BILLOM (63)
Eglise collégiale Saint-Cerneuf
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C'est probablement sur les ruines d'un temple gallo-romain que fût constuite une première église au cours du VIIIeme siècle. C'est à partir de cette époque que la communauté religieuse fût placée sous le patronnage de Saint-Serenus qui avait été décapité vers 307 à Sirmium en Serbie sous l'empereur Dioclétien. Les reliques de celui-ci avaient été ramenées en Auvergne par Saint-Hilaire de Poitiers au milieu du IVeme siècle. C'est sur les restes de cet édifice carolingien que fût construite une église romane entre le milieu du XIeme siècle et le début du XIIeme siècle. De ce monument nous sont parvenus la crypte ainsi que la partie basse du chevet et le déambulatoire. Vers 1230-1240, la communauté de chanoines qui vivait dans ces lieux décida de reconstruire une bonne partie de l'édifice dans le style gothique. Pour se faire, ils détruisirent l'ensemble de la nef romane et remontèrent la partie supérieure du chevet en le voûtant d'ogives. L'ensemble des travaux fût probablement achevé peu après 1250. Vers 1314, l'archevêque de Rouen, Gilles Aycelin, qui était originaire de Chateldon, fit ériger la chapelle du Rosaire sur le flanc sud de l'église. Cette chapelle, qui servit de sépulture à lui et à sa famille, fût décorée de fresques dans le premier tiers du XIIIeme siècle. Au cours du XVIeme siècle, on ajouta la chapelle du Précieux-Sang que l'on plaça dans le prolongement du choeur. Suite aux destructions survenues durant la révolution (notamment le clocher), des travaux de restauration fûrent entrepris à partir de 1859 sous la direction de Mallay. Ce programme de rénovation pris fin au milieu du XXeme siècle.




Construit au XIIIeme siècle, le mur occidental de la collégiale se présente sous la forme d'une façade ramassée sur elle même et percée de trois portails. Au-dessus des portails latéraux sont placés des baies toutes simples. Le portail central est remarquable pour son archivolte terminée par des redents dentés probablement inspirés de l'art roman poitevin. De fines colonnes monolithes surmontées par des chapiteaux à crochet encadrent la porte d'entrée qui a conservé ses peintures d'origine.
Le chevet gothique s'appuie sur des fondations romanes. Il parait bien massif lorsqu'on le compare avec des chevets de la même époque comme celui de l'église d'Aigueperse. Les moines de Billom ont en effet privilegié l'emploi de gros contreforts plutôt que les arcs-boutants. De ce fait, l'ensemble a certes gagné en stabilité mais a perdu en élégance. En bref, la structure d'ensemble est constituée de chapelles rayonnantes percées de fenêtres et encadrées par de puissants contreforts. Au-dessus de ces chapelles prend place l'abside qui est le seul élément véritablement gothique. Les fenêtres qui le percent sont ornées de fines lancettes et terminées par de petits trilobes.




Lorsque l'on pénètre dans la collégiale, l'impression qui se dégage est celle d'un édifice mal raccordé entre la nef entièrement gothique et le choeur reprenant les bases de construction romane. Si l'on ajoute à cela les chapelles qui vinrent se greffer sur le choeur et le transept à partir du XIVeme siècle, on obtient un intérieur plutôt confus. La nef, constituée de quatres travées, est épaulée par des collatéraux excessivement fins qui viennent stabiliser la poussée de la voûte d'ogive. Celle-ci est supportée par un ensemble de colonnes surmontées par des chapiteaux à crochet et à feuillage bien dans l'esprit gothique. L'éclairage de la nef provient de fenêtres hautes placées sur les murs des bas-côtés.
En arrivant au niveau du transept, on s'aperçoit que celui-ci est peu saillant et que les architectes dûrent donner une forme de trapèze au carré pour que celui-ci se raccorde à l'ancien choeur roman. En effet, ce choeur, qui fût couvert d'une voûte d'ogives vers 1250, reprend au niveau inférieur la structure romane. Celle-ci est constituée de colonnes surmontées de quelques chapiteaux historiés qui viennent soutenir un triforium aveugle orné de fines colonnettes. Du déambulatoire roman qui entoure le choeur, nous avons accès aux différentes chapelles qui fûrent ajoutées à partir du XIVeme siècle. En progressant depuis le flanc gauche, nous arrivons tout d'abord à la chapelle Saint-Pierre du XVIIIeme siècle, puis la chapelle du Précieux-Sang du XVIeme siècle située dans le prolongement du choeur et, enfin, la chapelle du Rosaire édifiée pour Gilles Aycelin vers 1314.




L'ensemble de la décoration qui orne la collégiale Saint-Cerneuf vaut surtout pour les fresques murales qui se trouvent sur les murs de la chapelle du Rosaire. On retrouve en effet sur celle-ci un ensemble de peintures du début du XIVeme siècle représentant des scènes de l'ancien et du nouveau testament. Sur la voûte figurent les Evangélistes et les anges musiciens. Sur les différents murs sont peints la Synagogue et l'Eglise ainsi que l'Ascension du Christ et l'Assomption de la Vierge. L'ensemble de ce programme pictural fût probablement dirigé par Gilles Aycelin en personne car l'artiste qui travailla ici su admirablemnent bien utiliser l'espace et l'architecture de la chapelle funéraire des Aycelin. En plus d'être recouverte d'une superbe fresque gothique, cette chapelle abrite le tombeau du commanditaire surmonté d'un enfeu flamboyant et une Vierge de la nativité de style roman représentée couchée.
Le déambulatoire est orné de quelques chapiteaux historiés dont l'un représente l'histoire de Zachée. Le choeur est entouré de très belles grilles en fer forgé datant du XIIeme siècle. Pour finir, la première chapelle du collatéral gauche abrite une magnifique Mise au Tombeau du XVeme siècle. On y retrouve un groupe de neuf personnages encadrant le Christ déposé dans son tombeau.




En descendant les escaliers situés sur le côté droit du choeur, on accède à une crypte romane de la fin du XIeme siècle. Celle-ci, d'une grande sobriété, suit le plan du choeur roman primitif. On y découvre un chevet dont les voûtes d'arêtes sont soutenues par un ensemble de six grosses piles et par quatres colonnes plus petites. L'ensemble est entouré par quatre chapelles rayonnantes dont l'une d'elles possède des fresques du XIIIeme siècle.