BEAUNE (21)
Hôtel-Dieu
(voir la page d'accueil de Beaune)
Au lendemain de la guerre de Cent Ans, la Bourgogne s'était agrandie grâce à l'avantageuse paix d'Arras signée en 1435 entre le roi Charles VII et le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Malgré ce traité, la population resta dans la misère la plus totale. Ce cortège de désolation fut bientôt accompagné d'une famine extrême que les bandes d'écorcheurs ne firent qu'attiser. Ces anciens mercenaires royaux s'étaient constitués en bande armèe et pillaient les villes du duché. Assassinant et brûlant tout sur leur passage, ils sévirent entre 1435 et 1445 dans les principales villes de Bourgogne. Envahissant, entre autre, les villes de Dijon et Beaune (1438), Tonnerre (1439), Mâcon et sa région (1442) et Auxonne (1444), ils causèrent de grandse désolations et furent probablement à l'origine de la peste qui débuta vers 1438. La ville de Beaune, qui était grandement touchée par cette pauvreté, était toute désigné pour accueillir un "hôpital des pôvres". Ce genre d'établissement avait commencé à voir le jour principalement dans le Nord (celui de Valenciennes fut fondé en 1432). Dans l'actuelle Belgique, celui de Gand remontait au milieu du XIIIème siècle. En Bourgogne, l'ancien hôpital Notre-Dame-des-Fontenilles avait été fondé par Marguerite de Bourgogne en 1293. S'inspirant de ces modèles, le chancelier Nicolas Rolin (1376-1462) et son épouse Guigone de Salins (1403-1470) ne furent pas insensible à la misère du peuple et voulurent soulager les pauvres de la région. Dès 1441, le chancelier Rolin obtint du pape Eugène IV des lettres d'indulgence et d'exemption pour la fondation d'un hôpital. Le duc Philippe le Bon octroya lui aussi des lettres patentes affranchissant le nouvel établissement de toutes redevances. Hésitant entre sa ville natale d'Autun et Beaune, c'est cette dernière qui fut finalement choisie. Puisant dans ses fonds personnels, il dota l'établissement d'une rente de 1000 livres prélevée sur les saulneries de Salins. Le terrain sur lequel fut implanté l'hôspice fut vendu par Guillaume de Vienne, seigneur de Saint-Georges (mort en 1444). Ces terres jouxtaient les anciennes halles du duc et abritaient plusieurs maisons ainsi que l'ancienne tour Lancelot. Deux ans plus tard, l'acte de fondation fut enfin rédigé par le chancelier et les travaux purent enfin commencer. Ce texte, daté du 4 Août 1443, demeure bien encré dans l'esprit de l'époque. En voici un extrait:
![]() Nicolas Rolin Polyptyque du Jugement Dernier Rogier van der Weyden Hôtel-Dieu, Beaune |
Comme on peut le voir, le chancelier Rolin oeuvrait autant pour le salut de son âme que pour le réconfort des pauvres qui abondaient dans la ville de Beaune. Durant les travaux qui se prolongèrent sur environ huit années, le chancelier fit appel à de nombreux corps de métier. Une foule d'artisan de toutes sortes s'activait sur le chantier. Les maçons, qui oeuvrèrent tout d'abord, furent dirigés par le maître Jean Ratheau. Le 9 Octobre 1446, un marché fut passé avec un groupe de charpentier pour couvrir le grand corps de bâtiment sur rue, la chapelle et la flèche. Dirigés par le maître-charpentier Guillaume La Rathe, les travaux furent effectués par Guillemin Dudet, Jehannin Garreau et Simon Bernier. Au début de l'année 1447, comme la grand-salle n'était toujours pas couverte, les frères Andry de la chatellenie de Germolles passèrent un marché avec le chancelier. Ils fournirent les ardoises qui furent posées par Baudechon Courtois, couvreur spécialisé originaire de Maizières-sur-Meuse. Au printemps suivant, la Grand-Salle était couverte lors du passage dans la ville de Guigone de Salins. Peu de temps après, les travaux de plomberie furent effectués par Colin Vinet et par d'autres artistes qui posèrent les faîtages de dentelle, les girouettes et les pignons fleuris. En 1447, le tailleur d'images Jehannin Fouquerel réalisa les dessins des carreaux qui devaient paver les salles. Ces carreaux furent par la suite confectionnés par Denisot Jeot tuilier à Aubigny. C'est ce même personnage qui réalisa les tuiles vernissées de la grande galerie en bois. Entre le mois d'août 1448 à juin 1449, le lit de la Boulaize fut detourné au moyen de fossés, puis canalisé afin de servir d'égoût. En même temps que les artisans élevaient les bâtiments, la conception d'un immense polyptyque consacré au Jugement dernier était donné au peintre flamand Rogier van der Weyden. Conçu approximativement entre 1445 et 1450, ce gigantesque retable ornait à l'origine la chapelle de la Grand-Salle. La consécration de cette dernière par l'évêque Jehan Rolin, le 31 décembre 1451, nous montre que les travaux avancèrent rapidement. Placé originellement sous le vocable de Saint Antoine, celui-ci fut substitué en 1452 par Saint Jean-Baptiste. Le 1er janvier 1452, le premier malade était confié aux soins de six soeurs recrutées par Rolin au béguinage de Malines. Ces hospitalières furent encadrées dès le début par la Supérieure Alardine Gasquierre. Alors que les soeurs s'occupaient des malades, l'intendance de l'hospice était confiée à André Duvernoy puis, quelques années plus tard, à Jean Duban. |
![]() Guigone de Salins Polyptyque du Jugement Dernier Rogier van der Weyden Hôtel-Dieu, Beaune |
C'est sous l'intendance de ce dernier que la supérieure de l'hospice fut remplacée par une femme moins sèvère et plus apte à servir les pauvres. Le manque de règle et d'encadrement juridique qui avait pénalisé les hospices pendant presque une décennie fut vite oublié grâce à l'établissement de statuts par le Chancelier en août 1459. La même année, le pape Pie II approuva ces statuts dans une bulle solennelle. Après la mort du Chancelier en 1462, les travaux reprirent et se concentrèrent sur le grange dite du pressoir qui fermait la cour au Nord-Ouest. La construction de ce bâtiment pris fin en 1469. Guigone de Salins, qui s'installe aux hospices jusqu'à sa mort en 1470, n'est probablement pas étrangère à la fondation de ces nouvelles dépendances. Après la mort de Guigone, tout laisse à penser que les finances de l'hôtel-dieu étaient assez mauvaise et que les hospices avaient grand besoin d'argent. Ce fut chose faite le 11 juin 1471 grâce à la donation de Jehannète, veuve de Claude Dubois, bourgeois de Beaune. Les quelques vignobles qu'elle céda à l'hotel-dieu furent bientôt suivie d'autres donations qui constituèrent l'un des tout premiers patrimoines viticoles de Beaune et qui permirent à l'établissement de s'en sortir économiquement pendant près de quatre-cents ans. Grâce à la charte qu'avait établi le Chancelier pour les soeurs hospitalières, celles-ci furent en mesure de se développer et de fonder de nouveaux établissements à travers l'Europe. Pour faire face à la demande croissante que rencontrait les hospices, il fut nécessaire de faire de nouveaux aménagements dès le milieu du XVIIème siècle. Le besoin de confort et la recherche d'un certain luxe furent l'occasion pour l'intendant et les soeurs de faire un certain nombre de travaux. En 1645, Hugues Bétauld, seigneur de Chesneau, conseiller du roi, et receveur des consignations au Parlement de Paris, fit aménager la salle Saint-Hugues et commanda une série de peintures à Isaac Moillon (1614-1673). En 1660, Louis Bétauld (frère d'Hugues et héritier de ses titres depuis 1652), fit construire un nouveau bâtiment. La salle Saint-Louis, qu'il fit édifier, remplaça l'ancienne grange du pressoir devenu vétuste. Une troisième salle fut édifiée grâce à la générosité de François Brunet de Montforand, président à la Chambre des Comptes de Paris (mort en 1696). Lors de la venue du roi Louis XIV en 1658, celui-ci établi une rente annuelle de 500 livres afin de séparer les hommes et les femmes. |
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