SAINT-SATURNIN (63)
Château Royal de Saint-Saturnin
(voir la page d'accueil de Saint-Saturnin)


Même si la forteresse actuelle ne conserve rien de cette époque, il faut savoir qu'elle fut construite par un seigneur local au début du XIème siècle afin d'assurer la défense du village et de la vallée de la Monne. Faisant partie de la puissante baronnie de la Cheyre à la fin du XIIème siècle, le château était à cette époque sur un territoire s'étendant de Saint-Amand à Montpeyroux en passant par Prades et Aydat. Passant à la puissante famille des La Tour d'Auvergne dès le début du XIIIème siècle, le château fut en leur possession jusqu'au début XVIIème siècle. Connaissant alors une période de faste, cette belle demeure fut tout d'abord la proprieté du comte Guillaume de la Tour, prévot de Brioude. Fils de Bertrand Ier comte de La Tour, il était originaire du château de La Tour d'Auvergne. Possédant de nombreuses terres, il décida de s'installer à Saint-Saturnin. Faisant reconstruire la majeure partie du château durant sa vie, on sait, grâce à son testament rédigé en 1245, qu'il souhaitait être enterré dans l'église de Saint-Saturnin. Mort en 1246, il laissa la totalité de ses biens à son neveu Bernard VI (mort en 1253). Terminant la reconstruction du château, ce dernier laissa à ses fils la forteresse et de nombreuses terres aux alentours. Connu sous les noms de Bernard VII et de Bertrand, ces derniers rendirent hommage au comte Alphonse de Poitiers pour le château de Saint-Saturnin et pour le bourg de Saint-Amand (ce petit village était en possession de Bertrand qui était clerc à la cathédrale de Clermont-Ferrand). Mort en 1270, le comte Bernard VII demanda dans son testament à être enterré dans la chapelle des Dominicains de Clermont-Ferrand.



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Quatre générations plus tard, on retrouve un membre de cette illustre famille à la tête de l'évêché de Clermont en la personne de Henri de La Tour qui exerça ses fonctions de 1376 à 1415. Son neveu, connu sous le nom de Bertrand IV, pris le titre de comte de La Tour d'Auvergne grâce à son mariage avec Marie de Montgascon, comtesse d'Auvergne et de Boulogne. Décédé en 1423, Bertrand IV laissa son héritage à son fils Bertrand V qui fut le premier à porter le titre de comte d'Auvergne. Brillant militaire, il participa en 1429 au siège d'Orléans. Mort en 1461, il laissa ses terres d'Auvergne et de Boulogne à son fils Bertrand VI. Né en 1417, ce dernier mouru en son château de Saint-Saturnin en l'an 1497. Son seul et unique héritier fut son fils Jean III de la Tour d'Auvergne. Né en 1467 et mort en 1501, celui-ci n'eut que des filles. Anne, la premiere d'entre elles, fut mariée à Jean Stuart, duc d'Albany. Madeleine de La Tour (1496-1519), la seconde épousa en 1518 Laurent II de Médicis, duc d'Urbin (1492-1519). Mort tous les deux de la peste la même année, ils ne laissèrent qu'une seul fille, la fameuse Catherine de Médicis. Née en 1519, elle fut mariée au roi de France, Henri II en 1533. Régente du royaume de France à la mort de ce dernier en 1559, elle fait visiter le pays tout entier à son fils le roi Charles IX. Passant par le château de Saint-Saturnin en mars 1566, elle le fit restaurer dans le goût de la Renaissance entre 1585 et 1587. Deux ans plus tard, Catherine de Medicis mourrait (le 5 janvier 1589) et le château était assiegé par les royalistes qui étaient pris dans la tourmente des guerres de religion.

 Il sera de nouveau pris par les ligueurs en 1594. Entretemps, le château servit de prison éphemère pour la reine Margot qui y fut retenue en novembre 1587. Ayant comploté contre sa mère et ses frères, elle fut ensuite amenée au château d'Usson où elle vécut pendant 18 années. Libérée en 1605, elle finit ses jours à Paris où elle mourut en 1615. Faisant partie intégrante de la couronne de France après la mort de la reine Margot, le château fut réclamé par Jean-Louis de Rochechouart, baron de Chandenier (1582-1638) qui se prétendait héritier du domaine par sa femme. Il obtint gain de cause en 1617 et put ainsi récupérer le domaine. En 1633, le château, comme la plupart des places fortes du royaume, fut en partie démantelé sur ordre du cardinal Richelieu. Relativement peu endommagé, il fut seulement privé du haut de certaines tours. Dans la même décennie (en 1637). le parc fut ceinturé d'une muraille. François, marquis de Chandeniers (mort en 1696), fils de Jean-Louis, fut à son tour propriétaire du château, mais il dû s'en défaire en 1668 au profit du maréchal de France, Victor-Maurice comte de Broglie (1647-1727). Celui-ci l'acquit grâce au créancier de François qui lui réclamait de très grosses sommes d'argent. Resté dans la famille de Broglie jusqu'en 1790, le château fut récuperé après la révolution par les soeurs de Saint-Vincent de Paul qui l'habitèrent jusqu'au début du XXème siècle. Laissé quasiment à l'abandon pendant plus de quatre-vingt ans, le château est de nos jours parfaitement restauré et meublé.




Posé en surplomb de la vallée de Monne, le château est installé sur un rocher basaltique lui servant de défense naturelle. Autrefois entouré d'un système défensif des plus avancés, le château ne conserve plus de cette époque que la base d'une grosse tour circulaire et quelques vestiges d'un mur en pierre courant le long de l'aile Ouest. Encadrées par trois énormes tours, les façades forment plus ou moins une figure en U s'organisant autour d'une cour intérieure. Au Nord-Est de cette cour, s'élève une tour circulaire placée en saillie. Surmontée de créneaux s'appuyant sur un cordon larmier, elle est couverte d'une terrasse dallée et possède de belles gargouilles permettant à l'eau de s'écouler loin des façades.
Dans le prolongement de cette tour, se dresse l'aile droite du château. Refait en grande partie au XVème siècle, ce côté est percé de fenêtres et dispose de petites ouvertures en forme de créneaux placées sous la pente du toit.
A l'autre extrêmité de cette aile, on retrouve une autre tour de plan circulaire percée de meurtrières. Elle aussi surmontée de créneaux et couverte d'une terrasse dallée de pierres, elle est la seule, cependant, à etre munie de machicoulis. En retrait de ceux-ci sont placés des corbeaux reposant sur des linteaux en formes d'arcs en anse de paniers.
La façade Ouest, donnant sur le parc, est précédée par un pont qui enjambe le fossé. De taille imposante, cette façade est coupée en deux par une tour carrée reposant sur une base talutée. De chaque côté de cette tour, les façades sont percées de grandes fenêtres et disposent de courtines supportant un chemin de ronde crênelé. Du côté droit, la plupart de ces créneaux furent bouchés.
A l'autre bout de cette façade, on retrouve une tour qui se trouve être la plus grosse de toutes. Egalement de plan circulaire, elle est dépourvue de créneaux et de machicoulis et se termine par un cordon saillant. Sa base est percée d'un trou permettant le passage d'une bouche à feu




Les façades, qui se déployent autour de la cour intérieure, sont munies de tourelles d'escalier placées dans les angles. Ces tourelles, de plan octogonal, sont percées de petite fenêtres et s'ouvrent par des portes surmontées de blasons armoriés. La façade principale, en pierre de lave et mortié, est percée de grandes fenêtres de style Renaissance. Surmontée d'une toiture fortement pentue, elle est épaulé dans les angles par deux ailes de même nature. Celle de gauche à perdu sa toiture et ne conserve donc que ses deux premiers étages.

A l'intérieur du château, le côté sud du rez-de-chaussée est en partie occupé par une grande salle couverte d'un plafond à la française et équipée d'une cheminée monumentale. A l'étage, les nombreuses pièces consacrées à la vie privée sont remarquablement restaurées. La chambre de Catherine de Médicis, avec son beau mobilier et sa voûte sur croisée d'ogive, occupe la tour sud-est. Celle consacrée à la reine Margot est couverte d'une voûte d'arêtes et dispose d'une cheminée du XVème siècle. La visite des charpentes du logis principal en carène de bateau du XVème siècle complète la visite de ce lieu chargé d'histoire.