DIJON (21)
Hôtel de Frasans
(voir la page d'accueil de Dijon)


Situé au n°13 de la rue Jeannin, cette maison fut tout d'abord la propriété de la paroisse Saint-Michel. Celle-ci s'était installé dans cette rue depuis le XVIeme siècle et souhaita se débarrasser de cette demeure en 1621 en la vendant à Jean Guillaume (1570-1626) et à son épouse Michelle de Frasans. Ces deux familles, issues de la noblesse de robe dijonnaise unirent leurs deux enfants en 1596. Jean qui était avocat au Parlement de Bourgogne (1595) suivit la même voit que son père qui avait été avocat au bailliage d'Arnay-le-Duc. De son mariage avec Michelle de Frasans, il n’eut qu'une fille, Claire Guillaume qui épousa Philippe Fyot en 1620. Les Frasans qui était originaire de Bourgogne remontait pour leur part à Girard de Frasans dit Bauvalot qui avait été anobli par Philippe le Bon en 1437. Cette ligné donna par la suite un secrétaire du roi en la personne de Guy vers 1496 puis un notaire connu sous le nom de Jean de Frasans en 1518. Ensuite apparaît le nom d'Etienne de Frasans qui fut maître extraordinaire des comptes en 1544 et greffier au bureau des finances. Bénigne, le fils qu'il eut de Claire Morlet fut lui aussi greffier au bureau des finances (1583). Michelle qui fut vraisemblablement ça fille se maria avec Jean Guillaume et fit construire ce bel hôtel particulier dans le style classique. Par la suite le fils de Bénigne, nommé Jean seigneur d'Orain (mort en 1609) et son petit-fils Jacques (mort en 1663) furent tout avocat et occupèrent à de nombreuses reprises le poste de vicomte-mayeur de Dijon. Par la suite cette famille continua d'occuper une place importante dans la noblesse dijonnaise et fut souvent amener à siéger à la chambre de comptes. Certain de ces membres reçurent la seigneurie de seigneur de Labergement-les-Auxonne et de Daix. Etant devenue veuve de bonne heure, Michelle de Frasans continua d'habité son hôtel et fit creuser un puits perdu dans ça cour en 1632. sa fille Claire comme nous l'avons déjà vue épousa Philippe Fyot en 1620. Issu d'une grande et vieille famille dijonnaise celui-ci possédait les seigneuries de la Marche, de Saulx, d'Arbois et de Montjay. Il fut également conseiller du roi, garde des sceaux et second président au Parlement de Bourgogne.


Armoirie des Frasans

Ces fils laissèrent l'hôtel de Frasans à leur sœur Thérèse Fyot (morte en 1727) qui épousa en 1661, François-Bernard le Compasseur, seigneur de Courtivron et châtelain de Saulx (1627-1702). Ce dernier était également conseiller du roi au Parlement puis président à mortier du Parlement. Après le décès de son époux, la veuve Fyot revendit l'hôtel pour 17000 livres au chapitre de la Sainte-Chapelle qui était représenté à cette époque par son doyen, Jean Bouhier (1666-1744). Ce dernier sera quelque année plus tard le premier évêque de la ville de Dijon (par bulle papale daté de 1731). Au cours des décennies qui suivirent, l'hôtel accueilli plusieurs doyen dont Anne Louis Henri de La Fare (1752-1829) qui sera tour a tour évêque de Nancy, député du clergé, Archevêque de Sens et finalement Pair du royaume sous la restauration. Durant la tourmente révolutionnaire l'hôtel est compris dans les biens nationaux puis revendu en août 1791 à Jean-Baptiste Thouzet un négociant de Vitteaux qui l’achète pour la somme de 14000 livres. Deux ans plus tard il revendit ce bien à Jean-Baptiste Thomas-Sauteray pour la somme de 20 000 livres. Ce négociant en vin dijonnais su conserver cette demeure et la transmit après ça mort à ces filles Catherine et Angélique qui se partage la maison. De son mariage avec M. Forgeot, Catherine eu un fils qui racheta l'ensemble de l'immeuble puis le revendit pour 35 000 livres en 1851 à Jean Trutat (né en 1796) un secrétaire général de la mairie et Nicolas Tretot-Trutat un receveur du bureau des finances. Par la suite, leurs descendants continuèrent d'habiter l'hôtel et le firent restaurer durant une campagne menée en 1878. En 1889, Paul Trutat et Henri Guillot, tous deux docteurs en médecine et petits-enfants de messieurs Trutat et Têtot-Trutat, devinrent propriétaires de l'hôtel de Frasans. Enfin depuis quelque année, l'hôtel abrite la Fédération du Bâtiment de Côte-d'Or.


Les deux ailes en forme d’équerres de l'hôtel de Frasans sont précédées par une jolie cour et par un portail qui ferme le tout. De style classique, celui-ci est à bossage finement taillé. L'entablement de ce dernier repose sur des consoles à motifs végétaux. Les grilles en fer forgées qui ferme l’accès à la cour sont un remarquable travaille de ferronnerie d'art. Dans la cour plantée d'arbuste et de plante verte on peut admirer un bloc de sculpture moderne figurant les cents ans de la Fédération Française du Bâtiment. S'élevant sur deux étages, la maison est constituée de deux ailes en équerres et d'une construction en légère avancé sur le coté gauche. Le tout est couvert d'une toiture en tuile polychrome vernissée ornée de motifs géométriques entrelacés dans les tons noirs, or rouge et verts. Les grandes fenêtres du premier et du deuxième étage sont surmontées de fronton triangulaire et circulaire reposant sur des modillons et encadrant des cartouches. La porte d'entrée est surmontée d'une décoration complexe et recherché comprenant un oculus soutenu par des volutes lié par une guirlande de fruits. L'encadrement de l'oculus est décoré par des motifs végétaux entrelacés se rejoignant au niveau d'une petite vasque. L'espace compris dans le linteau est constitué de bossage orné d'entrelacs et d'une tête féminine posée sur une serviette. La séparation entre chaque étage est faite par des bandeaux d'appuis et par une corniche. Un chaînage d'angle délimite la partie donnant sur la cours et celle donnant sur la rue. Au niveau des combles, on retrouve deux lucarnes à fronton cintré brisé reposant sur des ailerons en volute. Le centre du fronton est occupé par les armoiries des Frasans qui sont :
"D'or au cerf de gueules, sommé sans nombre".



La belle ordonnance classique inaugurée avec les façades exterieur, se retrouve dans la disposition des pièces interieur. Chaque étage comprend en effet deux petits cabinet, deux chambres et une salle. Il faut ajouter à cela un oratoire dont la voute sur croisée d'ogive est ornée des armes de la famille Guillaume et un bel escalier qui dessert tous les niveaux. Construit vers 1618-1621 cet escalier est somme toute assez original avec ça rampe-sur-rampe, son mur-noyau et son retour composé d'un quartier-tournant. Les arcades reposent quant à elle sur des impostes à chapiteaux toscans et ioniques. L'ensemble est agrementés par une étrange frise d'arceaux. L'autre élément remarquable de cette belle demeure se situe dans la grande salle du rez-de-chaussée. Outre le beau plafond à caisson en chêne massif que l'on peut voir en levant la tête, c'est surtout la cheminée qui attire immediatement l'attention. Assez semblable à celle de l'hôtel Vogüé, elle présente de belle incrustations polychromes au niveau du manteau et possède des piedroits flanqués de consoles. La hotte est munie de pilastres corinthiens, de volutes et d'un masque feminin à ailettes couronnant le tout.