MOULINS (03)
Cathédrale Notre-Dame
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C'est en 1468 que débutèrent les travaux de construction de la collégiale Notre-Dame pour le duc Jean II de Bourbon. C'est son frère Pierre II et sa femme Anne de Beaujeu qui virent l'achèvement de l'édifice en 1507. Au cours de cette période, les architectes et les mâçons (qui sont malheureusement restés anonymes) bâtirent le choeur ainsi que le déambulatoire et le chevet dans le style gothique flamboyant. Durant cette campagne de travaux, les ducs firent appel à des verriers pour orner de vitraux les chapelles du déambulatoire et au " Maître de Moulins" pour réaliser le triptyque se trouvant dans la salle du Trésor. Du début du XVIème siècle jusqu'au début du XIXème, la collégiale subira très peu de modification. Il faut attendre 1822 pour que l'ancienne collégiale soit érigée en cathédrale sous l'égide de Monseigneur Antoine de Pons. De 1854 à 1888, son successeur, Monseigneur de Dreux-Brézé, entreprit la construction d'une nef et d'un porche surmonté de deux tours édifiées dans le style néo-gothique par les architectes Jean-Baptiste Lassus et Eugène Millet.



La construction du monument s'est déroulée en deux campagnes de travaux que l'on voit trés nettement lorsque l'on fait le tour de la cathédrale. Le chevet, qui est fait avec du grés rose de Coulandon, date de la fin du XVème siècle. C'est une superbe réalisation de style gothique flamboyant ayant des arcs-boutants surmontés de pinacles, une balustrade courant tout autour du chevet et des fenêtres à remplages. La nef et la façade principale fûrent conçues à la fin du XIXème siècle avec du calcaire de Chauvigny et de la lave de Volvic par les architectes Lassus et Millet. Ceux-ci bâtirent cet ensemble dans un style néo-gothique à la fois proche de l'esprit médieval et de l'académisme typique du XIXème siècle. En arrivant sur la Place de la Déportation, on découvre les deux tours coiffées de flèches atteignant une hauteur de 95 mètres. En dessous, la façade est composée d'un grand portail auquel sont adjoint deux portes lattérales. Sur l'étage intermédiaire sont disposées une rosace et des arcatures aveugles.



Conçue dans le style néo-gothique, la nef ne présente guère d'intérêt. Elle est là uniquement pour donner de la place et pour mettre en avant le choeur et ses nombreuses décorations. Lorsque l'on atteint l'extrêmité de la nef, on découvre un très beau choeur gothique aux arcades surmontées de verrières que termine une voûte flamboyante. Autour du choeur est deployée une galerie qui donne l'impression d'avoir un déambulatoire de forme rectangulaire. Cette galerie, qui est entièrement voutée d'ogives, repose sur des piliers disposés en quinconce par rapport à ceux du choeur. En faisant le tour de ce déambulatoire, on découvre, dans un angle, un bel escalier tournant d'époque gothique, une Mise au tombeau en pierre polychrome datant du XVIème siècle ainsi qu'une Vierge noire datant du XIIème siècle.



L'ensemble des vitraux de la cathédrale se trouve dans les chapelles du déambulatoire et dans le choeur. Dans celui-ci, on peut voir en effet deux vitraux évoquant la vie de la Vierge ou les couleurs bleu et rouge dominent l'ensemble de la composition. En faisant le tour par le côté droit du déambulatoire, on accède aux différentes chapelles et aux vitraux :
- vitrail du martyre de Sainte-Barbe orné d'une Sainte Trinité et du Calvaire du cardinal de Bourbon.
- vitrail de l'Eglise militante datant du XVIème siècle et retracant les Croisades. Il évoque le départ de Godefroi de Bouillon ainsi qu'une bataille contre les musulmans et la remise de la couronne d'épine à Saint-Louis.
- vitrail de l'Eglise souffrante et triomphante datant du début du XVIème siècle et figurant le calvaire des martyrs.
- vitrail de l'Arbre de Jessé (ou vitrail de l'Immaculée Conception). Il date du XVIème siècle et est consacré à la genéalogie de la Vierge. On peut également y voir le roi David sur son cheval.
- vitrail de la Vierge au trône datant de la fin du XVème siècle. L'enfant Jésus est assis sur les genoux de sa mère et tourne les pages d'un livre. Autour d'eux se trouvent les donateurs Pierre Petitdé et sa femme Barbe Cadier.
- vitrail du Crucifiement ou du "Cardinal de Bourbon" datant de la fin du XVème siècle et montrant le sang du Christ récolté par des anges.
- vitrail de Sainte-Catherine ou des Ducs. Il date de 1498 et représente les membres de la famille ducale. De gauche à droite, on découvre Pierre II et sa femme Anne de Beaujeu, leur fille Suzanne, sainte Catherine, le duc Jean II et le cardinal de Bourbon accompagné de Charlemagne. La partie supérieure du vitrail est consacrée à la vie de sainte Catherine d'Alexandrie.
- vitrail de Sainte Elisabeth de Hongrie datant du XVIème siècle.
- vitrail du Christ en Croix datant de la fin du XVème siècle.
- vitrail de Sainte Marie Madeleine datant du XVIème siècle.




C'est dans la salle du Trésor que l'on peut admirer le triptyque du Maître de Moulins. Il s'agit probablement de l'une des plus belles oeuvres du gothique finissant en France. Nous ne possédons malheureusement peu d'information sur son auteur. C'est pourquoi des doutes subsistent toujours quant à savoir s'il s'agit de Jean Perréal, Jean Hey ou Jean Prévost. Laissons aux experts le soin de trancher en faveur de l'un ou de l'autre. Une chose est sûre, c'est que ce fameux "Jehan le Peintre" nous a laissé, à l'extrême fin du XVème siècle, un chef-d'oeuvre comparable au retable d'Issenheim de Martin Grünewald (Colmar, musée d'Unterlinden) et au Couronnement de la Vierge d'Enguerrand Quarton (Villeneuve-lès-Avignon, musée municipal). Cette oeuvre est composée de trois panneaux peints sur bois. Sur celui de gauche, à genoux, le duc Pierre II de Bourbon (commanditaire du tableau) est vêtu de son grand costume ducale et porte sa couronne sur sa tête. Derrière lui se tient saint Pierre tenant des clefs dans sa main droite et portant une mitre. Sur le panneau droit, sont représentés en prière la duchesse Anne de Beaujeu et sa fille Suzanne. Derrière elles se trouve sainte Anne qui d'un geste d'une grande douceur les présente à la Vierge. Le panneau central nous montre la Vierge regardant l'enfant Jésus qu'elle tient dans ses bras. Elle trône majestueusement sur un fauteuil finement ouvragé. A ces pieds et derrière elle, on retrouve la lune et le soleil. Ses vêtements se composent d'une robe bleue et d'un manteau rouge retenu par une tresse en or. Tout autour de la Vierge apparaissent douze anges qui, pour certains, soutiennent une couronne faite d'or et de pierrerie ou qui déploient une banderole en dessous des pieds de la Sainte. Une Annonciation est peinte en grisaille au revers des deux panneaux latéraux.
Outre le fait de conserver le cèlèbre triptyque, la salle du trésor renferme un autre triptyque attribué à Joos Van Cleve (peintre flamand du XVIème siècle), un Christ reliquaire en ivoire datant du XVIIème siècle et le triptyque des Aubery datant du XVIIème siècle.