DIJON (21)
Porte Guillaume
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Au cours des siècles, ce monument de la place Darcy a changé souvent de nom et de fonction. Connu autrefois sous le nom de "Porte Condé", il a retrouvé de nos jours son nom d'origine à défaut d'avoir retrouvé ça vocation première. Dédié à l'abbé de Saint-Benigne, Guillaume de Volpiano (960-1031), cette porte fut conçue au départ pour défendre la ville. Faisant partie du système défensif imaginé par Hugues II le Pacifique après le terrible incendie de 1137, la porte comprenait à l'origine deux tours ronde avec un pont-levis et un bureau d'octroi. Le terrain sur lequel on édifia cette fortification appartenait à l'abbaye Saint-Benigne, il fut donné à Hugues II par l'abbé Pierre II (1130-1145). Déjà mentionné en 1260 dans une charte de l'abbaye de Saint-Seine, sous le nom de "Porta Guillelmi", la porte fut par la suite renforcée vers 1389 par un ouvrage avancé et deux tourelles latérales. C'est la ville qui se chargea une nouvelle fois d'acheter les terrains (ceux de l'actuel square Darcy) pour que cette construction voit le jour. Des la première moitié du XVeme siècle, les registres évoque les noms et professions des habitants de la porte. On y trouve tout d'abord un "pelletier de peaulx" du nom de Cordelier puis en 1444 un artilleur s'appelant Parceval, enfin l'échevin Pierre Mariot est connu pour en être le portier en 1470. Comme on le voit, l'aspect défensif de cette porte avait été mis de coté au temps des ducs de Bourgogne. Il en fut tout autrement après le rattachement de la Bourgogne à la France et lors du siège des Suisses en 1513. A cette occasion la porte résista aux assauts de l'artillerie mais une brèche fut faite juste à coté par les canons Suisses. Après ces terribles événement, les fortifications de la ville furent réparées et consolidées. On voit sur le plan d'Edouard Bredin, datant de 1574 que la porte à en effet été renforcée par un petit bastion avancé.


Porte Guillaume, extraite du "Nouveau plan de la ville et des environs de Dijon"
par Jean de Beaurain en 1767 (Archives de la Ville de Dijon)


Avec le rattachement de la Franche-Comté à la France en 1678, l'ensemble du système défensif de la ville devint inutile et tomba progressivement en ruine. Les plans de Pierre Lepautre et de Jean de Beaurain datant respectivement de 1696 et 1767 sont assez éloquents sur ce sujet. Afin de donner une entrée digne de ce nom à la ville de Dijon, il fut décidé de détruire l'ancienne porte fortifiée et de construire un arc de triomphe à la place. L'ancienne porte avec ces tours fut donc démolie en 1782 et l'on confia la réalisation du nouveau projet à l'architecte Jean-Philibert Maret (1756-1827). Après plus de deux ans d'étude, Maret présenta ces dessins et au début de l'année 1786 les travaux purent enfin commencer. Confié au maître d’œuvre Jacques-Nicolas Caristie (1747-1817), ceux-ci furent terminés en mars 1788. Une fois l'ouvrage achevé, on confia la réalisation des bas-reliefs au sculpteur Claude-François Attiret (1728-1804). Afin de rendre hommage au prince de Condé (Louis-Joseph de Bourbon-Condé (1736-1818)), Attiret sculpta quatre bas-reliefs évoquant la vie et les batailles menées par ce dernier. Il fut aussi décidé que le monument prendrait le nom de cet illustre personnage, elle fut donc rebaptisée "porte Condé". Cette dénomination fut de courte durée puisque la porte pris le nom d'arc de la Liberté durant les troubles révolutionnaire. Des 1791, les plaques de marbres sur lesquelles figuraient des dédicaces et des textes latins furent remplacées par la Déclaration des Droits de l'Homme. A la chute de l'Empire en 1814, la porte reprit son nom de Condé et les inscriptions révolutionnaires furent effacées. La même année, l'architecte-voyer Jacques Caumont surmonta l'arc de triomphe d'un char antique conduit par une déesse. Cette sculpture en plâtre fut achevée pour la venue du comte d'Artois le 22 Août 1814. Les intempéries et la dégradation rapide du plâtre obligèrent les autorités à démonter cette œuvre en 1818. Quelque année plus tard l'arc de triomphe retrouva son nom d'origine et fut à nouveau appelé porte Guillaume. Avec l'apparition de l'automobile, la porte change encore de fonction et devient un lieu de passage avant d’être fermée à la circulation dans le courant de XXeme siècle. Elle est depuis 1938 classée comme monument historique.


S'élevant à la sortie de la rue de la Liberté, cette porte à la forme d'un arc de triomphe. Elle est constituée de deux piédroits décorés de bossages continus en tables. Au-dessus prend place un entablement de style dorique. Le toute est recouvert d'une grande arcade ayant la voûte ornée de caisson. Les guirlandes en feuilles de chênes qui ornent les piédroits surmontent de simples plaques de marbres. A l'origine celles-ci étaient recouvertes de texte en latin. On pouvait y lire entre autre la dédicace de la porte, ça date de construction, et plusieurs noms comme ceux du maire Louis Moussier et de l'intendant Antoine-Léon Amelot de Chaillou. On y découvrait également les fait marquant de la vie du prince de Condé. Les bas-reliefs de la grande arcade ont eut plus de chance puisqu'il nous sont parvenue intact. Au nombre de quatre ils figurent un génie présentant à la Bourgogne les armes de Condé, un Génie déroulant un texte en présence de Minerve, une Muse de l'Histoire et une allégorie de la ville de Dijon.