BLESLE (43)
Eglise abbatiale Saint-Pierre
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Fondée entre 849 et 885 par la comtesse Ermengarde d'Auvergne (mère de Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine et fondateur de l'ordre de Cluny), cette abbaye fût richement dôtée grâce au soutien du Saint Siège. Dès la fin du Xème siècle, les abbesses géraient un patrimoine important répartie sur le Cantal, la Haute-Loire et l'Aveyron (Leyvaux, Thérondels, Julianges, Chastel-Marlhac, Autrac, Saint-Étienne-sur-Blesle, Bousselargues et Molèdes). Connue grâce à une lettre écrite par le pape Urbain II à l'abbesse Florence, cette abbaye s'enrichie de nouvelles terres tout au long du XIème siècle (elle en possédera une quinzaine à la fin du XIIème siècle). Cet enrichissement permit aux moniales de refaire construire le transept dans la deuxième moitié du XIème siècle. Par la suite, malgré les problèmes qui les opposaient aux puissants barons de Mercoeur (ceux-ci s'appropriaient une grande partie de leurs possessions et de leurs autorités), elles purent finir la reconstruction de l'église dans le style roman. Entre 1120 et 1150, une nouvelle nef et de nouveaux bas-côtés fûrent élevés. Bâtie à partir de 1150, la croisée du transept servit de points d'appui à la construction des collatéraux et du choeur qui fûrent commencés vers 1160-1170. Terminés à la fin du XIIème siècle avec le portail et la tour nord, ces derniers travaux permirent l'achèvement de l'église. A partir du XIVème siècle, les religieuses quittèrent leurs cellules pour venir s'installer dans de petites maisons individuelles réparties autour de l'abbaye. Par la suite, peu de transformation sont à noter. Seule la nef de l'église subit quelques changements au XVIIème siècle lors de l'installation du choeur des religieuses. Entre 1783 et 1787, les bas-côtés de l'église fûrent détruit au profit de murs en appentis. Peu de temps après, les révolutionnaires décidèrent de raser le clocher (entre 1792 et 1793). Malgré ces quelques dégradations, l'église a subit peu de perte au cours de cette période. C'est en partie pour cette raison que les restaurations, habituellement entreprises durant le XIXème siècle, fûrent ici presque nulles. Grâce à cela, nous pouvons voir de nos jours un édifice quasiment pas remanié.




Bordant une petite place, le portail du croisillon sud est en fait l'entrée principale de l'édifice. Construit durant la première moitié du XIIème siècle, ce portail est munie d'un jeu de trois voussures assez larges. Le décor de celles-ci est composé d'un ensemble de petites fleurs à cinq pétales épanouis. Ces petits motifs sculptés ne sont pas sans rappeler ceux de la porte du For (cathédrale du Puy) ou la fenêtre de la maison des enfants de Mercoeur à Blesle. Faut-il voir dans ces différentes réalisations le travail d'un même atelier ? Pour ce qui est des portes en bois de ce portail, elles datent du XIIème siècle et sont ornées de clous. Surmontée d'une petite fenêtre, la façade du croisillon sud fût construite en pierres de grés. Sur le côté gauche du croisillon se dégage une tourelle d'escalier haute de quatres étages permettant d'accéder au clocher à peigne qui domine la croisée du transept.




Construit durant la seconde moitiée du XIIème siècle, le chevet se présente sous la forme d'une vaste abside épaulée par deux petites absidioles qui viennent se greffer sur le bras droit du transept. Cette originalité architecturale pourrait nous faire penser que le concepteur de ce plan avait tout misé sur la forme et qu'il ne resterait plus rien pour la décoration. Il n'en est rien. En effet, lorsque l'on fait le tour du chevet, on est surpris de voir une multitude de sculptures se déclinant sous forme de chapiteaux et de modillons. Eclairée par quatre fenêtres décorées de fines colonettes, de chapiteaux et de voussures, l'abside est surmontée par une toiture en lauze maintenue par de superbes modillons sculptés. Ce programme ornemental peut être répartie en deux groupes distincts. Le premier regroupe des sculptures végétales et animales comme des pommes de pins, des fleurs entrelacées, des palmettes ou des animaux affrontés. Les masques de comédie et les animaux grotesques des modillons peuvent être rapprochés de ce groupe. Le deuxième rassemble des sujets bibliques et profanes comme "la danse de paysans", "le combat de chevalier" ou "la femme mordue aux seins par des serpents" (symbole de la luxure).




En pénétrant à l'intérieur de l'édifice, on réalise à quel point le plan d'ensemble de l'église est original et peu commun. La nef surélevée est très courte (elle a seulement deux travées) et est dépourvue de bas-côtés. Elle est couverte d'une voûte en berceau brisé. Le transept, par contre, est excessivement grand et déborde largement sur les côtés. Il est voûté de la même façon que la nef. Le choeur, précédé de trois travées, est flanqué d'un collatéral sur le côté droit qui est terminé par deux absidioles. La voûte surmontant ce choeur atteint une hauteur de 11,69 mètres. La décoration intérieure se concentre essentiellement dans le choeur qui est orné de chapiteaux finement sculptés et de vitraux modernes. Le trésor est rassemblé dans la nef que l'on appelle également "Choeur des dames". Il rassemble des pièces admirables comme la Vierge du Cheylat (XIIIème siècle), le Christ en croix en bois polychrôme (XIIème siècle), une statue de Sainte Anne Trinitaire (XIV et XVème siècles). Le buffet d'orgue et les tableaux d'abbesses datent quant à eux du XVIII et XIXème siècle.