SAINT-SATURNIN (63)
Eglise Saint-Saturnin
(voir la page d'accueil de Saint-Saturnin)
Consacrée à Saint-Saturnin, premier évêque de Toulouse, martyrisé et mort dans cette ville vers 250, cette église (la plus petite des cinq églises majeures d'Auvergne) fut construite à l'emplacement d'un ancien groupe baptismal dont ne subsiste que la chapelle Sainte-Madeleine. Ce petit monument construit vers le milieu du XIème siècle, servait probablement au baptême. Occupant de nos jours un petit bâtiment situé à la gauche de l'abside, il devait être compris dans un ensemble beaucoup plus grand comprenant une église primitive et un cloître. Vraissemblablement fondé vers 1040 par Saint-Odilon, cinquième abbé de Cluny, cet ancien prieuré servit de base à la construction de l'église actuelle. Concernant celle-ci, aucun texte ne nous renseigne sur les différentes étapes de sa construction ni sur un éventuel commanditaire. Le premier document parlant de l'église date de 1157. Il nous apprend que l'évêque de Clermont, Etienne de Mercoeur (1151-1169), autorise le prélèvement d'une certaine somme d'argent sur l'église de Saint-Saturnin par le chapitre de la cathédrale. Ce texte prouve donc que l'église devait etre terminé au moment de sa rédaction. Le monument fut donc probablement construit sur une campagne de courte durée comprise entre 1120 et 1150.
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Commencé par le chevet et terminé par le clocher dans la seconde partie XIIème siècle, l'édifice ne fut pas transformé durant la période gothique. Les seuls éléments de cette époque sont un ensemble de fresque datant du XVème siècle. Installé dans le bas-côté gauche, elle représente la Résurrection de Lazare et une Annonciation. Le groupe sculpté représentant une Piéta, que l'on peut admirer dans la crypte, est une oeuvre réalisée vers 1520-1530. La présence dans la ville de la famille des comtes de la Tour d'Auvergne et de la reine Margot n'est probablement pas étrangère à la réalisation de ce petit chef-d'oeuvre. Le maitre-autel en bois doré marqué aux initiales de Henri IV et de Marguerite de Valois montre combien la famille royale était attachée à ce village. Epargnée durant les guerres de religion puis, durant la période révolutionnaire, l'église de Saint-Saturnin fut l'une des rares églises d'Auvergne à ne pas avoir son clocher détruit à cette époque. Restauré dans sa partie supérieure par Mallay en 1852, ce clocher fut muni à cette époque d'une flèche de plan octogonal. Restauré fidèlement dans les vingt dernières années du XIXème siècle, l'édifice est de nos jours l'un des plus beaux témoignages de l'art roman Auvergnat.
Construit tardivement par rapport aux autres chevets d'église romane d'Auvergne, celui de Saint-Saturnin est marqué par l'absence de chapelles rayonnantes autour de l'abside. La supression de ces chapelles résulte probablement de l'évolution des goûts en matière d'architecture dans la fin de la première moitié du XIIème siècle. Dominé par le massif barlong du transept, le chevet est ceint d'un déambulatoire percé de fenêtres et décoré de modillons à copeaux. Sur chaque côté prennent place de petites chapelles qui s'appuient sur les bras du transept. Elles aussi décorées de modillons à copeaux, elles forment l'étage le plus bas du chevet qui s'élève jusqu'au niveau de l'abside. Celle-ci, particulièrement soignée, est ornée d'un ensemble de décorations typiques de l'art roman Auvergnat. On y trouve les inévitables modillons à figures animales, humaines et à copeaux, ainsi qu'un bandeau formé d'une mosaïque étoilée courant sous la corniche. Au niveau inférieur, on retrouve de petites niches constituées de trois colonnettes et de chapiteaux finement sculptés. Un jeu d'arcatures aveugles et des fenêtres surmontées d'une forte mouluration complète ce décor.
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Le transept (dont les bras, largement saillants, permirent l'installation de petites chapelles) est dominé par un massif barlong percé de fenêtres autour desquelles court une arcature polychrome soutenue par de fines colonnettes. Les bras sont terminés par des murs en batière en haut desquels court une arcature aveugle composée de colonnes et d'archivoltes polychromes.
Dominant l'ensemble du transept, le clocher roman est de plan octogonal et à deux étages. Il est terminé par une flèche de pierre à huit pans refaite en 1852 par l'architecte Mallay. Les deux étages du clocher sont munis de baies jumelés creusées dans l'épaisseur du mur et reposant sur de grosses colonnes.
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Les murs latéraux de la nef sont d'une longueur de quatre travées et possèdent deux étages. Le premier niveau est constitué de grandes arcades cintrées servant de contrefort et percées de petites fenêtres. Au-dessus, sont placées des séries d'arcatures aveugles décorées de colonnettes et de chapiteaux. Certains d'entre eux sont ornés de motifs en entrelac, de feuillages et, même, d'une sirène. Au-dessus, les arcatures sont réhaussées d'une polychromie utilisant en alternance des pierres de couleur sombre et clair (andésite volcanique et arkose blond). La corniche est soutenue, comme partout sur l'édifice, par un ensemble de modillons à copeaux.
A l'intérieur, la nef est constituée de quatre travées surmontées d'une voûte en berceau cintré. Cette dernière est contrebutée par les demi-berceaux des tribunes. Les piliers de plan carré, qui soutiennent l'ensemble de la voûte, sont, pour la plupart, flanqués de trois colonnes donnant sur les collatéraux. Ceux-ci sont voûtés d'arêtes avec doubleaux et soutiennent une partie de la porté de la voûte. Les tribunes sont constituées de baies triples posées au-dessus du vide laissé par les arcatures. L'ensemble est éclairé par des fenêtres placés dans les murs des bas-côtés.
Au niveau du transept, la croisée est couverte d'une coupole sur trompe. Les arcs diaphragmes qui la soutiennent sont percés de baies jumelées. De part et d'autre de la croisée, les bras sont couverts d'une voûte en demi-berceau et sont terminés par des absidioles voûtées en cul-de-four. Ces dernières sont éclairées par une seule fenêtre encadrée de colonnettes.
Le choeur, constitué d'une travée droite, est surmonté d'une voûte en cul-de-four. L'éclairage est diffusé par trois baies placées en alternance avec des arcatures aveugles. Le niveau inférieur est constitué de six colonnes aux sommets desquels prennent place des chapiteaux à feuillage. Le déambulatoire, qui se déploie autour du choeur, est dépourvu de chapelle rayonnante.
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La plupart des chapiteaux de la nef et du choeur sont sculptés de motifs végétaux. L'utilisation quasi systématique de ces motifs montre que les sculpteurs du milieu du XIIème siècle étaient déja grandement influencés par le style gothique qui commençait à se répandre en Ile-de-France. De facture assez frustre, ces chapiteaux sont ornés de feuillages variés comme la palmette, le rinceau, l'épi, l'entrelac, etc. Toutefois, la présence de quelques chapiteaux avec des oiseaux et des masques montre que les grandes écoles de sculpture Auvergnate influençait encore les artistes de la région. Sur l'un d'entre eux, on peut voir un aigle aux ailes déployées. Un autre montre deux oiseaux buvant dans une même coupe. Les derniers figurent des masques et des têtes humaines grimaçantes émergeant au milieu de végétation de toute sorte.
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Placé sur le maître-autel de la crypte, la Piéta en calcaire polychrome est un remarquable groupe sculpté du début du XVIème siècle. Executé entre 1520 et 1530, ce groupe est constitué de quatre personnages. On y voit le corps du Christ raidi de douleur posé sur les genoux de la Vierge. Celle-ci, en prière, est encadrée par Saint-Jean qui soutient la tête du Christ et Marie-Madeleine, un pot à onguent dans une main et touchant les plaies de l'autre. L'ensemble de la composition, traitée de façon remarquable, fut probablement commandé par les comtes de la Tour d'Auvergne.
Installée à l'entrée du choeur, la Vierge en majesté est une oeuvre datant de la fin du XIIème siècle. Réalisée dans du bois peint et doré, elle figure la Vierge assise tenant sur ses genoux l'enfant Jésus aux mains posées sur le livre des Evangiles. La Vierge tient délicatement Jésus de ses longues mains disproportionnées.
Disposée dans une niche de la crypte, la tête du Christ, couronnée d'épines, semble dater du début du XVIème siècle. Faite de calcaire jaune, cette sculpture, en mauvais état de conservation, figure le Christ souffrant, une couronne d'épines posée sur la tête. La chevelure et le front de celle-ci possèdent encore quelques traces de polychromie.
Peinte sur l'encadrement d'une fenêtre du bas-côté gauche, les fresques de l'Annonciation et la Résurrection de Lazare datent du XVème siècle. De part et d'autre de la fenêtre prennent place l'Ange Gabriel et la Vierge. En dessous, on distingue trois personnages assistant à la Résurrection de Lazare.
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La crypte, au plan calqué sur celui du choeur, est surmontée d'une voûte d'arêtes. Celle-ci est soutenue par six colonnes auxquelles viennent s'ajouter quatre gros piliers placés au centre du sanctuaire. Dépourvus de chapiteau, ces piliers, d'aspect massif et trapu, ne semblent pas avoir de grande utilité puisque les six colonnes suffisent à soutenir le poids du choeur. Le maitre-autel, placé au centre de ce dispositif, accueille une très belle piéta polychrome du XVIème siècle.