BEAUNE (21)
Hôtel des Ducs de Bourgogne
(voir la page d'accueil de Beaune)


Ce groupe de bâtiments, connu également sous le nom de musée du vin, occupe une bonne partie de l'ancien castrum Sud-Est. C'est vers la fin de la dynastie carolingienne que les ducs de Bourgogne vinrent s'installer à Beaune. Le duc Otton, qui s'y établit en 956, et son fils Henri Ier le Grand, qui réside dans une curia en 1005, firent probablement construire une résidence à l'emplacement de l'actuel hôtel. Même si aucun vestige ne nous est parvenu sur ce bâtiment, il est probable que les lieux devaient être assez vaste vu qu'il fallait héberger toute la cour ducale. C'est dans cette "curia ducis" que le duc prenait ses decisions et que la loi était rendue. La première mention en est faite en 1190 sous le règne du duc Hugues III de Bourgogne. Durant la seconde moitié du XIIIème siècle, le duc Hugues IV acheta plusieurs terrains et des maisons afin de donner plus de volume à sa résidence Beaunoise. Sous le duc Eudes IV (1295-1349), celui-ci fit construire une grange pour abriter ses chevaux. Ce bâtiment avec sa belle charpente fût transformé plus tard en cuverie. C'est sous le règne des quatres grands ducs de Bourgogne (de 1364 à 1477) que l'hôtel ducale prit sa forme actuelle. La cuverie du XIVème et XVème siècle fût tout d'abord installée dans l'ancienne grange du duc Eudes IV. La porterie et le grand corps de logis furent édifiés dans la première moitié du XVème siècle. Enfin, la tourelle d'escalier et la maison à pan de bois date du XVIème siècle. Durant cette période, les ducs de Bourgogne n'habitent quasiment jamais dans cette demeure (Philippe le Hardi n'y venait que deux fois par an et Jean sans Peur n'y fit que quatre courts séjours). Les lieux étaient de ce fait habités par le chatelain des ducs. Celui-ci est aidé par des clercs et des sergents qui l'aident dans sa gestion du domaine et dans l'entretien des bâtiments. Il leur incombe également l'administration des vignobles, la perception des impôts et l'accueil des hôtes importants. Voici une liste non exhaustive de ces châtelains :

Adam Raymond (mort en 1373)
Regnault Monot (1374-1389)
Robert Monot (1390-1399) : son fils
Philibert de Corbeton (1400-1412)
Adam Canet (1413-1438)
Milot Faultrey (1439-1463)
Charles Belnote (1464-1468)
Martin Besançon (1473-1479)
Jean Le Blond (à partir de 1484)
Claude Jacquin (1495-1503)
Gillot Brunet (1503-1533)
Hugues Brunet (1534-1552)
Gilles Brunet (1553-1580)

Comme on peut le voir dans cette liste, le rattachement du duché de Bourgogne à la couronne de France en 1478 n'empêcha pas la nomination de nouveaux châtellains jusqu'à la fin du XVIème siècle. Appelé Logis du Roi durant cette période, cet hôtel fût acensé en 1566 à des particuliers. A cette vente assistait Gilles Brunet et le trésorier de France Jean Du Peyrat. Malgré cette vente, les châtelains continuèrent à habiter le domaine jusqu'au milieu du XVIIème siècle. Parmi les familles qui vécurent dans cet hôtel, il faut citer les Brunet qui furent châtelain sur trois générations, les Segaud qui furent avocats à Beaune au début du XVIIème siècle et les Chevignard (Pierre et Théodore furent gouverneur et maire de la ville de 1655 à 1657 et de 1659 à 1661). Restant dans les mains de particuliers jusqu'au début du XXème siècle, l'hotel fût légué par Madame Develle à l'Académie Française qui, à son tour, en fit don à la municipalité en 1919. Dès 1938, le projet de faire un musée des vins de Bourgogne avait été lancé par le maire de l'époque Roger Duchet. Tout d'abord installé dans l'ancien beffroi, ce musée fût déplacé et agrandi grâce à l'intervention de Georges-Henri Rivière. Ouvert en 1946 dans l'ancien hôtel des Ducs, ce musée rassemble des collections liées à la vigne et au vin datant de l'époque Gallo-Romaine jusqu'au début du XXème siècle.




S'articulant autour d'une cour trapézoïdale, les différents bâtiments de l'hôtel ducale datent pour la plupart du XVème et XVIème siècle. L'ancienne porterie du XVème siècle qui ferme cette cour du côté Sud a subit de nombreuses transformations.
A sa droite se trouve une vieille maison à pan de bois avec des encorbellements datant du XVIème siècle. L'ensemble est soutenu par des piliers à faces évidées supportant des chapiteaux armoriés. Sur ceux-ci figurent un écu aux armes de France et une décoration faite de coquille Saint-Jacques. La façade en encorbellement est percée de fenêtres. Les poutres placées à la base de la construction sont engoulées par des monstres à la longue machoire.
A droite de la cour se trouve la cuverie datant du XIVème au XVIème siècle. Cette ancienne grange des ducs est ornée d'une remarquable charpente en chêne d'origine. L'intérieur abrite une magnifique collection de pressoirs datant du XVIème au XIXème siècle (le pressoir à grand point situé dans le fond est particulièrement impressionnant).
Le côté gauche est entièrement occupé par un grand corps de logis à pans de bois. En son centre s'élève une tourelle d'escalier octogonale en demi-hors-oeuvre. S'élevant sur trois étages, cette tourelle est percée d'ouvertures rectangulaires et reçoit une couverture en tuiles. A droite de cette tourelle se trouve une galerie couverte formant une sorte de loggia. Les piliers qui soutiennent la toiture sont posés sur une rembarde présentant des croix de Saint-André en bois.
Le dernier bâtiment situé à l'extrème droite de la cour possède une belle façade en pierre percée de fenêtres à meneaux. Ces quatres baies à fortes moulurations sont surmontées par des arcs en accolade.




A l'intérieur, le musée est divisé en plusieurs salles évoquant le métier de la vigne et du vin. La première, consacrée à l'histoire, s'attarde sur la période Gallo-Romaine. On y découvre une superbe frise datant du IIème siècle ou Dionysos est représenté tenant un canthare. Dans la salle de la tonnelerie, on découvre comment se fabrique les tonneaux. La salle suivante est consacrée aux traditions et montre l'évolution de la bouteille. On y découvre des amphores antiques, des tastevins du XVIIème siècle, des bouteilles et des verres de toutes sortes et de différentes époques. Une salle est ensuite consacrée à l'élaboration du vin puis, une autre, évoque les travaux de la vigne. Dans la dernière salle appelée "salle des Ambassadeurs" est developpé le thème de l'image des vins de bourgogne à travers le monde. On y voit une tapisserie de Jean Lurçat datant de 1947, une statue de Saint-Vernier datant du XVIème siècle et des tableaux réalisés par l’atelier de Brueghel de Velours.