Le PUY-EN-VELAY (43)
Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe
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Le rocher d'Aiguilhe, sur lequel est posé la chapelle, est un ancien piton volcanique d'une hauteur de 80 mètres environ. Cette ancienne cheminée que l'on désigne souvent sous le nom de "dike" n'est en faite que le culot central de celle-ci (l'écorce qui l'entourait ayant disparu sous l'effet de l'érosion). Les premières traces d'occupation du site remontent à l'époque celtique, période à laquelle ceux-ci édifièrent un dolmen en son sommet. Durant l'occupation de la Gaule par Rome, ceux-ci construisirent un temple dedié au culte de Mercure. La construction de l'édifice que nous voyons aujourd'hui remonte à la deuxième moitié du Xème siècle. C'est l'évêque Godescalk qui décida de bâtir cette chapelle à son retour de pélerinage à Saint-Jacques de Compostelle en 951 (il est d'ailleurs le premier à avoir entrepris ce voyage jusqu'au tombeau du saint). Cependant, il fallut attendre 962 pour que ce même évêque (aidé dans sa tâche par Truannus, doyen de l'église du Puy) pose la première pierre de ce monument. Une dizaine d'années plus tard, sous l'évêque Guy d'Anjou, les travaux de la chapelle se terminaient. Au XIIème siècle, des travaux furent entrepris afin de contenir les pélerins. On décida d'ajouter un narthex et une petite nef épousant la forme du rocher pour que les fidèles aient plus de place. En 1245, la foudre s'abattue sur le campanile de la chapelle et le détruisit entièrement. Durant plusieurs centaines d'années et, plus particulièrement au cours du XVème siècle, la chapelle Saint-Michel fût un lieu de pélerinage extrêmement fréquenté. Au milieu du XIXème siècle, des travaux de restauration fûrent entrepris sous la direction de Prosper Mérimée. On confia à l'architecte Mallay la construction du campanile actuel alors que le débadigeonnage de l'intérieur permettait de redécouvrir les fresques exécutées entre le Xème et le XIIème siècle. En 1955, les travaux de réfection de l'autel permirent la découverte de deux reliques du Xème siècle.



Il faut gravir les 268 marches du rocher Saint-Michel pour arriver devant la façade de la chapelle du même nom. Cette façade est ornée d'un magnifique portail roman de style Velave datant de la fin du Xème siècle dans lequel on voit très bien les influences de l'art arabe. En effet, la porte d'entrée est surmontée d'un arc trilobé décoré de rinceaux arabisants. Au milieu de ces rinceaux sont sculptés des petits personnages et des oiseaux. En dessous, dans chacunes des niches du trilobe, on reconnait des scènes tirées de l'Apocalypse de Saint-Jean et de la Genèse. Aux deux extrémitées sont représentées huits vieillards offrants des coupes de parfum dans leurs mains voilées. Au centre, on découvre "l'Agneau de Dieu" encadré par deux anges. L'archivolte est elle aussi ornée d'un rinceau sortant de la bouche de deux hommes. Sur le linteau sont sculptées deux sirènes ayant chacune une queue différente (une queue de serpent pour celle de gauche et une queue de poisson pour celle de droite). La décoration de la porte est completée par deux colonnes surmontées de chapiteaux. Sur ces chapiteaux sont représentés des aigles (à gauche) et deux diacres tenant des lis (à droite). La partie supérieure de la façade est décorée d'une frise découpée en cinq niches dans lesquelles prennent place (de gauche à droite) : saint Michel, saint Pierre, le Christ bénissant, la Vierge et saint Jean. Les arcs constituant les niches reposent sur des mains ouvertes et sur les symboles de l'alpha et de l'oméga. La décoration de la façade est completée par une mosaïque de losanges rouges, noirs et blancs.
En contournant la chapelle par le coté gauche et en longeant la corniche, on arrive devant le clocher construit au milieu du XIXème siècle. En effet, l'ancien clocher de la chapelle ayant été detruit en 1245, on confia la réalisation de ce campanile dans le style néo-roman à l'architecte Aymon Gilbert Mallay. Avec ces quatres étages percés par des baies cintrées à colonnettes et ornées par des claveaux bichromiques, cette tour rappelle les constructions du XIIème siècle.




Etant donné que le plan intérieur de l'édifice suit la forme du rocher, il n'est pas facile de définir avec exactitude les différentes parties de la chapelle. Malgré tout, il apparait deux élements bien distincts qui sont le vestibule et la nef. Ce vestibule, qui ressemble d'ailleurs plus à un petit nartex, est surmonté par une tribune. Au-delà de cet ensemble, on atteint la nef de forme elliptique que termine un déambulatoire. Elle est composée de neuf travées et est surmontée d'une voûte reposant sur des colonnes aux chapiteaux décorés d'animaux (chiens, aigles, lièvres...) et de motifs végétaux (feuilles d'acanthe, volutes, rinceaux...). En léger décalage par rapport à la nef se trouve le sanctuaire primitif datant du Xème siècle. Il est composé de deux petites absidioles qui forment le chevet du monument. En 1850, on redécouvrit des fresques du Xème siècle après le nettoyage des voûtes de ses absidioles. Sur ces peintures sont représentées le Christ en gloire, le soleil et la lune, deux séraphins encadrant Saint-Michel, les symboles des évangélistes dans un style se rapprochant de l'art carolingien. Au XIIème siècle, on ajouta une autre série de peintures sur les retombées de la voûte. Sur ces dernières y figurent les douze apôtres avec des anges et des saints ainsi qu'une belle représentation du Ciel et de l'Enfer.
Les restaurations entreprises en 1955 permirent la découverte de reliques datant du Xème siècle. Ces pièces, qui sont assez proches de l'art hispanique, sont entreposées dans le trésor de la chapelle. On y découvre, entre autre, une croix pectorale en métal orné d'une Vierge à l'Enfant byzantine ainsi qu'un Christ reliquaire à "colobion", un petit coffre carré en ivoire cerclé de cuivre et deux coupelles de bronze sur lesquelles figurent des cercles concentriques.