MONTFERRAND (63)
Eglise Notre-Dame-de-Prospérité
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En voyant ce superbe édifice gothique, on oublie trop souvent que les habitants de Montferrand durent se contenter d'une modeste chapelle castrale pendant près de deux siècles. Construite au tout début du XIIème siècle par le comte Guillaume VI et brûlée en 1126 par les armées du roi Louis VI le Gros, cette chapelle comtale fût remontée peu de temps après. Utilisée comme église paroissiale jusqu'à la fin du XIIIème siècle, ce petit monument accueillait la plupart des fidèles. Ceux-ci, en ces temps troublés, n'osaient pas aller à l'église Saint-Robert qui se trouvait en dehors des remparts de la ville. Aprés la rachat de la cité par le roi Philippe IV le Bel en 1292, les habitants demandèrent l'autorisation de construire une nouvelle église de dimension plus importante. Commencée en 1304, la construction de l'édifice progresse assez rapidement tout au long du XIVème siècle grâce à l'argent des consuls qui investissent beaucoup dans le projet. A la fin du XIVème siècle, le chevet est terminé, les deux premières travées sont finies et la toiture est posée (en 1382). La réalisation de nouveaux remparts de protection obligèrent la suspension des travaux durant toute la première moitié du XVème siècle par faute de moyens financiers suffisant. Laissé à l'abandon, le chantier ne put reprendre qu'après la fin de la guerre de cent ans. S'occupant des trois dernières travées et de la façade flamboyante, les maîtres d'oeuvres bâtirent vers 1450 cet ensemble d'une grande homogénéité architecturale.
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Ayant pu compter sur la générosité des habitants et sur le bailli royal Estevenot de Thalouresse du Saulmont, les architectes et maçons édifièrent en son honneur la chapelle Sainte-Catherine (en 1456). La majeure partie de l'édifice ayant été terminé au milieu du XVème siècle, il ne restait plus qu'a élever les deux tours de la façade principale. Commencée vers 1470, cette dernière partie du chantier se prolongea jusqu'en 1566, date à laquelle la balustrade de la tour nord fût gravée. Entre temps, le monument avait été doté d'un portail flamboyant et d'une grande rose par Pierre Montoloys (entre 1496 et 1517). Peu de temps après, il fût consacré (1527) et la cloche de la tour nord fût posée (1547). Ayant reçu de nombreuses pièces de mobilier et des boiseries au cours des XVIème, XVIème et XVIIIème siècle, l'église Notre-Dame perdit un grand nombre de ces chefs-d'oeuvres au cours des troubles révolutionnaires. En plus de ces destructions, on détruisit la tour Sud de l'édifice (la tour nord ne fût sauvée que grâce à son horloge qui fût jugée utile par les révolutionnaires). Comme un peu partout en France, le XIXème siècle fût celui des restaurations et des réparations. Classé monument historique en 1842, l'édifice est doté de très beaux vitraux réalisés par Thévenot entre 1853 et 1863. Dotant la voûte de fresques en 1874, les peintres restaurèrent ce travail en 1997.
Inserrée au milieu des maisons et s'élevant bien au-dessus de la rue Kléber, la façade occidentale de style gothique flamboyant se compose de deux tours encadrant un portail et une grande rose. Installés au milieu de contreforts saillants, ces deux éléments fûrent réalisés par Pierre Montoloys dans le premier quart du XVIème siècle. D'aspect élancé, le portail possède une riche décoration en lave de Volvic et en Arcose de Royat pour la statue du trumeau. Cette statue réalisée en 1920 est une copie figurant Notre-Dame-de-Prospérité. Les statues des piedroits ayant malheureusement disparu, on doit se contenter de la décoration des daies et des petits arcs trêflés placés dans l'évidement des piédroits. Au-dessus sont disposés de beaux pinacles très ouvragés aux motifs feuillus. Le trumeau est lui aussi surmonté d'un pinacle reprenant approximativement les mêmes motifs que les pinacles lattéraux. Séparé en deux par le pinacle central, le tympan est entouré par un jeu de voussures elles-mêmes terminées par un galbe feuillus admirablement travaillé.
Installée entre la balustarde et le portail, la corniche est sculptée de raisins et de feuilles de vigne. Juste au-dessus donc, prend place la balustrade flamboyante qui est ornée de végétaux finement ciselés (pampres de vigne). De part et d'autre de la balustrade prennent place deux superbes gargouilles que l'on retrouve également au niveau de la balustrade supérieure. Entre ces deux balustrades, se déploie la grande rose qui s'inscrit dans un carré de cinq mètres sur cinq. Placée en retrait par rapport au portail, celle-ci est composée de huit rayons ornés de courbes et de contrecourbes et se divisant en deux pour former des pétales en forme d'ogive.
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Disposées de part et d'autre du portail, les deux tours sont identiques jusqu'au niveau de la partie tronquée de la tour sud qui a perdu son couronnement durant la révolution. Surplombant la façade occidentale, la tour gauche est munie de puissants contreforts qui viennent renforcer chaque face. La partie supérieure de ces faces est percée de longues baies aux arcs surbaissés. Au-dessus court une balustrade flamboyante ornée de motifs sphériques entremêlés. Le sommet de chaque contrefort est pour sa part orné de gargouilles zoomorphes figurant entre autre un lévrier et un griffon. Placé au sommet de la tour, le campanile ou "tour des heures" dispose de trois cloches datant de 1567 et d'une horloge entourée par de beaux motifs en relief. Sur ces sculptures figurent une Vierge byzantine, les armes de France et de Montferrand, une croix grec et un vigneron taillant sa vigne.
Fermant l'ensemble de l'édifice, le chevet qui date du dernier quart du XIVème siècle est lui aussi conçu en lave de Volvic. S'élevant à plus de dix-huit mètres, celui-ci est rythmé par de puissants contreforts qui permettent cette élèvation. Ces contreforts sont terminés par des batières que viennent décorer des gargouilles zoomorphes et humaines. La base de ces contreforts est munie d'arcs qui permettent la circulation sur la terrasse du toit. Se répétant au niveau du choeur et sur le chevet, la corniche est décorée d'une frise formée de feuilles et de crochet.
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De dimension harmonieuse (47,50 m de long, 18,30 m de large et 18 m de haut), l'édifice est composé d'une large nef et d'un choeur que viennent terminer quinze chapelles. Longue de cinq travée et voûtée sur croisée d'ogive, la nef est éclairée par de hautes fenêtres à doubles lancettes. L'ensemble est soutenu par des faisceaux de trois colonnettes engagées dans les murs. La décoration visible au niveau des clefs de voûte et des chapiteaux est constituée de couronnes de feuillages, de vignes de rose et, pour certains, de chapiteaux de tête. Eclairées par de petites fenêtres, les chapelle latéralles s'ouvrent sur la nef par des arcs brisés. Les deux chapelles occidentales qui portent le nom de Fonds Baptismaux et de Sainte-Catherine (également appelée du bailli en l'honneur d'Estevenot de Thalouresse) sont bien différentes des autres chapelles. Installées dans la partie basse des tours et fermées par des portes, ces chapelles de style flamboyant ont une décoration bien plus fournie que le reste des chapelles. La porte qui s'ouvre sur la chapelle Sainte-Catherine est décorée d'un tympan présentant deux lions affrontés surmonté d'un heaume. Le tout est décoré d'une frise de feuille, de trilobes et d'oiseaux affrontés. L'intérieur de cette chapelle est voûté d'ogives et est éclairé par deux baies aux lancettes trêflées. La décoration y est riche et recherchée. Outre la clef de voûte qui porte un blason, on trouve des festons feuillagés et trilobés au niveau des ogives redentées.Terminant le tout, le choeur de plan pentagonal est surmonté par une voûte en arceau qui retombe sur de fines colonnettes. L'ensemble est décoré par une jolie clef de voûte et par des fenêtres à trois ou deux lancettes.
Malgré les nombreuses destructions qu'eut à déplorer l'église durant la période révolutionnaire, l'intérieur conserve tout de même de belles pièces tant du point de vue de la statuaire que de la peinture et du mobilier. Au milieu d'éléments réalisés au XIXème siècle, on découvre de belles pièces allant du XIIIème au XVIIIème siècle. Parmi celles-ci, il est primordial de citer la Vierge de Majesté en pierre blanche du début du XIIIème siècle. Viennent ensuite un Christ en croix du XVème siècle (bois peint), un Crucifix du XVème siècle, le retable des fonds baptismaux du XVIème siècle figurant la Pentecôte, le lutrin en buis de la fin du XVIème siècle, les stalles du XVIIème siècle, de nombreux tableaux du XVIIIème siècle et les vitraux réalisés par Thévenot à la fin du XIXème siècle.