DIJON (21)
Hôtel Bazard
(voir la page d'accueil de Dijon)


C'est depuis une petite place formé par un renfoncement dans la rue de la Préfecture que l'on admire le mieux cet hôtel de style Louis XV finissant. Bien auparavant, cette parcelle de terrain avait été celle d'Antoine de Vergy, comte de Dammartin (1375-1439) qui y avait fait construire une demeure de style gothique vers l'an 1439. Même si l'on ignore tout de cet hôtel, on suppose qu'il devait être luxueux du fait de la position éminemment importante du Comte de Dammartin. Occupant tout d'abord les fonctions de chambellan, il fut élevé à la dignité de maréchal de France en 1422 par le roi Henri V d’Angleterre. A son retour en Bourgogne, il reçut le poste de gouverneur du duché et du comté pour le compte de Philippe le Bon en 1423 et fut nommé par la suite chevalier de la Toison d'or en 1430. Bien avant lui, son père Jean III de Vergy (mort en 1418) avait été maréchal et gouverneur du comté de Bourgogne et son grand-père Jean II de Vergy était sénéchal de Bourgogne. Afin de s'assurer une éventuelle postérité, Antoine épousa Guillemette de Vienne vers 1424, mais n’eut pas d'enfants de celle-ci.


Antoine de Vergy, Comte de Dammartin
"Statuts, Ordonnances et Armorial de l'Ordre de la Toison d'Or"
Collection Gérard, Bruxelles


A ça mort en 1439, l'hôtel passa à son neveu Jean IV de Vergy (x 1460). Ce dernier n'ayant pas eu d'enfants, l'hôtel passa à la branche des seigneurs d'Autrey et de Champlite qui était issu de Jean II de Vergy. Ce succédant pendant plus d'un siècle, cette branche de la famille donna tout d'abord Guillaume IV de Vergy (x 1520), baron de Bourbon-Lancy. Servant tour à tour le duc de Bourgogne, le roi de France puis l'empereur d'Autriche, ce personnage fut chevalier des ordres de Savoie et de l'Annonciade, maréchal de France et capitaine-général des pays de Gueldres. Son fils Claude Ier (x 1560) fut maréchal et gouverneur du comté de Bourgogne. Il fut également lieutenant-général du comté en 1537 et chevalier de la Toison d'or en 1546. A ça mort, son neveu François Ier de Vergy (x 1591) obtint le titre de comte de Champlite et fut gouverneur de Bourgogne en 1560 puis chevalier de la Toison d'Or en 1584. Son fils aîné, Claude II (mort en 1602) fut à son tour gouverneur et capitaine de Bourgogne puis chevalier de la Toison d'Or. Durant toute cette période, le vénérable hôtel familial continua d’être en partie occupée par ces personnages et leurs familles puisque les seigneurs de Vergy avaient tous les fonctions de gouverneur de la Bourgogne.


Armes de Jean Legouz, élu du clergé
"de gueules, à la croix dentelée d'or, cantonnée de quatre fers de lance"
(Jeton des Etats de Bourgogne en cuivre datant de 1704)

A la mort du dernier comte de Champlite en 1602, l'hôtel semble avoir été déserté pendant quelque temps. Il faut attendre la fin du XVIIeme siècle pour qu'un nom soit associé à cette demeure. C'est à cette époque que les lieux furent habités par le doyen Jean Legouz (1649-1732). Celui-ci fut docteur à la Sorbonne, conseiller-clerc au parlement en 1687, abbé et doyen à la cathédrale Saint-Georges de Chalon et élu du clergé aux états généraux de Bourgogne qui eurent lieux en 1709. Vivant dans cette vieille bâtisse sans femme ni enfants, il y mourut vraisemblablement. Peut de temps après, le vieil immeuble passa à Philippe Antoine de Champrenault, chanoine de la Sainte-Chapelle. Il fut racheter le 15 Juillet 1757 par l'avocat à la cour, Auguste Théodore Bazard. Ne pouvant pas vivre dans une demeure proche de la ruine, celui-ci demanda en 1772 de refaire la façade de ça maison. Faisant appel à l'architecte Charles-Joseph Le Jolivet (1727-1794), il fit édifier les trois étages de ça maison dans un style Louis XV finissant. Egalement connu pour avoir travaillé au Palais des Etats et à l'hôtel Bouhier de Lantenay, Le Jolivet était issu d'une famille d'architecte Bourguignon. Quelque année après ça nomination au poste de procureur du roi (1781), Auguste Théodore Bazard vendit ça demeure à l'épicer Nicolas Tisserand (6 janvier 1795). Ayant changé de propriétaire à de nombreuse reprise au début du XIXeme siècle, l'hôtel fut acheté dans la seconde moitié du XIXeme siècle par Pierre Denis Clément un négociant en vin. Gardé dans cette famille jusqu'au milieu du XXeme siècle, l'hôtel qui de nos jours abrite des concerts et diverse manifestation est la propriété de Mme Koechlin.


Se développant sur trois niveaux, la façade de la rue de la Préfecture est une belle composition de style Louis XV finissant. Le portail, placé à gauche se termine par une anse de panier. Il est encadré par un appareillage de pierre taillée et surmontée d'un mascaron à tête féminine. Au niveau supérieur, un ensemble de quatre fenêtres éclaire l'étage noble. Soutenue par des consoles et reliées entre elle par des guirlandes de lauriers, ces fenêtres sont précédées par des balcons en fer forgé. L'ensemble est rythmé par quatre énormes pilastres à chapiteaux ioniques. Le niveau des combles est éclairé par quatre lucarnes se terminant par des frontons semi-circulaires munis d’agrafes en leur centre.
A l’intérieur, le porche d'entrée possède un joli décor peint qui conduit à un escalier lui aussi orné de peinture. On y admire également une cheminée Renaissance dans la cave et des plafonds à caissons dans certaines salles.