RIOM (63)
Basilique Saint-Amable
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Connu grâce à Grégoire de Tours qui en parle dans sa "Vita Amabilis" (extrait de la Vie des Saints d'Auvergne écrite vers 590), le personnage de Saint-Amable serait né vers 397 à Chauvence (lieu-dit proche de Villossanges dans le Puy-de-Dôme). Rapidement orienté vers une carrière religieuse, Amabilis fut tout d'abord chantre de la cathédrale de Clermont-Ferrand puis prêtre dans l'église Saint Gervais et Saint Protais de Riom. Elevant plusieurs édifices dans la ville, on lui doit tout d'abord la construction d'un baptistère consacré à Saint-Jean puis une église dédiée à Saint-Bénigne (l'actuelle basilique Saint-Amable). Parcourant une bonne partie de la France et de l'Italie à la recherche de reliques, Saint-Amable fit également un voyage à Rome afin de se recueillir sur les tombeaux des saints Apôtres. De retour à Riom, il fut nommé préchantre de la cathédrale de Clermont par Sidoine Apollinaire. Decédé en 475, il continua même dans la mort à accomplir des miracles. D'après la légende, on l'associait souvent à la lutte contre le démon et à l'éloignement du feu et des serpents. Une fois ensevelit dans la cathédrale de Clermont, il aurait conservé ses pouvoirs fabuleux. Son corps est rapatrié vers 640 dans le nouveau choeur de l'église Saint-Benigne de Riom par Saint-Gal, archidiacre de Clermont. Changeant de nom à cette occasion, l'église Saint-Benigne ne fut désormais connue que sous le nom de Saint-Amable. Attirant une foule de pélerins, le tombeau, qui se trouvait dans la crypte, permettait au curé du village de maintenir le culte des reliques.




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Bien qu'il n'y ait aucun document pour la période allant du VIIIème siècle au XIème siècle, on peut tout de même penser que l'abbaye devait être prospère puisqu'une communauté de chanoines réguliers de Saint-Augustin vint s'y installer en 1077. Cette communauté, présidée par Pierre de Chavanon de Clermont, est placée sous l'autorité directe des évêques de Clermont (Durand et Etienne de Mercoeur). Reconstruit dans le style roman pour ce dernier entre 1125 et 1160, l'édifice ne conserve malheureusement de cette époque que les sept travées de la nef, les bas-côtés et une partie du transept (portail avec plusieurs chapiteaux sculptés). De nouveau modifiée au cours du XIIIème siècle, l'église est dôtée vers 1230-1250 d'un choeur et de chapelles de style gothique septentrional. Voulant certainement laisser une trace de son passage dans la basilique, Jean de Berry ne fut probablement pas étranger à la construction des chapelles nord. Ces chapelles de style flamboyant furent construites à la fin du XIVème siècle et ont pour modèle la célèbre Sainte-Chapelle.

Gravement endommagé par les tremblements de terre qui secouèrent la ville à la fin du XVème siècle, l'édifice perdit à cette époque son clocher et sa flèche en pierre de style gothique. Le siècle suivant fut celui du remplacement des moines réguliers par un chapitre de chanoines séculiers qui s'occupèrent de la gestion temporelle de l'ancienne abbaye des 1548. Restaurant certaines parties de l'édifice, ceux-ci confièrent la réparation du clocher à Simon Saladin en 1743 avant de faire refaire la façade occidentale par François-Charles Dijon (1705-1785). A cette façade de style baroque furent ajoutées à la même époque trois chapelles sur le côté Sud. Ayant subi de nombreuses destructions pendant la période révolutionnaire (clocher rasé en 1794, trésor pillé...), l'église perdit également à la même époque son chapitre de chanoine. Comme dans la plupart des églises de France, le XIXème siècle fut l'occasion pour les architectes de restaurer les monuments. Aymon Gilbert Mallay, qui s'occupa de Saint-Amable à partir de 1859, se concentra essentiellement sur le transept et sur le clocher. Agis-Léon Ledru, son successeur à la tête du projet, se focalisa sur la restauration de la nef à partir de 1880. En 1883, le choeur se voit orner de peintures exécutées par l'artiste Clermontois Franc-Lamy (1855-1919). Erigée au rang de basilique mineure par le pape Pie X en 1912, la Basilique Saint-Amable apparait de nos jours comme un assemblage de différentes époques.




Réalisée par l'ingénieur du Roi François-Charles Dijon en 1750, la façade occidentale de style baroque forme un ensemble avec la fontaine Ballainvilliers placée sur la place de la basilique. S'élevant sur deux étages en pierre de Volvic, cette façade est percée par trois portes pour le premier niveau. Les portes latérales, de plus petite dimension, sont surmontées par des oculus décorés d'un cartouche formant une coquille et encadré par des guirlandes de fleurs accrochées à un anneau. La porte principale, elle aussi surmontée d'un cartouche, est encadrée par deux grands pilastres formant une légère saillie et décorée de guirlandes de fleurs.
La partie supérieure, encadrée par des volutes, est percée d'une grande fenêtre en arc. Les quatre pilastres à chapiteaux corinthiens, qui encadrent deux par deux la fenêtre, sont dans le prolongement exact des pilastres du premier niveau. Elle aussi décorée d'un cartouche à feuillages, la grande fenêtre permet l'éclairage intérieur. Le fronton triangulaire qui surmonte le tout est orné en son centre d'un blason et possède un réseau de dentures qui en fait le tour. Les pots à feu et la croix, qui dominent l'ensemble, finissent la décoration de la façade.

Le choeur, construit entre 1230 et 1250, est l'une des toutes premières oeuvres de style gothique septentrional réalisées en Auvergne. Constitué d'un chevet et de trois chapelles rayonnantes, il est surmonté par un clocher octogonal à deux étages réalisé dans la seconde moitié du XIXème siècle. Ce clocher, et sa flèche en ardoise réalisée par Mallay, fut percé de baies jumelles à colonnette et d'oculus pour l'étage supérieur. S'appuyant sur un transept conçu lui aussi au XIXème siècle, le clocher domine l'ensemble de la ville de Riom. Le chevet, épaulé par de puissants arcs-boutants, est percé par des baies jumelles surmontées par des oculus et séparées par de fines colonnettes. Au niveau inférieur, les trois chapelles sont percées par de longues fenêtres que séparent de fines colonettes terminées par des chapiteaux. La toiture s'appuie sur des modillons à figures humaines et à copeaux.




Intégré à un transept entièrement refait dans la seconde partie du XIXème siècle par Mallay, le portail Saint-Jean d'époque roman demeure le seul élément du XIIème siècle encore visible à l'extérieur. Dépourvu de tympan sculpté, il est constitué d'un ensemble de voussures retombant sur des colonnes disposées par trois de part et d'autre de la porte d'entrée. Les chapiteaux, qui surmontent toutes les colonnes, furent sculptées au XIIème siècle. Ils s'ornent pour la plupart de motifs végétaux, d'entrelacs et de masques. Celui situé sur le côté intérieur gauche présente une sculpture figurant des porteurs de moutons. Ce chapiteau, d'inspiration paysanne, est très fréquent dans les églises romanes d'Auvergne. Il reprend le thème antique de l'Atlante avec quelques modifications.




Les dimensions remarquables de l'édifice placent la basilique Saint-Amable au deuxième rang des monuments religieux derrière la cathédrale de Clermont-Ferrand. Long de près de 65 mètres et s'élevant à plus de 16 mètres de haut, l'intérieur est constitué d'une nef romane à sept travées. Fermée par un berceau brisé dépourvu de doubleaux, la nef est rythmée par un ensemble d'arcades reposant sur des piliers munis de colonnes sur trois angles. Au-dessus, la tribune en tiers-points est percée par un jeu d'arcatures. Les bas-côtés, voûtés d'ogives, ouvrent sur des chapelles latérales construites entre le XVème et le XVIIIème siècle. Le transept débordant conserve quelques éléments du XIIème siècle. Refaite par Mallay au milieu du XIXème siècle, la croisée du transept supporte tout le poids du clocher et de la flèche. Le choeur, de style gothique, est entouré par un déambulatoire communiquant avec trois chapelles réalisées vers 1250. Surmonté d'une voûte nervurée sur croisée d'ogive, le choeur s'élève sur quatre niveaux. On retrouve un ensemble d'arcatures soutenant un triforium aveugle, lui-même placé en dessous de fines lancettes terminées par des oculus.




La décoration, essentiellemment concentrée au niveau du choeur, est composée de vitraux réalisés par Thévenot et de peintures exécutées par Franc-Lamy. Les fines lancettes du choeur représentent pour la plupart des épisodes de la vie de Saint-Amable ou des miracles survenus aprés sa mort. Dû au talent du peintre-verrier Etienne-H Thévenot (1797-1862), ces verrières datent de la seconde moitié du XIXème siècle. La totalité des peintures qui orne le choeur fut réalisée par Franc-Lamy après 1880. Ces peintures, inserées dans les niches du triforium et dans les angles des arcades, représentent une multitude de saints sur des fonds dorés. Le bas-côté nord possède lui aussi plusieurs fresques datant du XIVème siècle. Ces peintures murales figurent un cycle de la Nativité et de l'Enfance du Christ.
Dans la sacristie sont également déposées un ensemble de 54 stalles réalisées en 1687 par des ateliers de sculpteurs locaux (Noël Mercier et André Boysen). D'autres éléments, comme le maitre-autel en marbre polychrome réalisé par le sculpteur Jacques-Baptiste Arbie en 1765 et la chasse de Saint-Amable réalisée par Laroze et fils en 1814, complètent le mobilier liturgique de la basilique.