CLERMONT-FERRAND (63)
Basilique Notre-Dame-du-Port
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Le nom de cet édifice peut sembler surprenant quand on sait que la ville de Clermont-Ferrand se trouve à plusieurs centaines de kilomètres de la mer. Il faut voir dans le mot "Port" non pas une installation protuaire mais plutôt un entrepôt car le quartier tout entier servait de dépôt de marchandise. Pour ce qui est de l'époque de construction de cet édifice, les sources sont peu fiables et ne nous renseignent guère sur les différentes étapes de conception de ce monument de style roman. Le premier sanctuaire fut construit par Saint Avit, Ier évêque de Clermont, entre 571 et 595. Déjà fortement délabré par le temps, l'édifice fût incendié en 864 par les Normands qui occupaient une bonne partie de l'Auvergne. En partie restaurée par l'évêque Saint-Sigon entre 866 et 873, elle fût probablement détruite à nouveau lors de la deuxième vague d'invasion normande de la fin du IXeme siècle. L'église s'appelait à l'époque Sainte-Marie-Principale ou Princeps en raison de sa proximité avec le château des comtes d'Auvergne qui avait le titre latin de "Princeps Arvernorum". L'unité de style qui se dégage de l'ensemble de la basilique nous permet de dire que la construction se fit dans un laps de temps relativement court (entre la fin du XIeme et le milieu du XIIeme siècle). On sait grâce à un document que la façade occidentale fût terminée vers 1185 sous l'évêque Ponce de Polignac qui encouragit le clergé et les fidèles à faire des dons pour que l'édifice soit achevé. Le terrible tremblement de terre qui dévastit la villle de Clermont-ferrand en 1476 n'epargna pas la basilique qui perdit son clocher et le porche. Ce dernier fût reconstruit durant le XVIeme siècle dans un style qui contraste avec le reste de l'édifice. Remonté une première fois entre 1823 et 1825, le clocher fût de nouveau refait par l'architecte Mallay après le classement de la basilique en 1841. Récemment restaurée du point de vue extérieur, Notre-Dame du Port devrait être nettoyé au niveau intérieur au cours de l'année 2007-2008.
La place qui se trouve juste devant la basilique nous permet de voir la façade Ouest refaite au XVIeme siècle. Cette façade d'une grande austérité est précédée d'un porche couvert et elle est surmontée d'un clocher refait au XIXeme siècle dans le style roman. Celui-ci, réalisé par Mallay, est composé de deux étages en pierre de Volvic. La décoration est essentiellement constituée d'arcades aux claveaux blanc et noir et d'un damier de mêmes couleurs. En contournant l'édifice, on passe devant le flanc droit constitué de deux niveaux d'arcatures : les unes larges et percées de fenêtres, les autres par séries de trois petites arcades. La croisée du transept et la tour qui la surmonte sont deux éléments construit peu avant 1150. Ayant toutes les caractéristiques de l'art roman auvergnat, le mur du transept dispose de deux étages percés de fenêtres. Celles du bas sont encadrées par un damier polychrome et sont séparées par une colonne supportant un chapiteau historié . Les trois fenêtres supérieures sont surmontées d'une fine arcade aux claveaux noirs et blancs. Le clocher octogonal, qui surmonte la croisée du transept, fût lui aussi refait au XIXeme siècle. Il est constitué de deux étages percés de baies doubles. Celles-ci sont encadrées par de fines colonnettes et sont décorées elles aussi par de jolis damiers de pierres polychromes.
La quatrième travée du flanc droit s'ouvre par un superbe portail roman plutôt rare en Auvergne. Celui-ci date en grande partie de la fin du XIIeme siècle et fût repeint au XVIIIeme siècle. Il est constitué d'un linteau en batière surmonté d'un tympan lui même entouré d'un arc outrepassé. De chaque côté de la porte fûrent insérés à une date ultérieure une statue du prophète Isaïe et une du prophète Jean-Baptiste. Dans les angles supérieurs du portail fûrent également ajoutés des groupes représentant à gauche l'Annonciation et la Nativité pour la droite. Le programme sculpté du tympan nous montre le Christ en majesté tronant au milieu de deux séraphins (anges à six ailes chantant le louange du Christ) et soutenu par deux des quatre évangélistes. Il ne reste en effet plus que le boeuf de Luc et le Lion de Marc. Au niveau du linteau, on distingue l'adoration des Mages, la présentation au temple et, en regardant de gauche à droite, le baptême du Christ.
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Du fait de sa proximité avec les maisons du quartier, il n'est pas évident de voir l'ensemble du chevet de Notre-Dame-du-Port. Malgré ce petit inconvénient, il fait partie des plus belles réalisations romanes de toute la région et demeure l'élément le plus marquant de la basilique. Construit en premier (vers 1100-1130) et constitué de quatres absidioles, il se distigue par sa décoration riche en couleur et en sculpture typique des églises romanes d'Auvergne. Il est à rapprocher avec ceux des églises de Saint-Saturnin, d'Orcival, de Saint-Néctaire et d'Issoire qui forment les cinq églises principales du Puy-de-Dôme. Les quatres chapelles rayonnantes du chevet sont toutes ouvertes par de grandes baies cintrées qui rythment l'ensemble. La décoration de l'ensemble se compose de cordons de billettes courant au-dessus des fenêtres, de chapiteaux historiés (Sacrifice d'Isaac, Adam et Eve...) surmontant les colonnes de séparations, de modillons à copeaux et d'un riche décor polychrome composé de damiers, de rosaces et de mosaïques en arkose blond et en pierre volcanique. L'abside qui surmonte les chapelles est elle aussi décorée de rosaces, de mosaïques et d'arcatures aveugles.
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Depuis le nartex, il nous est possible d'admirer les cinq travées de la nef avec sa voûte en berceau cintré. De chaque côté sont disposés les collatéraux voûtés d'arêtes. L'élèvation de la nef se fait sur deux niveaux : l'un constitué d'arcades cintrées ayant des piles ornées de colonnes engagées, l'autre composé de tribunes s'ouvrant par de fines colonnettes.
En continuant jusqu'à la croisée du transept, on découvre que celle-ci est surmontée d'une coupole sur trompe. Les bras du transept disposent de deux travées voûtées en berceau terminées par des absidioles voûtées en cul-de-four. Les murs sont décorés par des arcs cintrés séparés par un arc en mitre.
Le choeur, avec sa voûte en cul-de-four, est entouré par un déambulatoire voûté d'arètes qui donne sur les quatres chapelles rayonnantes. L'éclairage de celle-ci se fait par des baies cintrées séparées par des colonnettes. Toutes les colonnes du choeur sont surmontées de chapiteaux historiés aux personnages finement sculptés.
Même si la nef contient de beaux chapiteaux, c'est surtout dans le choeur que se déploie tout le savoir-faire des sculpteurs romans. Les textes gravées sur ces chapiteaux nous apprenent que quatre d'entre eux fûrent réalisés par un certain Rotbertus qui travailla également à l'église de Saint-Nectaire. Les thèmes abordés par les artistes de l'époque sont généralement tirés de la bible ou des évangiles. Cependant, il arrive parfois que l'on trouve des chapiteaux présentant des scènes de la vie courante ayant un but moralisateur. Le meilleur exemple nous est livré dans le rond-point du choeur où se trouve le combat des Vices et des Vertus. Sur les quatres faces de ce chapiteau sont représentés la charité et l'avarice s'affrontant avec leurs boucliers puis la charité et la vertu écrasant le vice sous leurs pieds et, enfin, la colère tentant de se suicider. Les trois autres chapiteaux historiés du choeur sont consacrés à l'ancien et au nouveau testament. Sur le premier sont sculptés l'Annonciation, la Visitation et l'annonce faite à Zacharie de la naissance de Jean-Baptiste ainsi que le songe de Joseph). Le deuxième illustre le péché originel (Adam et Eve avec le serpent et Dieu les chassant du Jardin d'Eden). Le troisième nous montre l'Assomption de la Vierge (le Christ sortant le corps de sa mère du sarcophage et Marie conduite au paradis par un ange). Les autres chapiteaux, qui sont pour la plupart dans la nef, sont sculptés de scènes variées comme le montreur de singe, l'ange tenant le livre de vie (chapiteau du fondateur ?), Saint-Michel terrassant le dragon ou la tentation du Christ dans le désert.
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Conservant le même plan que le chevet, la crypte, qui date du XIeme siècle, est encore appelée de nos jours la "Souterraine" par les Clermontois. Cette appelation vient probablement du fait que ce lieu était utilisé à l'époque Celtique par des druides pratiquant des rituels. Un puit aujourd'hui recouvert d'une dalle sculptée du XVIeme siècle confirme cette hypothèse. Sur l'autel principal, on peut voir aussi une statue de la Vierge noire réalisée au XIXeme siècle. Elle remplace l'originale du XIIIeme siècle qui fût détruite lors de la révolution.