DIJON (21)
Hôtel de Cirey
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L'ordre Cistercien des Bernardines du Tart qui avait été fondé en 1125 dans une petite commune proche de Dijon possédaient depuis le XIVeme siècle les terrains qu'occupe l'actuel hôtel de Cirey. Ces terres agricoles que l'on appelait alors "meix" étaient reparties sur la rue Chaudronnerie et sur l'ancienne rue des Crais. N'étant pas assez rentable à leurs yeux, les Bernardines louèrent cette portion de terre à la famille Cirey contre une redevance. Cette parcelle fut en tout premier lieu exploitée par Nicolas de Cirey qui vivait vers le milieu du XVeme siècle. Malgré ces origines modestes, cette famille dijonnaise su rapidement s'enrichir et fut placer à des postes important dès le début du XVIeme siècle. Parisot de Cirey (fils de Nicolas) fut marchand et grènetier à sel d'Autun, de Saulx et de Pontailler. En compagnie de ça femme Marguerite de Munies, il vivait dans l'ancienne rue du Marché-au-Blé et semble avoir fait construire cette maison de style gothique. Jusqu’à ça mort survenu vers l'an 1500, il continua à verser une redevance aux Bernardines du Tart pour l'ensemble de ces terres.
Plus connu que Parisot ; son frère Jean de Cirey (1434-1503) fut tout d'abord abbé de Balerno (Jura) puis rejoint l'abbaye de Citeaux en 1470. Des 1476, il occupait le poste d'abbé général de Citeaux (il démissionna de se poste en 1501), puis fut nommé premier conseiller né en son parlement de Bourgogne par Louis XI en 1477. Il fut également l'auteur de nombreux documents relatifs à l'abbaye de Citeaux. Il préféra habiter l'hôtel du Petit-Citeaux dans l'ancienne rue Saint-Philibert.

Bénigne (mort en 1529), fils de Parisot fut marchand comme son père. Ces deux frères furent respectivement prieur de Saint-Etienne de Dijon et licencié ès droit à Langres. S'étant considérablement enrichie grâce au commerce du sel, Bénigne acheta tout d'abord la maison contiguë à la sienne au chaudronnier Brechillet puis fut nommé vicomte-mayeur en 1508 et fut enfin anobli en 1509. Il reçu à cette occasion les seigneuries de la Motte, de Pontailler et de Pouilly-les-Dijon. Par la suite il occupa treize fois le poste de Vicomte-Mayeur de Dijon (de 1508 à 1514 puis de 1518 à 1523). Sa descendance fut assurée grâce aux deux mariages qu'il fit et aux nombreux enfants qu'il eut de chacune de ces épouses. De ça première femme il eut un fils Benigne II qui fut chanoine infirmier de Saint-Etienne de Dijon et cinq filles. De Guillemette Jacqueron, dame de La Motte, il eut deux fils et une fille. Bernard II, fut seigneur de Villecomte et occupa le poste de conseillé laïc au parlement de Dijon en 1543. Il se maria avec Huguette de Morlet mais n’eut pas de fils. Jérôme son frère (mort vers 1595), fut seigneur de Magny et d'Is-sur-Tille. Il fut conseiller clerc au parlement de Dijon en 1583. De son mariage avec Marguerite de Malvoisin, il eut Bénigne III de Cirey qui fut conseiller au parlement en 1583. La cadette, Marie de Cirey, épousa Jean Tisserand (mort en 1551), professeur à l'université de Bologne et conseiller au parlement en 1532. A la mort de son époux elle légua à ces enfants l'hôtel de la rue Chaudronnerie. Par la suite, trois membres de la famille Cirey continuèrent d'occuper des postes de conseiller au parlement de Dijon. Le nom s’éteignit avec Jean-Baptiste de Cirey, seigneur de Gerland (mort en 1712).

Comme on peut le voir, la maison familiale des Cirey passa donc à celle des Tisserand. Le fils de Marie de Cirey, prénommé Jean comme son père fut conseiller du roi au parlement et lieutenant particulier du bailliage de Dijon. Il occupa les fonctions de maire en 1623, 1624 et 1634 et mourut en 1635. Son frère, Bénigne Tisserand fut seigneur de Sassenay. Il fut lui aussi conseiller au Parlement de Dijon de 1569 à ça mort en 1611. De ça femme Anne de Pontoux il eut un fils Jean-Jerome Tisserand qui s'illustra en tant que conseiller au Bailliage de Dijon (1658). Il reçut les terres de Beire, Tailly et Trochère. Faisant face à des difficultés financières il vendit ça maison en 1656 pour 7000 livres à Hilaire Bernard Demouhy conseiller du Roy et trésorier de France en la généralité de Bourgogne et de Bresse entre 1652 et 1677. Ce dernier eu une fille prénommée Odette (1659-1743) qui fut dame de Damey et habita l'immeuble jusqu'à son décès. Morte sans postérité, la maison revint à sa nièce Anne Demouhy et au mari de celle-ci. A la fin de la même année, ils revendirent cette propriété au notaire François Poulet. L'hôtel de Cirey resta par la suite dans cette famille jusqu'en 1795. A cette date, la propriété fut racheter par Jean Canier et Benoît Derongy un négociant en vin. Ce dernier racheta des 1799 l'ensemble de l'immeuble et y vécu avec ça famille jusqu'en 1848. Elle fut ensuite acquise par le menuisier Chotard et par son fils Félix qui y vécu jusqu'en 1919. Elle servit jusqu'en 1924 de clinique des pauvres puis fut occupée par un inspecteur des chemins de fer. De nos jours ce sont des appartements de particulier qui occupe les lieux.


De conception gothique, la façade de l'hôtel de Cirey affiche une certaine sobriété par rapport au belle demeure Renaissance présente de la rue. S'élevant sur trois niveaux quasiment identiques, l’immeuble du 27 rue Chaudronnerie est éclairé à chaque étage par quatre fenêtres surmontées d'un arc en accolade. Les deux baies centrales sont jumelées et sont encadrées par des tores reposant sur des petits socles fasciculés. Les deux petites baies extérieures sont juste surmontées d'une accolade. Le même schéma se répète sur l'ensemble des trois étages. Etant dépourvu d'ouverture au rez-de-chaussée, l’accès à l'immeuble se fait par la maison mitoyenne. La porte cintrée de celle-ci est malheureusement presque entièrement murée.