CHATEAUNEUF-EN-AUXOIS (21)
Château de Châteauneuf
(voir la page d'accueil de Châteauneuf-en-Auxois)


Ce lieu chargé d'histoire doit son existence à Jehan de Chaudenay. En compagnie de son épouse, Elisabeth de Mont-Saint-Jean, il fit construire, vers le milieu du XIIème siècle, une maison-forte pour son fils cadet prénommé lui aussi Jean. Son autre fils, Guy de Chaudenay, conserva la demeure paternelle et participa au siège de Saint-Jean d'Acre en 1191. Comme le voulait l'usage féodal, le plus jeune fils pris le nom de sa nouvelle terre et s'y installa (vraissemblablement dès 1175). Ce "Castrum Novum", qui n'était à l'origine qu'un donjon rectangulaire perché sur un éperon rocheux, fut embellie au cours des siècles et pris par la suite le nom de Châteauneuf. Prenant donc le nom de Jean Ier de Châteauneuf, ce dernier oeuvra beaucoup pour le clergé et fut inhumé en 1229 dans l'abbaye de La Bussière. De son mariage avec une certaine Isabelle, il eût trois fils. L'ainé, Guillaume Ier, mouru en 1223 et fut à l'origine de la lignée des Châteauneuf. Pierre, le second, rejoignis la milice du Temple et Jean, le cadet, partis en Terre Sainte vers 1227. De son mariage avec Dameron de Saulx, Dame de Thorey-sur-Ouche, Guillaume eût un fils que l'on connait sous le nom de Jean II de Châteauneuf. C'est grâce à ce dernier que les habitants du village furent affranchis en avril 1267. En 1272, on le voit rendre hommage au duc Robert II de Bourgogne. A sa mort en 1294, il laisse une veuve, Guillemette, dame de Villaines-les-Prévôtés, et dix enfants. Quatre d'entre eux eurent des postes divers dans l'église d'Autun. Un cinquième, Guillaume II mouru en 1303 et laissa à ses enfants le château et la seigneurie. Pierre Ier, son fils ainé, participa en 1314 à la ligue de protestation contre le roi Philippe IV le Bel. Marié en seconde noce à Jeannette de Travelle, ils eurent trois fils qui se succedèrent tour à tour à la tête de la seigneurie. De son vivant, Pierre Ier entrepris la construction d'une enceinte fortifiée pour se protéger des attaques anglaises. A sa mort en 1354, c'est son fils ainé Guy qui récupera le domaine. Diplomate et militaire, ce dernier avait, en 1344, accompagné Eudes IV de Bourgogne pour signer un accord de paix avec les Anglais dans la ville d'Avignon. En 1356, il assista impuissant à la défaite Française lors de la bataille de Poitiers. L'année suivante, il fit partie du cortège nuptial de Philippe de Rouvres avec Marguerite de Flandre. Mort sans enfant au début de l'année 1358, il laissa ses terres à son frère Simon de Châteauneuf.


Armoirie de la maison des Châteauneuf

Parallèlement à cela, les Anglais progressaient rapidement dans le duché de Bourgogne. Ils obligèrent le jeune Philippe de Rouvres et sa mère à signer un traité de paix qui prévoyait le versement d'une grosse somme d'argent et l'envoi de prisonniers en cas de non paiement. Afin d'aider le duc, Simon se joignit aux autres seigneurs de la région et versa au Anglais une partie de l'argent demandée. Comme la dette n'était pas entièrement remboursée à la mort de Simon en 1360, son frère Poinçot se constitua prisonnier à Londres. Faisant plusieurs fois l'aller et retour entre ses terres et celle des Anglais, il revint définitivement en Bourgogne en fevrier 1462. S'illustrant au côté du comte de Tancarville, il fut capturé par une troupe de routiers lors du siège du château de Brignais. Définitivement libéré de son engagement en 1364, il continua à combattre les Anglais et fit construire un nouveau mur d'enceinte avec des tours défensives pour son château de Châteauneuf. Accompagnant le duc Philippe le Hardi à Chinon en 1372 pour une dernière campagne, il se retira peu après dans son château et mouru vers 1387. De son mariage avec Marguerite de Voudenay, il eût deux fils prénommés Guyot et Guyart. Guyot devint seigneur de Châteauneuf et Guyart hérita de la seigneurie de Villaines-les-Prévôtés. Prenant les armes aux cotés du duc de Bourgogne, Guyot participa en 1412 au siège de Château-Chinon. En 1414, il accompagne Jean de Neufchâtel en Artois. L'année suivante, on le retrouva au camp de Lagny puis, à celui de Beauvais en 1417. Envoyé à la frontière bourguignonne en 1419 pour combattre le dauphin et les Armagnac, il continua à se battre jusqu'au siège de Semur en 1431. Il passa le reste de sa vie à faire des dons à plusieurs monastères. Mort en 1441 sans enfant mâle, il eût, de sa femme Isabelle de Plancy, trois filles dont Catherine qui hérita de la seigneurie. Née en 1419, cette dernière avait épousé en première noce Henri d'Aznel. Aprés la mort de ce dernier survenue en 1439, elle se remaria avec Jacques d'Haussonville. Accompagnant son mari en Champagne, elle le délaissa peu à peu et tomba amoureuse de son intendant Giraud de Parmentier. Tous deux mirent au point un stratagème visant à éliminer l'époux génant. Ils passèrent à l'acte en 1455 en empoisonnant ce dernier. Une enquête fut alors demandée par les frères de la victime. Rapidement, les soupçons se portèrent sur Catherine qui fut transférée à Paris et avoua rapidement. Condamnée au buché en mars 1456, ces biens furent confisqués et le château fut recupéré par le duc de Bourgogne.


Philippe Pot
Gisant conservé au
Musée du louvre à Paris
Par lettre patente signée à Bruges en Avril 1457, Philippe le Bon en fit don à son conseiller et filleul Philippe Pot, seigneur de la Roche et de Thorey-sur-Ouche pour service rendu (il venait de négocier le mariage du futur Charles le Téméraire avec Isabelle de Bourbon). Né en 1428, ce brillant diplomate, fut au service de deux ducs de Bourgogne puis servi le roi de France Louis XI après qu'il fut disgrâcié par Marie de Bourgogne, la fille du Téméraire. Recevant de nombreux titres et de multiples décorations tout au long de sa carrière, il fut, entre autre, chevalier de la Toison d'Or en 1461 puis, grand Chambellan et seigneur de Lille et Douai en 1464. Après la mort de Charles le Téméraire en 1477, Louis XI s'attacha ses services et le fit chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, gouverneur du dauphin Charles et grand sénéchal de Bourgogne. Grâce à ses talents d'orateur et à ses connaissances en politique, il fut élu député de la Noblesse lors des états généraux de Tours en 1484. Ses prises de position au cours des débat lui permirent de garder son poste de gouverneur de Bourgogne jusqu'à sa mort en 1493 malgré l'hostilité de la régente Anne de Beaujeu. Durant la trentaine d'années qu'il fut en possession du château de Châteauneuf, Philippe Pot n'eût de cesse de transformer les lieux et d'améliorer les conditions de vie dans cette antique forteresse. Ayant été habitué aux fastes de la cours des Ducs de Bourgogne, il entrepris la construction d'un nouveau logis de style gothique flamboyant. A l'intérieur, il y aménagea une immense salle de garde avec une cheminée portant ses armes et sa devise "TANT L VAULT". Accollé à cette pièce, il fit construire une chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame et consacrée en 1481. Vers la même période, il fit construire un bâtiment aujourd'hui en ruine que l'on connait sous le nom de logis des hôtes. La période durant laquelle il fut au service de Louis XI fut l'occasion pour lui d'entreprendre quelques modifications au niveau des murs d'enceinte et, notamment, au niveau de la porterie qui conservait autrefois ses armes accompagnées du collier de l'ordre de Saint-Michel.

Armoirie personnelle de Philippe Pot



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Guillaume, baron de Montmorency
Par l'atelier de François Clouet
Musée de Beaux-Arts, Lyon
N'ayant pas eu d'enfant, c'est son frère Guy Pot (1428-1510) qui hérita du domaine et du château. Conservant les titres de son frère, il fut également seigneur de la Prugne de Damville et Toiré, comte de Saint-Pol, bailli de Vermandois, gouverneur de la Touraine et chambellan du roi Louis XI. Marié en 1460 à Marie de Villiers de l'Isle-Adam, il eût deux enfants. L'ainé , René ou Regnier, mouru en 1502 sans postérité. Sa soeur Anne Pot, dame de La Rochepot (1470-1510), fut l'épouse de Guillaume, baron de Montmorency (1454-1531). Par ce mariage prestigieux avec l'une des plus grandes familles du royaume, Anne Pot était assurée d'avoir une vie confortable et donnait au château famillial de puissants acquéreurs. Des sept enfants qu'eût le couple, deux seulement reprirent le titre de seigneur de Châteauneuf. François, tout d'abord, qui fut seigneur de la Rochepot puis baron de Châteauneuf et gouverneur de Paris, mouru sans postérité en 1551. C'est donc son frère Anne, premier duc de Montmorency (1493-1567) et connétable de France, qui s'occupa du domaine. Marié à Madeleine de Savoie-Villars, baronne de Montberon (1510-1586), il s'occupa à partir de 1555, du rachat de plusieurs terres qui avaient été vendu par ses frères et soeurs. Il pu ainsi constituer un important patrimoine pour ses nombreux enfants et, notamment, pour son fils Charles de Montmorency (1537-1612), duc de Damville, amiral de France et pair de France qui devint possesseur de Châteauneuf à la mort de son père en 1567. A partir de cette époque, l'histoire du château fut intimement liée à celle de l'histoire de France qui voyait les ligueurs affrontés les partisans du roi Henri IV. Charles, qui avait pris le parti des ligueurs, laissa défendre son château par le capitaine de La Villeneuve. Ce dernier résista brillemment contre les attaques de Jacques Chabot, marquis de Mirebeau, comte de Charny (mort en 1630).

Anne de Montmorency
Par François Clouet
Musée Condé, Chantilly

Aprés l'abjuration d'Henri IV et le ralliement de la plupart des ligueurs, Villeneuve ouvrit ses portes en novembre 1595 au maréchal Charles de Gontaut-Biron (1561-1602) contre le paiement d'une indemnité de 1000 écus. Mort sans enfant, Charles de Montmorency laissa châteauneuf à sa nièce Madeleine (1582-1615) baronne de Gandelu (fille de Guillaume (1554-1593), seigneur de Thoré). Avant de prendre possession du château en 1612, Madeleine avait épousé en 1597 Henri de Luxembourg (1582-1616), duc de Piney, prince de Tingry. Les deux filles qu'ils eurent firent de beaux mariages. Marie-Liesse, princesse de Tingry (1611-1660), la cadette et heritière du château, épousa Henri Ier de Lévis, duc de Ventadour (1596-1651). Etant extrêmement pieux tous les deux, ils décidèrent de rentrer dans les ordres. Marie-Liesse fini supérieure dans le monastère qu'elle avait fondé à Chambéry. Afin d'éponger les dettes qu'avait contracté la famille Luxembourg, ils mirent en vente le château et les terres. Racheté par Charles de Vienne (1597-1661), Comte de Commarin en 1627 pour la somme de 66 000 livres, le château subi à cette époque quelques modifications intérieures. Résidant aussi bien dans son château de Commarin (à quelques kilomètres) que dans sa baronnie de Châteauneuf, il décora plusieurs chambres dans le goût de son siècle. Marié à Marguerite Fauché de Domprel (morte vers 1654), il eût un fils, Henri de Vienne (1632-1687) qui fut comte de Commarin et Baron de Châteauneuf. Sa femme Jeanne-Marguerite Bernard de Trouhans, s'installa à Châteauneuf et lègua le château à son second fils Louis Comte de Vienne, Baron de Chateauneuf (1665-1741). L'ainé, charles de Vienne (1656-1744), hérita du château de Commarin. Louis, qui était conseiller du roi, vécu la plupart du temps à Châteauneuf. Marié à Marie Comeau en 1709, il donna naissance à un fils en 1712. Prenommé Louis-Henri, ce dernier avait épousé en 1731 Henriette-Marie-Pélagie de Saulx-Tavannes et avait eu trois filles et un fils avant de mourir en 1793.


Jean Pâris de Montmartel
par Maurice Quentin de Latour
Musée Antoine Lécuyer,
Saint-Quentin
Louis-Ursule, le seul héritier qu'il avait eu en 1734, mouru de la petite vérole en 1758 lors de la campagne de Westphalie. Aprés sa mort, son père rencontra de graves difficultés financières et fut contraint de vendre le château à Jean Pâris de Montmartel (1690-1766), un banquier parisien. Acheté par son fils Armand Paris en 1767, le domaine fut vendu pour la somme de 340 000 livres. Ce dernier autorisa Marie Comeau à vivre dans le château juqu'à sa mort qui survint en 1777. Lorsqu'Armand Pâris, Marquis de Brunoy, mouru de la variole en 1781, ses finances étaient au plus bas. Ses héritiers furent contraint dès 1783 de vendre le domaine afin de rembourser une partie des emprunts contractés par le marquis. Mort sans enfant, il vécu toute sa vie dans le faste et la démesure. Particulièrement intéressé par les cérémonies de toutes sortes, il avait un plaisir macabre à organiser les obsèques de ses proches. Toutes ses dépenses obligèrent sa famille à vendre Châteauneuf pour 370 000 livres au marquis d'Antigny, Jacques François Damas (né en 1732). Grâce à ce personnage, qui était également comte de Ruffey et baron de Chevreau, les châteaux de Commarin et de Châteauneuf furent à nouveau rassemblés par la même famille. Il tenait Commarin de sa mère Marie-Judith de Vienne (1699-1780). Arrêté et relaché plusieurs fois durant la révolution, Jacques François se retira dans son château d'Antigny où il mouru en 1811. Durant la dizaine d'années suivant 1789, le château subit de nombreuses dégradations, les armoiries furent effacées, le mobilier dispersé et il est fort probable que le logis d'hôte fut détruit durant cette période. Une fois les troubles révolutionnaires passés, c'est son fils Charles, duc de Damas (1758-1829) qui fut en possession du château. N'ayant eu qu'une fille, Adélaïde-Louise de Damas (1784-1838), le château changea une nouvelle fois de main et fut récupéré par son époux Charles-François comte de Vogüé (1781-1807). Conservé et restauré par cette famille tout au long du XIXème siècle, le château fut vendu à l'état en 1936 par le Comte Georges de Vogüé (1898-1987). Classé monument historique depuis 1984, le site est depuis ouvert à la visite tout au long de l'année.




La silhouette élancée de cette vieille forteresse se détache très nettement du reste du paysage constitué par des paturages et par le canal. Placé au sommet d'un éperon rocheux culminant à 475 mètres de haut, le château de Châteauneuf s'étale sur une longueur de 75 mètres de long pour 35 mètres de large. La cour intérieure est entourée par un ensemble de sept tours reliées entre elles par de puissants murs défensifs. L'accès à cette cour se fait par un pont-levis flanqué de deux tours circulaires construites dans le dernier quart du XVème siècle par Philippe Pot. Placée au Sud-Est, cette porterie conserve les traces dans ses murs des chaines qui permettaient de monter et descendre le pont-levis. Au centre étaient placées les armoiries de Philippe Pot : "écartelé au 1er et 4eme d'or à la fasce d'azur, au 2eme et 3eme echiqueté d'argent et de sable à deux cimeterre d'or". L'ensemble était entouré par le collier de l'ordre de Saint-Michel. De tout ceci, on ne distingue plus qu'un cartouche à la décoration gothique. La grosse tour ronde située à gauche du pont-levis est désservie par un escalier à vis placé dans une tourelle polygonale visible de l'extérieur. Des meurtrières accentuent l'aspect défensif de la construction. L'ensemble est couvert d'un toit en poivrière fait de tuiles plates. La seconde tour à la toiture arrasée est percée de fenêtres et de meurtrières. Son sommet servait probablement au tir des canons et des bombardes.



C'est à Pierre de Châteauneuf et à son fils Poinçot que l'on doit la construction de l'enceinte fortifiée du château. Conçue au cours de deux campagnes successives, les travaux se déroulèrent de 1340 à 1385 environ. Elle est constituée d'une enceinte allongée formée de hautes courtines et flanquée de cinq tours rondes. L'ensemble de ces fortifications est précédé par un large fossé creusé à même la roche qui empéchait l'entrée des assaillants. Pour permettre l'accès à la cour, un pont-levis avait été placé au nord-est. De celui-ci, nous sont parvenus quelques éléments comme les grosses piles enjambant le fossé, les deux portes occupant la partie supérieure du mur et les passages de chaîne qui entourent un cartouche martelé. Les deux grosses tours d'angle qui encadrent ces restes de construction adoptent la forme de fer-à-cheval. Elles s'élèvent sur trois étages et comportent un étage de soubassement couvert d'une coupole. Le rez-de-chaussée voûté est percé de canonnières. Le premier et le deuxième étage servaient d'habitation. De ce fait, ces deux niveaux sont éclairés par des fenêtres à coussièges. Ce système défensif est complété par l'ancien donjon carré et par une grosse tour circulaire placée au revers du logis principal. L'austérité de l'ensemble est allégé par de belles fenêtres à meneaux placées à l'extérieur du logis.



A l'angle nord-ouest de la cour se trouve l'ancien donjon carré construit pour Jean Ier de Chateauneuf à la fin du XIIème siècle. L'accès à cette tour se fait par un escalier extérieur soutenu par une console baroque à large volute. L'ensemble fut élevé par la famille de Vienne au XVIIème siècle. Ce donjon, malgré ses nombreux remaniements, s'élève toujours sur quatre niveaux et possède encore de nos jours un toit en pavillon. Juste en dessous prend place une corniche à modillons s'inserrant entre deux réglets de pierre. Le reste du mur est occupé par des baies disposées à tous les étages afin d'éclairer les pièces. A l'origine, seule la partie haute de la tour était munie d'ouvertures. Celles-ci furent murées à la période classique afin de donner plus de confort. Dans le prolongement Nord-Est du donjon, l'intérieur du parement de la courtine est muni de corbeaux qui soutenaient un chemin de ronde. Au centre de la courtine sont conservés les restes d'une tour carrée portant les marques d'un ancien pont-levis.
La façade du grand logis, remodelée par Philippe Pot dans la seconde moitié du XVème siècle, comprend deux étages surmontés par des combles éclairés par des lucarnes. Celles-ci sont décorées par des pignons à rampants fleuronnés de plus pur style gothique. Les grandes fenêtres du premier étage furent modifiées au début du XVIIIème siècle. On y enleva les meneaux et on fit boucher les moulurations et les accolades afin de gagner de la clareté. A la même époque, la porte principale fut modifiée à son tour, on la remplaça par une porte à fronton semi-circulaire. De ce fait, seul la tourelle d'escalier octogonal semble avoir été épargnée par les restaurations entreprises au cours du XVIIIème siècle. Abritant un escalier à vis, elle est surmontée d'un toit conique en tuile et s'ouvre par une porte flamboyante surmontée d'un arc en accolade et de pinacle fleuronné. A sa droite s'élève encore un puit de pierre surmonté par un auvent en bois.




A gauche du grand logis, Philippe Pot fit également édifier une chapelle qu'il accola contre le mur Nord de l'enceinte fortifiée. Dediée à Notre Dame, cette chapelle rectangulaire fut consacré en 1481. La façade sud est éclairée par une grande fenêtre ogivale et s'ouvre par une simple porte accessible au moyen d'escalier. La charpente est couverte d'une toiture en tuile plate.
L'intérieur de la porterie principale est surmonté par une tourelle d'escalier octogonal munie de petites ouvertures sur chacun des ses niveaux et couverte par une toiture conique. Le mur s'élevant au dessus de la porte est ponctué de corbeaux qui soutenaient probablement des hourds en bois.



Adossé à la courtine Est, ce bâtiment à l'affectation incertaine était destiné soit aux cuisines soit à l'hébergement des hôtes. Conçu du temps de Philippe Pot, il fut laissé à l'abandon puis ruiné avant d'être la victime de nombreux intempéries. Il fut finalement couvert d'une toiture en 1983. S'élevant sur deux niveaux, la façade en pierre de taille est percée de fenêtres à meneaux finement décorées et par une porte centrale ornée d'un gâble à fleurons. Desservie autrefois par un escalier à vis dans-oeuvre en façade, dont on peut encore voir la tourelle circulaire émerger du toit, le bâtiment a perdu toutes ses divisions intérieures. Seuls les murs conservent des cheminées monumentales. On y voit, sur le mur de refent du rez-de-chaussée, une très belle cheminée double accrochée à la muraille qui montre que les lieux furent occupés par des cuisines.



Installée au rez-de-chaussée, la "salle des Gardes" est une grande salle rectangulaire surmontée d'un plafond à la française. Le sol est recouvert de carreaux en émaille de teinte rouge et le mur nord conserve une cheminée monumentale de style gothique flamboyant. L'âtre est entouré par un jeu de colonnettes s'inscrivant dans de belles moulurations. Le manteau qui la surmonte conserve la trace des armoiries de Philippe Pot qui furent martelées à la Révolution. L'ensemble est peint de larges bandes noires et rouges dans lesquelles on peut lire la devise "TANT L VAULT" au milieu de guirlandes de feuilles de lierre. Dans le petit cabinet circulaire de la tour nord est installé une très belle maquette du château

La belle porte gothique qui s'ouvre dans le mur sud de la Salle des Gardes permet, au moyen d'un escalier, de pénétrer dans la chapelle de plan rectangulaire. Pavée elle aussi de carreaux émaillés, la chapelle est surmontée d'une voûte de bois en berceau lambrissé. Les arcs de celle-ci ont la particularité d'être de plus en plus inclinés au fur et a mesure que l'on se rapproche de l'autel afin d'augmenter la perspective. Sur les flancs, les murs furent recouverts de peintures murales représentant le Christ bénissant et les douze apôtres placés dans des niches en trompe l'oeil. Attribuées au peintre bourguignon Pierre Coustain, ces oeuvres sont placées sur un fond constitué de larges bandes de couleurs ocre, noir et rouge. L'ensemble de la pièce est éclairé au sud par une grande baie de style ogival à trois lancettes. Une petite fenêtre percée dans le mur Nord permettait le suivi de la messe depuis la chambre seigneuriale. Au centre de la chapelle est installée depuis le milieu des années 90 une belle copie du tombeau de Philippe Pot dont l'original est conservé au Musée du Louvre. Juste derrière la porte d'entrée se trouve également une belle statue en bois polychrome du XVème siècle figurant une Vierge à l'Enfant.




A l'étage, la plupart des pièces sont occupées par des chambres à coucher. L'une d'entre elles est surmontée par un plafond à caisson et chauffée par une belle cheminée aux moulurations supportant un large manteau recouvert d'un enduit blanc. Le mobilier de style gothique et Renaissance comprend un beau lit à baldaquin à tenture rouge, un meuble bas en chêne, une commode et plusieurs chaises à bras. Sur les murs est tendu un ensemble de sept pièces de tapisserie figurant la vie de Moïse. Ces tentures de laine et de soie, réalisées par un atelier bourguignon à l'extrême fin du XVIème siècle, racontent en sept épisodes la vie de Moïse. La chronologie des scènes en est la suivante :

- Moïse sauvé des eaux et confié à la mère de Pharaon.
- Moïse soumis à l' épreuve du charbon ardent (après avoir fait tombé la couronne de Pharaon)
- Moïse gardant le troupeau de son beau-père, Dieu lui ordonne de faire libérer son peuple, il se présente devant Pharaon en compagnie de son frère Aaron.
- Départ des Hébreux et rassemblement devant Moïse et Aaron, représentation des plaies d'Egypte
- La Mer Rouge s'ouvre pour laisser passer Moïse et les Hébreux puis se referme sur l'armée égyptienne.
- Chant et danse de remerciement
- Hébreux réclamant à Aaron une idole et fonte du veau d'or.




La chambre de velour rouge est equipée d'une alcove à l'intérieur de laquelle prend place un lit a baldaquin aux tentures de broccart. Les murs sont decorés de stucs figurant des guirlandes avec des puttis et des pilastres corinthiens.
La chambre jaune possède une belle cheminée de marbre à la décoration datant du XVIIIème siècle. Le lit et le reste du mobilier datent de la même époque. Sur les murs de ces deux pièces sont accrochés plusieurs tableaux du XVIIème siècle figurant des sujets bibliques (Sainte Famille d'après Andréa del Sarto et Judith exhibant la tête d'Holopherne), des natures mortes (au perroquet et aux bouquets de fleurs) ainsi que des portraits représentant Charles Ier de Vienne et Marguerite Fauché de Domprel.