EBREUIL (03)
Eglise Saint-Léger



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C'est vers la fin du IXème siècle que des moines bénédictins venant de Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres vinrent s'établir dans le village d'Ebreuil afin de fuir les invasions Danoises qui ravageaient la région. Ils emportaient avec eux les reliques de Saint-Maixent et de Saint-Léger. Au tout début du Xème siècle (en 906 exactement), ils fondérent un monastère pour prier et abriter les reliques des Saints. Comme pour bien d'autre églises romane de la région, la construction de l'église Saint-Léger s'est faite sur plusieurs siècles et les travaux débutèrent au début du XIeme siècle avec l'élévation de la nef et d'un bas-coté. La deuxième campagne de travaux vit l'édification du clocher-porche au début du XIIème siècle, sur le modèle de celui de Saint-Benoît-sur-Loire. A la même période (vers 1125), de superbes fresques vinrent orner la tribune de l'église. Du choeur roman, il ne nous reste plus rien. C'est pour cela que, vers la fin du XIIème siècle, celui-ci fût refait dans le style gothique. Durant les XVème et XVIème siècles, de nouvelles fresques fûrent ajoutées sur les piliers roman de la nef. Au XVIIIème siècle, l'ordre des Charitains, nouveaux porpriétaires des lieux, remplacèrent les anciens bâtiments monastiques par un hôpital. De nombreuses restaurations fûrent entreprises durant le XIXème siècle. Toutes ne fûrent pas du meilleur goût, notamment la façade Ouest qui fût bien trop restauré.



Accollé au reste de l'édifice, le clocher-porche de l'église Saint-Léger s'inspire de celui fait par l'abbé Gauzelin pour Saint-Benoît-sur-Loire. Il est composé de trois étages. L'étage inferieur, qui supporte le reste de la tour, dispose de piliers massifs permettant le maintien de l'ensemble. L'étage intermediaire est orné d'arcatures aveugles et de meurtrières laissant penser qu'il pu avoir un rôle défensif. L'étage supérieur est quant à lui décoré de baies ajourées. La toîture et le clocheton sont des rajouts contemporains. L'interieur du bâtiment s'ouvre par un portail orné d'un tympan représentant le Christ en majesté encadré par deux saints (ce bas-relief fût redécouvert en 1860 sous le dallage de l'église). Sur les portes, sont conservées des pentures romanes posées sur des peaux marouflées sur le bois et peintes en rouge. Pour tirer les vanteaux de la porte, deux anneaux à tête de lion en bronze furent intégrés à l'ensemble. Sur l'un d'eux, on peut lire l'inscription latine suivante :
ADEST PORTA PER QUAM JUSTI REDEUNT AD PATRIAM
(Voici la porte par laquelle les justes reviennent à la patrie).
Les façades latérales sont trés différentes. Au nord, elles restent bien dans l'esprit roman avec ses fenêtres hautes et ses modillons simples alors qu'à l'ouest, les restaurations du XIXème siècle dénaturent un peu l'ensemble. Le transept est lui aussi d'époque romane alors que le chevet fût refait dans le style gothique primitif. Celui-ci est constitué de cinq chapelles rayonnantes décorées de chapiteaux à palmettes et de fenêtres à voussures.



En pénétrant à l'interieur, on découvre une nef de type basilical couverte d'une charpente en bois. De grandes et trés hautes arcades supportent celle-ci. Des fenêtres hautes viennent éclairer l'ensemble. Les bas-côtés, qui n'ont pas de voûtes d'arêtes, sont compartimentés par des pilastres et des doubleaux. Le transept est recouvert d'une coupole de croisée contrebutée par des voûtes en demi-berceau. En 1794, le clocher octogonal qui dominait la croisée fût démolit. L'entrée de l'abside est composée de deux piles carolingiennes et de pilastres gothiques supportant un arc triomphal. Le choeur est entouré d'un déambulatoire ayant cinq chapelles rayonnantes. La tribune est décorée de peintures murales datant de 1125. Ces peintures se présentent sous trois niveaux différents. Le niveau inférieur est orné de draperies en trompe-l'oeil alors que le niveau supérieur est décoré d'animaux fantastiques et de scènes de chasse. La partie centrale est illustrée de scènes historiées. Celles-ci représentent des personnages comme saint Austremoine ou le pape Clément. A coté de ceux-ci se trouvent le martyre de saint Pancrace que l'on décapite sous les yeux indifférents de saint Benoît. Le mur gauche retrace le martyre de sainte Valérie. On la voit suppliciée par son bourreau puis aux cotés de saint Martial. Le mur nord est consacré aux archanges. On y découvre Michel terrassant le dragon, Gabriel faisant l'annonce à Marie et Raphaël guérissant le père de Tobie. D'autres fresques datant du XVème siècle ornent les piliers de la nef. Sur l'un d'eux est peint saint Georges terrassant le dragon et un Christ en croix. Sur le pilier suivant, on peut voir un groupe de quatre saints (Léger, Antoine, Laurent et Blaise). Pour ce qui est du mobilier, la pièce la plus importante est la châsse de saint Léger en bois qui est recouverte de cuivre argenté datant du XVIème siècle. Cette châsse est posée sur une colonne en pierre se trouvant derrière le maître-autel.