LAVAUDIEU (43)
Abbaye Saint-André



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Ce petit village bâtit au bord de la Senouire s'appelait autrefois Saint-André-de-Comps. C'est dans ces lieux que Robert de Turlande (fondateur de la Chaise-Dieu) vint y fonder une abbaye en 1057. Ce lieu fût rapidement transformé en prieuré pour des moniales. La légende raconte que, en 1077, Saint-Robert autorisa la jeune comtesse Judith d'Auvergne (fille du comte Robert II) à s'y installer afin que celle-ci s'éloigne de son ancien fiancé le comte Simon de Crépy devenu moine à la Chaise-Dieu. La réputation de l'abbaye ayant pris de l'importance et les bénédictines qui y vivaient ayant reçu de nombreuses donations, l'église fût rapidement complétée d'un cloître et d'un réfectoire au XIIème siècle. Vers le milieu du XIVème siècle, la prieure Louise de Vissac commanda à des artistes d'influence italienne une série de fresques pour orner la nef et la voûte de l'église. C'est en 1487, sous l'influence du roi Charles VIII, que le petit village de Saint-André-de-Comps pris le nom de Lavaudieu ou Vallée de Dieu (Vallis Dei en latin). Suite au concordat de 1516, la règle de Saint-Benoit, dans laquelle vivaient les bénédictines de Lavaudieu, s'assoupit très nettement. Parmi les privilèges que les moniales reçurent figure celui de pouvoir vivre dans des habitations indépendantes. Jusqu'à la révolution, une communauté de religieuses vécu dans ces lieux. Elles en furent chassées vers 1791, date à laquelle le clocher fût tronqué alors que les bâtiments furent vendus comme bâtiments agricoles aux habitants de la commune. Durant plus d'un siècle, l'abbaye tomba dans l'abandon, subissant les outrages du temps mais également des pillages de toutes sortes (notamment celui du cloître). Il fallu attendre les années 60 pour que les bâtiments soient classés et pour que l'on redécouvre les fresques de la nef et de la voûte sous d'épais badigeons. Durant la même période, on confia la création de nouveaux chapiteaux pour la galerie sud du cloître au sculpteur Philippe Kaepplin.


Implanté au bord des eaux de la Senouire, l'église Saint-André se présente extérieurement comme un édifice roman du XIIème siècle ayant un chevet à abside unique et un clocher tronqué. Ce clocher de plan octogonal est constitué de deux étages de baies en plein cintre. Sa forme particulière est dû aux révolutionnaires qui commencèrent à le détruire en 1791.
Lorsque l'on pénètre à l'intérieur, on découvre une église à nef unique composée de trois travées surmontées d'une voûte en vaisseau brisé datant du XIVème siècle. Le collatéral nord que l'on voit aujourd'hui fût probablement rajouté vers le milieu du XVème siècle. Des arcades de décharges en plein cintre soulagent le mur sud de la nef. Une coupole sur trompes soutenue par quatre arcades brisées à double rouleaux couvre la croisée du transept. Le choeur, qui fût reconstruit au XVIIème siècle avec des matériaux anciens, dispose d'une abside unique dépourvue de chapelles latérales.La décoration qui orne la croisée est constituée de chapiteaux sculptés de façon campagnarde. On représenta sur ceux-ci Adam et Eve avec le serpent s'enroulant autour de l'arbre et également deux dragons entrelacés sur un autre chapiteau. On conserve également à l'intérieur de l'édifice la copie en frêne d'une tête de Christ du XIIème siècle (l'original se trouve au musée du Louvre à Paris).



L'ensemble des fresques qui ornent l'intérieur de l'église fûrent redécouvertes lors de fouilles entreprises vers 1965. Cette incroyable série de peintures murales fût commandée vers 1348 par Louise de Vissac, prieure de l'abbaye. Les artistes, qui travaillèrent dans la nef, sur la voûte et sur l'arc triomphale séparant la nef et le choeur, fûrent probablement en contact avec des peintres italiens. Cette influence est visible dans les couleurs et traitements des sujets religieux qu'ils représentèrent. Parmi les divers thèmes abordés, on retrouve des scènes fréquemment abordées au moyen-âge comme la crucifixion de saint André, les quatres évangélistes, la Vierge endormie, l'annonciation, Flagellation, le Portement de croix, la Crucifixion, la Descente de croix ou la Mise au tombeau. On y trouve également des sujets bien plus rares comme cette curieuse Mort Noire montrant une jeune femme portant un voile noir sur le visage et lançant des flèches sur un groupe de personnes atteint par la peste. Dans l'un des bas côtés fût déposé, voici quelque temps, une fresque du XVIème siècle d'influence flamande évoquant le martyre de sainte Ursule.
L'autre grande oeuvre picturale que l'on peut découvrir en visitant cette abbaye se trouve sur le mur est du réfectoire. Cette fresque, d'environ 6 m de haut sur 5 de large date, du XIIème siècle. Elle représente, dans la partie supérieure, le Christ entouré par les symboles des quatres évangelistes. La partie inférieure nous montre le triomphe de Marie et une Vierge en majesté encadrée par deux anges et par les douzes apôtres. L'art byzantin est très présent dans cette composition qui fût peut-être exécutée d'après une peinture copte du IVème siècle.


Ce cloître, avec celui de la cathédrale du Puy-en-Velay, est le seul à encore subsister dans toute l'Auvergne. Malgré les nombreux pillages survenus durant le siècle suivant la révolution, on a l'impression, en arrivant dans l'une de ses galeries, de le voir tel qu'il était au XIIème siècle. Les travaux de restauration entrepris dans les années 60 et le travail du sculpteur Philippe Kaepplin ont permis de redonner ces lettres de noblesse à ce monument. Constitué de quatre galeries inégales, ce cloître de plan rectangulaire est surmonté d'un étage couvert d'une charpente en chêne. Construite en pierre rouge, les arcades cintrées sont soutenues par des piles simples ou géminées. Ses colonnes, qui furent refaites aux XIVème siècle dans la galerie ouest, font preuve d'une grande originalité dans les autres galeries. On y trouve des fûts décorés d'entrelacs, de cannelures, de fausses cassures, de motifs incrustés...
Le mur de la galerie Est est percé de trois baies de tailles inégales au-delà desquelles se trouvait l'ancienne salle capitulaire aujourd'hui disparue.
La galerie sud communique quant à elle avec l'ancien réfectoire de l'abbaye. Ce bâtiment est couvert d'une voûte en berceau brisé. Comme nous l'avons vu plus haut, il est décoré d'une superbe fresque du XIIème siècle mais aussi par quatre arcatures au niveau du mur nord, le tout étant éclairé par trois fenêtres percées dans le mur sud.



La majeure partie des chapiteaux du cloître datent du XIIème siècle. Néanmoins, ceux de la galerie sud durent être refait par l'auvergnat Philippe Kaepplin. Traités dans un style assez rustique, ces chapiteaux abordent des thèmes aussi différents que l'avarice, la luxure (femme aux serpents), un ange bénissant d'une grande naïveté, une sirène à deux queues, un lion aux yeux globuleux, un cheval galopant dans une épaisse végétation et un ensemble de chapiteaux à motifs floraux, végétaux et géométriques.