DIJON (21)
Maison Le Compasseur
(voir la page d'accueil de Dijon)
Connu de nos jours sous le nom d'hôtel Bénigne Le Compasseur cette superbe demeure Renaissance occupe l'emplacement d'une vieille maison de vanniers (cette corporation a d’ailleurs donné son nom à la rue dans laquelle se trouve l'hôtel). Racheté vers le milieu du XVIeme siècle par Bénigne le Compasseur, le terrain et l'antique bâtisse furent rapidement remplacé par une belle maison en pierre à la décoration conçu soit par Hugues Sambin (1520-1601) soit par l'un de ces élèves.
Historiquement, la famille des Compasseur, originaire du Roussillon est attesté depuis la fin du XIIeme siècle. Guillaume Le Compasseur, originaire d'Elne (66) est connu grâce à un acte de vente passé en 1188 avec Bertrand de Peirellon pour une terre située sur la commune d'Ope. Réfugié en France après la destruction d'Elne en 1285, cette famille s'installa en Champagne et vint habiter à Troyes. Conservant une partie de leur possession Catalane jusqu'en 1390, la famille Le Compasseur fit souvent la navette entre leurs terres d'origine et leurs pays d'adoption. C'est Bernard Le Compasseur, seigneur D'estagel qui mit fin à ces voyages en vendant ces terres d'Estagel pour 8000 sous à Raimond de Perallos, vicomte de Roda. Dés lors les Compasseur s'installent pour la plupart dans la capitale Champenoise. Implanté en Bourgogne dés 1474, les Compasseur attendirent 1498 pour prendre pieds à Dijon. Edme Le Compasseur (arrière-petit-fils de Bernard) fut le premier à s'y établir lors de son mariage avec Jacqueline Hannequin. Grâce à l'argent accumulé alors qu'il était marchand à Provins, il put acheter une partie des seigneuries de Tarsul et de Courtivron avant de mourir en 1504.
Armoirie des Le Compasseur de Courtivron
(Armorial général du Duché de Bourgogne,
par Charles d'Hozier, 1696,
"Bibliothèque Nationale de France")
Par la suite, son fils Bénigne Ier le Compasseur (1500-1588), repris les fiefs de son père en leurs adjoignant les seigneuries de Jancigny, d'Alcheu, d'Ahuy et d'Heulley. Occupant tous d'abord la fonction d’écuyer, il servit par la suite le maréchal de Tavannes en tant qu'homme d'arme de ça compagnie d'ordonnance et finie garde de la monnaie du roi de la ville de Dijon. En compagnie de Bénigne de la Perrière, ça première femme, il eut un fils mort en 1612. Connu sous le nom de Claude Ier Le Compasseur ce dernier fut titré Chevalier, Seigneur de Courtivron, de Bevy, Ahuy et Belleneve. A la suite d'un brevet daté de 1595 et signé de la main du roi Henri IV, les terres de Courtivron furent érigées en baronnie puis en marquisat pour ça descendance et ces héritiers. Comme il n’eut pas d'enfant de ça femme, Michelle Frémyot (x 1615), C'est son neveu, un autre Claude Le Compasseur (x1668) qui hérita de ces biens. Durant ça vie Claude Ier fut tour a tour chevalier et conseiller du roi puis maître de la chambre des Comptes (1567), trésorier général de France (1581) et enfin président au Bureau des Finances en 1586. Son neveu Claude (x 1668) hérita donc de ces terres et fit à peu prés la même carrière. Tout d'abord reçu comme conseiller-clerc au parlement de Bourgogne (1620) il fut par la suite conseiller laïc en 1625 et fini comme conseiller d'état en 1656. Tout au long des XVIIeme et XVIIIeme siècles, les marquis de Courtivron occupèrent des places de plus en plus importantes au parlement de Bourgogne puis furent militaires dans la cavalerie et l'infanterie au cours du XIXeme siècle.
C'est donc grâce à Bénigne Ier le Compasseur (1500-1588) et à son fils Claude Ier, que cette maison fut construite. Edifiée dans le style d'Hugues Sambin vers 1575-1580, la demeure fut occupée par la famille Le Compasseur jusqu'au milieu du XVIIeme siècle. Au cours de l'année 1661, François-Bernard (1627-1702) qui était le deuxième fils de Claude Ier et de Anne de Bout épousa Thérèse Fyot. Peut de temps après il quitta ça maison de la rue Vannerie pour venir s’installer avec ça femme dans l'hôtel de Farsans situé rue Jeannin. Par la suite, une longue liste de propriétaires anonymes et bienveillants permirent à ce lieu de traverser les siècles sans trop de dommage. Les troubles révolutionnaires et les attaques du temps ne vinrent pas à bout de l’échauguette Renaissance. Seul l'ancienne porte d'entrée à disparue. Heureusement une lithographie d'Emile Sagot publié en 1840 dans le livre "Dijon ancien et moderne" de Charles Maillard de Chambure nous donne une idée de ça décoration et nous laisse supposée qu'elle fut bouchée entre cette période et 1901. En effet, à cette date la porte n’apparaît plus sur les vieilles cartes postales. Cette porte à été remontée à la fin du XIXeme siècle sur la façade de l'école François de Sales situé rue du Lycée
Au début du XXeme siècle, la célèbre échauguette de Sambin qui avait plus de trois siècles d'existence fut l'objet de convoitise de promoteur Américain. Originaire de Chicago ceux-ci voulaient démonter le monument et le remonté sur un gratte-ciel. Ce projet plus que farfelu rentrait dans le cadre du plan d'urbanisme daté de 1909 et conçu par l'architecte Daniel Burnham (1846-1912). C'est à cette même date que la préfecture de la Côte-d'Or racheta l'ensemble de l'immeuble et en fit don a la ville de Dijon afin que l’échauguette soit sauvée.
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