DIJON (21)
Maison au "8 rue Porte-aux-Lions"
(voir la page d'accueil de Dijon)


Situé à deux pas du palais ducal, la rue "Porte-aux-Lions" tirent son nom de l'un des anciens éléments défensifs qui ceinturaient la ville dés l'antiquité. Construite dans la seconde moitié du IIIeme siècle cette porte d'origine romaine devait être ornée d'un ensemble de sculptures en forme de lions. Reconstruite après le terrible incendie de 1137 la nouvelle porte du être élevée vers 1187, sous le règne du duc Hugues II le Pacifique. Tombé par la suite en désuétude, elle fut partiellement démolie en 1443 lors de la construction de la tour de la Terrasse par Philippe le Bon. On finit par raser les quelques vestiges subsistant au moment de l'édification du pavillon du Palais des Etats en 1773. Le groupe d'habitation qui la remplaça des le début du XVeme siècle accueilli en majorité des commerçants. On y voit apparaître également quelques familles dijonnaise de moyenne importance comme les Royer. C'est en effet sous le nom "d'hôtel Royer" qu'est aussi connue la maison du "8 rue Porte-aux-Lions".

Cette famille connue dans les textes dés le début du XVeme siècle eu pour membre le plus important un certain Philibert Royer ou "Rothier". Originaire d'Autun ce dernier fit des études de droit et fut tout d'abord clerc licencié ès-lois. Dés 1427, on le retrouve en tant que procureur aux sièges de Nuits et de Beaune. Finalement il termina ça carrière comme conseiller du duc Philippe le Bon. Anoblie par ce prince en 1434, on sait qu'il avait épousé une certaine "Guillemette". Son nom de famille n'est malheureusement pas parvenu jusqu'à nous. Même si leur descendance est hypothétique, on suppose qu'ils eurent des enfants puisqu'on retrouve un François Royer seigneur de Pourin en 1462 à Mâcon en tant que bailli puis à Lyon en tant que sénéchal. Nommé tout d'abord écuyer puis conseiller et chambellan du roi Louis XI, il fut envoyer à Milan en Juin 1462 pour traité des affaires de René d'Anjou avec François Sforza duc de Milan. Dépêché par la suite dans la cité de Liège en Septembre 1467, il s'entretint avec Raes de la Rivière, seigneur de Heers au sujet du conflit bourguignon et de ça capitulation. Le 8 mars 1468, il reçut l'ordre de se saisir du château de Pierre-Scise et d'en ôter le gouvernement à Odile des Estoyes. Enfin, il fut envoyé en Septembre 1471 à Chambéry pour ratifier le traité de paix établie entre la duchesse de Savoie, l’évêque de Genève et les comtes de Bresse. Jugé trop dur par les habitants de Lyon il est destitué par le roi en mai 1473 et remplacé par Jean d'Estuer, seigneur de la Barde.

Par la suite on trouve un François Royer, seigneur des Autels et de la Tour-Saint-Micault, guidon de la compagnie de Jean de Nagu-Varennes en 1596 et gentilhomme du duc d'Orléans. Marié en 1587 à Claude de Rimont, il eut un fils que nous verrons plus loin. D’après certaine source il fut également gouverneur de Saint-Gengoux en 1589. Son fils Philippe-Emmanuel Royer (mort en 1673) choisi lui aussi une carrière militaire. Il la commença en 1644 en tant que capitaine du régiment du duc d'Enghien. A la même époque il fut nommé aide de camp auprès de Louis II de Bourbon. Devenu lieutenant-colonel du régiment d'infanterie de ce prince en 1650, il le rejoignit dans le parti d'opposition au roi (la Fronde) et commanda la ville de Chalon en son nom. Une fois la rébellion du prince de Condé terminé (en 1653), il obtint le poste de colonel de son régiment puis devint maréchal de camp des armées du roi. En 1672, soit un an avant ça mort il obtint les postes de gentilhomme de la chambre du prince et celui de gouverneur du château de Dijon. De son mariage avec Aimée de Tenance il eut deux fils.
L’aîné, François fut seigneur de Cersot puis comte de Saint-Micaud. Il fut également chevalier puis capitaine au régiment de Condé. Marié à Françoise-Philippe Bataille de Cussi en 1676, il eut à son tour un fils. Prénommé François-Emmanuel (1678-1728), ce dernier fut marquis de Saint-Micaud. Il exerça les fonctions de brigadier des armées du roi, puis celle de colonel de régiment de cavalerie de Bourbon en 1701. Mariée en 1711 avec Catherine-Edmée de Riqueti (1689-1765), il ne semble avoir eu qu'un fils, Henry Bernard Royer de Saint Micaud qui fut capitaine d'infanterie au régiment de Montmorency. Marié en 1748 avec sa cousine Aymée Catherine Royer de Saint-Micaud (1), ce dernier eu une fille Marie-Antoinette (x 1819) qui épousa en 1775, Alexandre comte de Scoraille (1750-1832). Avec cette dernière s’éteignit la lignée de Royer de Saint-Micaud.

Malgré toutes ces précisions historique et généalogique concernant la famille Royer on ne sait pas avec certitude quels membres de cette famille en fut le constructeur et si d'autres membres furent propriétaires des lieux. On sait par contre exactement qui fut à l'origine de la Vierge à l'Enfant dont une copie orne encore la niche flamboyante de la façade. C'est en effet un certain Jehan Chemin qui la fit exécuter peut après 1448 par un maître sculpteur venant de Saint-Apollinaire (peut-être s'agit-il d'un apprenti du célèbre tailleur d'images Jean Fouquerel alors au service de Jean Rolin à Beaune). Au regard de ces quelques éléments, on peut supposer que Jehan Chemin acheta cette maison à un membre de la famille Royer vers 1440-1450 et qu'il fit élever cette statue pour orner la façade. Employé comme cuisinier au château par la duchesse de Bourgogne, Isabelle du Portugal, Jehan était également commensal de l’hôtel ducal. Comme le démontre la pension versée par la duchesse de Bourgogne en 1461-1462, ça fille devait certainement manquer d'argent. Elle fut probablement contrainte de vendre la demeure à Jean Macheco, un marchand boucher. Conservé par son fils Arnoult (x 1483) et probablement par son petit-fils Richard Macheco (x 1503), la maison semble avoir par la suite été transformé dans le goût de la Renaissance mais ces occupants son resté anonyme. Tombé dans l'oubli jusqu’en 1892, elle suscita à nouveau de l’intérêt lorsque Louis Courajod (1841-1896) alors conservateur adjoint du musée du Louvre l'emporta sans ce soucier du vide qu'elle laissait. Ce n'est qu'en 1913 que le sculpteur dijonnais Xavier Schanosky (1867-1915) entrepris la réalisation d'une belle copie. De nos jours l'original fait toujours partie des collections du musée du Louvre à Paris. Enfin, la maison fut inscrite aux monuments historiques en 1943.


(1): fille de Jeanne Marie Colin de Serre et de Henry Bernard de Royer, major du régiment de Bourbon en 1730 et chevalier de Saint Louis.



La façade de pierre qui donne sur cette petite ruelle est percée au rez-de-chaussée par deux grandes arcades en anse de paniers et surmontées par de fines accolades. La petite porte installée entre ces deux baies, est elle aussi terminée par un petit arc en accolade. Ces deux grandes ouvertures pratiquées au niveau du sol trahissent la vocation commerciale de cette demeure qui avait appartenue comme nous l'avons vue plus haut au Macheco qui était des marchands bouchers. L'étage supérieur est percé de deux grandes fenêtres à meneaux de style Renaissance ayant de belles moulurations et se terminant par des accolades. Une petite fenêtre gothique complète l'éclairage de ce niveau.
La plus belle partie de la façade est sans nul doute la niche flamboyante et la statue de la Vierge à l'Enfant. Haute d'environ 1m50, la niche se termine par une arcature trilobée ornée de feuilles de chênes. Dans le renfoncement prend place une statue de la Vierge tenant l'enfant Jésus sur son bras gauche. Le long manteau de Marie couvre ça tête et retombe à ces pieds par un ensemble de plis contrariés. Dans ça main droite relevée elle tient une coupe. Pour faire échos à ce geste, la main gauche de l'enfant tient un phylactère déplié. Le visage de l'enfant à des oreilles qui semble disproportionnée par rapport au reste du corps. Pour finir la Vierge porte sur son crâne une couronne d'où parte quelques mèches de cheveux.