une niche abritant une Vierge à l'enfant et trois portes en accolades qu'il s'empressa de cachée derrière une nouvelle façade en bois. Encore visible sur place en 1918, cette Vierge à l'Enfant fut placée par la suite dans un grenier et disparu juste avant la seconde guerre mondiale. Sauvegardé d'une destruction certaine par Gabriel Grémaud en 1941, la maison servit pendant un temps de boutique à un pâtissier. Elle est de nos jours inoccupée.


Construite sur une base en pierre aujourd’hui fortement endommagée par des vitrines modernes, cette maison à pans de bois s’élève à l'angle de la rue du Rabot et de la place des Ducs. Du rez-de-chaussée depuis toujours dévolu au commerce, il ne reste qu'une accolade et une niche murée. En tout aussi mauvais état la façade donnant sur la rue du Rabot présente des restes d'accolade et une petite fenêtre moulurée. Les portes en accolades de différentes grandeurs et la niche avec ça Vierge à l'Enfant et un écusson vide, on depuis longtemps laissée place à une vitrine des plus banal. Cette Vierge photographiée dans le livre d'Eugène Fyot semblait avoir de jolie draperie malgré son visage un peut naïf et son mouvement de hanche un peut trop accentué.
Les deux étages à pans de bois qui surmonte la boutique, fort heureusement préservé montre un mur pignon souligné par des lambrequins en arc-de-cercle. Les fenêtres géminées des deux façades s’inscrivent dans un jeu complexe de sablière, de poteau, et de croix de Saint-André. L'ensemble reposant bien entendu sur un ensemble de console en bois est renforcé par des grosses console en pierre du coté de la rue du rabot.