TOURNEMIRE (15)
Château d'Anjony
Les terres sur lesquelles ce château fût construit appartenaient à la famille des Tournemire depuis le Xème siècle. Ils avaient fait d'ailleurs construire un superbe château vers 1351. C'est vers cette époque là qu'arrivèrent les Johani sur les terres de Tournemire. En 1360, cette riche famille qui avait prospéré grâce à la vente de peau fût anoblie par le roi Charles V et prit le nom d'Anjony. Dès lors, les Anjony allaient servir les rois de France et leur être fidele jusqu'a la fin de l'ancien régime. C'est vers 1437, alors que la guerre de Cent Ans touche à sa fin, que le roi Charles VII donna l'autorisation à Louis II d'Anjony de construire ce château-donjon. A partir de cette date, un conflit opposant les Tournemire et les Anjony allait ensanglanter la région pendant plus de deux siècles. Le point culminant de cette haine se situe en 1523 avec le meurtre de Claude d'Anjony par ces rivaux. Malgré toutes ces querelles, le château continu d'être embellit. En effet, vers 1560, un homme comme Michel Ier d'Anjony et sa femme Germaine de Foix décorent l'une des salles du château avec des peintures ayant pour thème les Neuf Preux. La détente entre les deux familles rivales s'amorce vers 1590 et sera finalement concrétisée avec le mariage en 1643 de Michel II d'Anjony avec Gabrielle de Pesteils, héritière des Tournemire. Au XVIIIème siècle, Claude d'Anjony décida de faire construire pour son confort une nouvelle aile avec les ruines du vieux château de Tournemire. Durant la tourmente révolutionnaire, les Anjony durent s'exiler à l'étranger. De nos jours, leurs descendants sont toujours propriétaires du château.
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Situé à l'extrémité d'un promontoire dominant la vallée de la Doire, le château d'Anjony se caractérise par sa forme (un donjon carré encadré par quatre tours d'angle) et par la pierre utilisée (du basalte rougeâtre). C'est probablement l'une des plus remarquables réalisations architecturales de toute l'Auvergne. Dominant la vallée d'une quarantaine de mètres, les tours de ce donjon sont munies de chemins de ronde et de machicoulis qui parcourent l'ensemble de la construction. Une toiture en lauze et en forme de poivrière couvre l'ensemble des tours du château.
L'agencement de l'intérieur est des plus simple puisqu'il n'y a qu'une pièce par étage. Le premier étage dispose d'une grande cheminée sur laquelle est inscrite la devise suivante : "Fides hic semper", ce qui signifie : "La foi ici et toujours". Certains éléments de mobilier sont également très intéressants : des tapisseries des Flandres et d'Aubusson, un lit à baldaquin et un fauteuil "à système". Dans l'une des tours fût aménagée la chapelle. On trouve dans celle-ci des fresques du XVIème siècle représentant des scènes de la vie du Christ. Au deuxième étage se trouve la salle des Preux. Ces murs sont ornés d'une série de peintures du XVIème siècle représentant les héros de la Bible ( David, Josué et Judas Macchabé), ceux de l'antiquité ( Alexandre, César et Hector) et ceux de la chrétienté (Arthur, Charlemagne et Geodefroy de Bouillon). De chaque côté de la cheminée, on découvre des fresques grandeur nature de Michel Ier d'Anjony et de sa femme Germaine de Foix. Le troisième étage, que l'on appelle également la salle d'audience, est surmonté d'une voûte d'ogive et dispose d'une série de tapisseries des Flandres ornées de scènes de chasse.